À l’occasion de l’accrochage entre les Nationalistes de Benedetti et l’Action française, nous vous proposons une petite histoire de l’AF contemporaine à travers ses multiples scissions, histoire d’y comprendre quelque chose…

La semaine dernière, différents mouvements nationalistes se sont réunis à Paris pour leur traditionnel hommage à Jeanne d’Arc : mais cette année a été marquée par une violente altercation entre d’une part Yvan Benedetti et ce qui reste des Nationalistes (c’est-à-dire pas grand-chose) et l’Action française.

Le service d’ordre du mouvement royaliste a en effet viré manu militari Benedetti de la place des Pyramides, qui, le visage en sang, a dû partir sous protection policière, et sous les huées des militants de l’AF qui scandaient « les nazis à Berlin ! ». Mais sur les réseaux sociaux, on n’y comprend rien…

Un œil inattentif pourrait n’y rien comprendre…

Cet épisode, qui promet de belles tensions au sein de l’extrême droite radicale dans les prochains mois, a pu paraître étonnant à celles et ceux qui pensaient que l’Action française et les Nationalistes entretenaient une certaine proximité, puisqu’on les avait vus ensemble lors de précédentes cérémonies en hommage à la Pucelle d’Orléans. C’est qu’en réalité, sous le même nom d’Action française, ce sont deux entités bien différentes qui se tirent la bourre, une branche officielle et une autre « dissidente » : mais il ne s’agit là que d’un énième épisode de lutte fratricide dans l’histoire de l’Action française.

Les militant·es de l’Action française (AF) se plaisent en effet à présenter leur mouvement comme le plus ancien des groupes nationalistes en activité, avec une date de naissance située à la fin du XIXe siècle : or s’il est exact que c’est en 1898 que l’Action française est fondée par Henri Vaugeois et Charles Maurras, en pleine affaire Dreyfus, il est faux de prétendre que c’est le même mouvement qui a traversé les siècles, tant l’Action française a connu d’éclatement et de scissions, abandonnant même son nom d’origine à l’occasion, sans parler de sa disparition en 1944, du fait de sa compromission avec le régime de Vichy.

Un héritage assumé par certains, comme les anciens de l’œuvre française.

Ainsi, pour s’en tenir à la période contemporaine (pour l’histoire de l’AF avant-guerre, on vous renvoie à la lecture de cette brochure), on peut rappeler rapidement que, même s’il existait dès 1945 une publication clandestine, c’est en 1955 que le mouvement refait surface sous le nom de Restauration nationale (RN). Pour une étude approfondie de ce mouvement, nous vous conseillons la lecture de l’ouvrage de Jean-Paul Gautier.
La RN se présente subtilement comme un « centre de propagande royaliste d’action française », et son journal Aspects de la France, apparu en 1947, reprend tout aussi subtilement les initiales de l’ancien quotidien royaliste. À la même période, première dissidence : le journaliste Pierre Boutang crée en réaction à Aspects de la France une autre revue, La Nation française, qui voulait prolonger l’héritage de Maurras mais en rompant d’une part avec l’antisémitisme et d’autre part en devenant un "carrefour des droites" : mais l’initiative fait long feu et prendra fin en 1967.

Pendant la guerre d’indépendance algérienne, le milieu royaliste à nouveau se déchire : la RN, elle, prend clairement position contre l’indépendance, soutenant l’OAS sans pour autant s’engager formellement à ses côtés.
En 1968, afin d’assurer une formation politique à ses militants, la RN se dote d’un nouvel outil, Les Dossiers d’Action française, sous la direction d’Hilaire Augier de Crémiers. les royalistes de la RN, farouchement opposés à De Gaulle, se battent néanmoins dans la rue contre les gauchistes, et (re)construisent à cette occasion une mythologie, qui accompagne l’AF dans son implantation en milieu universitaire dans les années 1970, avec en particulier la création du mensuel Action française Université.

Au cours de cette décennie, la Restauration nationale connait deux scissions importantes : la première débouche sur la création d’une Fédération des unions royalistes de France (FURF) qui cherche à se rapprocher du Front national qui vient de se créé (la FURF finira au début des année 1980 par retourner au sein de la RN) ; la seconde avec la création en 1971 de la Nouvelle Action française, qui défend l’idée d’une monarchie constitutionnelle, très éloignée du « nationalisme intégral » de Maurras, et qui en tant que telle rompt avec son origine extrême droitière (elle devient la Nouvelle Action royaliste en 1978). De son côté, Bernard Lugan et d’autres militants de l’AF créent un Comité Royaliste pour un Ordre Nouveau (CRON), qui fera, entre autres, le service d’ordre du fameux meeting d’Ordre Nouveau au Palais des Sports en mars 1971, avant de disparaître l’année suivante.

Les CRON, ça ose tout, c’est même à ça qu’on les reconnait (son logo et un aperçu du SO du meeting de 1971).

Après cette période mouvementée, la Restauration nationale reprend du poil de la bête dans les années 1980, en particulier dans les facs, avec une nouvelle génération de militants, dite « Génération Maurras » (c’était déjà la mode des « Génération ceci cela » à l’époque) et la création d’un syndicat étudiant, Renouveau universitaire.

Elle commence également, à cette période, à organiser chaque année au mois de mai un « cortège de Jeanne d’Arc », reprenant une vieille tradition des Camelot du Roi du début du siècle dernier, qu’elle a maintenu chaque année depuis lors. L’Action française s’implante aussi dans les lycées, et publie une revue en direction des plus jeunes, Insurrection.

En 1992, Aspects de la France devient L’Action française hebdo, toujours sous la direction de Pierre Pujo (fils de Maurice Pujo, le cofondateur avec Henri Vaugeois du premier comité d’Action française en 1898 et avec Maurras de la Revue d’action française en 1899), qui préside également à l’époque le comité directeur de la RN. La Restauration nationale comporte à cette époque de nombreuses structures, en particulier de formation, qui diffuse la pensée de Maurras à la lettre.

Pierre Pujo

Mais à nouveau, le mouvement va connaitre une scission en 1998 avec d’un côté Pierre Pujo et de l’autre Hilaire de Crémiers, qui avait dans les années 1970 rejoint la Ligue de la contre-réforme catholique (CRC), avant de retrouver la RN en 1993, où il est rapidement nommé délégué général par Pujo… qui a dû ensuite s’en mordre les doigts.

Hilaire de Crémiers

Le conflit entre les deux hommes portait officiellement sur le journal, mais trahissait surtout une grave crise de confiance, Pujo soupçonnant Crémiers de vouloir prendre le contrôle du mouvement. Tout commence en octobre 1997 avec une lettre collective à Pierre Pujo de membres du Comité directeur de l’Action française lui demandant de déposer le bilan de la société PRIEP, éditrice du journal. Pujo refuse, propose un accord à Hilaire de Crémiers qui refuse à son tour et déménage les dossiers de la RN à son domicile, déclare en préfecture l’association « Restauration nationale » (celle datant de 1955 ne l’était pas) et intente un procès en référé au directeur de L’Action Française Hebdo pour lui interdire l’usage du nom et du sigle. Hilaire de Crémiers les conserve donc, et il exclut Pujo du conseil d’administration de la RN en août 1998 : Pujo crée alors un nouveau mouvement, le Centre Royaliste d’Action française (CRAF), d’abord sous la direction de Nicolas Kayanakis [1].
Après avoir tenté de relancer ce qui n’est qu’une coquille vide en organisant un congrès « fondateur » la même année, Crémieux va progressivement faire évoluer la RN au début des années 2000 pour le réduire à un organe de presse : Restauration nationale, le bulletin du mouvement, devient un magazine destiné à un public plus large, dont le directeur de publication est bien entendu Crémieux lui-même, magazine qui deviendra en 2002 Politique magazine, dont la société éditrice est gérée là encore par Crémieux, mais c’est une autre histoire…

De son côté, Pierre Pujo fait toujours des pieds et des mains pour récupérer le nom et le logo de la RN. En décembre 2000, Hilaire de Crémieux propose à Pujo une transaction par l’intermédiaire de l’avocat et militant de l’AF Elie Hatem : un accord semble trouvé, mais finalement Crémieux refuse, fait saisir plusieurs milliers d’euros sur le compte personnel de Pujo, et l’histoire continue à traîner de tribunaux en tribunaux…

Pierre Pujo et Elie Hatem

Du côté du CRAF, dont Pujo reprend la direction en 2001, à l’aube du nouveau millénaire, on tente aussi de se relancer : le journal L’Action française hebdo devient L’Action française 2000, mais le mouvement subit à nouveau une scission à la mort de Pujo en 2007, qui cause des dissensions internes.

En "une" de L’Action française 2000, les signataires de l’hommage à Pujo, dont Stéphane Bern.

Son successeur désigné, Thibaut "Pierre" de Bernis, est contesté par les rédacteurs du journal. Le mouvement est alors au plus mal : bien qu’elle essaye de séduire la jeunesse en relançant en 2006 l’Action française lycéenne et la revue Insurection, en 2008, la branche étudiante de l’AF ne compte plus qu’une trentaine de personnes, et annonce qu’elle pourrait bien abandonner la traditionnelle cérémonie d’hommage à Jeanne d’Arc…

L’AF dans la rue en 2008 : on sent un grand vide…

La rupture se produit à l’occasion d’un Camp Maxime Real Del Sarte (CMRDS), qui assure une semaine de formation chaque été depuis 1953 : Olivier Perceval, qui a pris la tête de la CRAF en 2008, s’embrouille avec l’équipe du camp, dont Thibaud de Bernis et Sébastien Trejo, qui n’est pas encore connu sous le nom de Monsieur K [2].
En 2010, tandis que le CRAF organise son propre « Camp Maxime Real del Sarte », apparait ainsi officiellement le mouvement Dextra, qui organise également un camps d’été.
Dextra est présidée par Matthieu "Devaux" Ceillier, qui un an plus tard intègre le bureau national du mouvement de jeunesse du Mouvement pour la France de Philippe de Villiers, et qu’on reverra en 2016 à la marche des Identitaires.

Mathieu Devaux
Mathieu Devaux, de Dextra

Pendant la mobilisation contre le mariage gay, Dextra se rapproche du Printemps français de Béatrice Bourges pour organiser en 2013 une « université d’été pour tous » au même endroit que celles de Dextra, au château de Lignières, dans le Cher. Aujourd’hui, Dextra existe toujours, mais se contente d’organiser quelques conférences confidentielles et d’animer une émission sur Meridien Zéro.

Dextra est aujourd’hui à peu près aussi vivant que le monsieur sur la photo…

Le CRAF va alors opérer un rapprochement avec ce qui reste de la Restauration nationale, en particulier à l’occasion du défilé pour Jeanne d’Arc de 2010 : Olivier Perceval, secrétaire du CRAF, et Bernard Pascaud, directeur de la Restauration nationale, font ainsi une déclaration commune, sans qu’une fusion soit pour autant déjà envisagée.

En haut, de gauche à droite : Olivier Perceval et Bernard Pascaud. En bas, une poignée de main entre Hilaire de Crémiers et Stéphane Blanchonnet à Paris en mai 2010.

Pour l’anecdote, mais cela a évidemment rajouté à la confusion ambiante, l’inénarrable Rodolphe Crevelle, qui avait déjà commis Le Lys Noir, torchon autoproclamé « anarcho-royaliste », lance à la fin de l’année 2013 un journal baptisé « Action Française Universitaire » dont le premier numéro avait pour titre « Tuons tous les gauchistes », avant que Crevelle ne se ravise pour le changer en « Tuons tous les gauchismes ».

AFU

Aucun lien évidemment avec l’Action française étudiante, mais Crevelle avait réussi à faire parler de lui sur le dos de l’AF, et ça lui a suffi.
En 2014, succédant à Olivier Perceval, François Bel-Ker prend la tête de l’Action française : ce militant de longue date de l’AF avait lancé en 2002 un cercle Proudhon Auvergne qui publiait une revue, Alternative, dont le premier numéro est sorti en janvier 2005, proposant un « manifeste pour la monarchie communautaire ».

Stéphane Blanchonnet et François Bel-Ker.

Avec Bel-Ker, une nouvelle ère s’ouvre au sein de la mouvance Action française, à la fois en renouant avec l’activisme amorcé lors des mobilisations homophobes ou anti-cathophobie de 2012-2013, et en tentant de faire sortir l’AF de son isolement.
Concernant le Front national, si aujourd’hui Marine Le Pen considère les militants de l’Action française comme « des idiots », elle n’avait pas tant de scrupules à s’exprimer dans les colonnes de L’Action française 2000 lorsqu’elle était candidate pour la présidence du Front national en 2010…

Par ailleurs, des militants de l’AF ont fait la campagne de Stéphane Ravier à Marseille pour les élections municipales de 2014. Rappelons qu’à cette époque le FN est toujours dans sa période « Rassemblement Bleu Marine », et engagé dans une stratégie d’ouverture en direction d’autres formations nationalistes à condition qu’elles présentent bien. C’est dans ce contexte que Bel-Ker organise en janvier 2015 un « Carrefour royal » à Paris auquel participe des candidats RBM : certains, comme Elie Hatem, sont des vieux militants royalistes, mais d’autres, comme Aymeric Chauprade ou Paul-Marie Coûteaux, sont plutôt dans les milieux dits « souverainistes » républicains.
En mai 2016, l’AF organise un colloque à Paris intitulé « Je suis royaliste, pourquoi pas vous ? ».

Marion Maréchal au colloque de l’AF en 2016.

Parmi les invités, Marion Maréchal-Le Pen, alors députée FN et chouchoute des médias, et Robert Ménard (en duplex), élu maire de Béziers deux ans auparavant avec le soutien du FN (Emmanuel Macron aurait aussi été invité, mais il aurait décliné car il était occupé à célébrer Jeanne d’Arc à Orléans). Le colloque est un succès : non seulement il rassemble environ 500 personnes, mais il donne une grande visibilité au mouvement, ainsi qu’une certaine crédibilité qui lui manquait cruellement jusqu’à lors.
Pourtant, l’AF ne rompt pas pour autant à ce moment-là avec des positions radicales, qu’il s’agisse d’antisémitisme (Alain Soral est invité à l’université d’été de l’AF en 2013, participe à des conférences comme à Bordeaux en 2016), de la théorie du « Grand remplacement » ou d’islamophobie.

Quand les jeunes de l’AF recevaient Alain Soral…

En janvier 2014, les militants de l’AF, dissimulés dans les rangs du Printemps français, sont très actifs lors de la manifestation « Jour de colère », jouant même les émeutiers en carton sur la fin, ou encore lors de l’occupation de l’église Sainte-Rita en août 2016.
L’Action française est ainsi devenue au milieu des années 2010 une organisation militante nationaliste de jeunesse avec laquelle il faut compter : multipliant les actions coups de poing, disposant d’importants moyens financiers qui lui ont permis, en plus de ses lieux historiques, d’ouvrir des locaux comme à Marseille, organisant des manifestations régulières et proposant une formation doctrinale plutôt solide, elle propose une offre politique plus complète que des formations comme Génération identitaire ou le Bastion social à l’époque.

En 2017, le bureau politique est composé du président du mouvement François Bel-Ker, du président du comité directeur Stéphane Blanchonnet [3] et de François Marcilhac et Philippe Mesnard, responsables du journal.
Mais l’ombre de la division continue à planer sur l’Action française. Ainsi, en 2018, le mouvement, va à nouveau se déchirer entre deux visions de l’héritage maurrassien.
En effet, à partir de 2017, la tension monte autour d’Elie Hatem. Ce dernier avait déjà semé le trouble en se présentant sous les couleurs du Rassemblement Bleu Marine et en se rapprochant des catholiques intégristes de Civitas. Mais surtout, au nom de l’Action française, il prévoit de participer en janvier 2018 à une réunion regroupant une brochette d’antisémites notoires : Hervé Ryssen, Alain Soral, Jérôme Bourbon et Yvan Bendetti.

Hatem n’a jamais caché par le passé sa proximité avec ce dernier, avec qui on pouvait déjà le voir lors de la manif pour Jeanne d’Arc en 2015.

Yvan Bendetti, Elie Hatem et Alexandre Gabriac place des Pyramides, mai 2015.

Finalement, Hatem annule sa venue, mais aussitôt, Bel-Ker et ses amis dénoncent le "provocateur" Hatem.
Par ailleurs, si le mouvement a repris de la vigueur, l’AF est contrainte d’arrêter la publication de son hebdomadaire L’Action Française 2000 pour des raisons financières. Quelques mois auparavant, dans la continuité de sa stratégie d’ouverture, l’AF avait organisé un colloque sur le thème : « refonder le bien commun », avec comme intervenants non seulement l’équipe dirigeante du mouvement, mais aussi Guillaume de Prémare d’Ichtus, Jacques de Guillebon (qui est sur le point de lancer sa revue L’Incorrect) ou encore Charles de Meyer, président de SOS Chrétiens d’Orient.

C’est justement en reprenant ce nom de « Bien commun » (notion que Maurras avait théorisé pour le confondre avec celui de la nation) qu’une nouvelle revue est alors lancée en novembre 2018.

Centré sur la personnalité de Charles Maurras, dont le nom avait été retiré des listes des commémorations nationales, ce premier numéro contient également un long entretien avec le spécialiste de l’extrême droite Jean-Yves Camus, qui est non seulement juif mais aussi un national-républicain revendiqué.

Ce dernier, à qui on demande son avis sur l’Action française, y déclare : « Il me semble que l’antisémitisme n’est plus la pierre angulaire du mouvement. […] Si des maurrassiens continuent dans cette voie, outre qu’il vont contre l’enseignement de l’Église, il n’ont rien compris au "politique d’abord" valable pour notre temps. »
Nous lui laissons la responsabilité d’une telle analyse : car c’est un certain Charles Maurras qui, dans l’Action française du 4 janvier 1911, écrivait : «  il sera temps, un de ces jours, de montrer combien c’est en fonction du programme antisémite que tout le reste du programme nationaliste et monarchiste pourra passer de la conception à l’exécution. » On ne voit donc pas bien, dans ces conditions, ce qu’il pourrait rester de la pensée maurrassienne une fois débarrassée de sa colonne vertébrale antisémite.
Quoiqu’il en soit, pour certains anciens de l’AF, c’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase… Marie-Gabrielle Pujo (la sœur de Pierre), Michel Fromentoux, rédacteur historique de L’Action française 2000, Élie Hatem et André Charles, en s’appuyant sur l’association Amitié et Action Française - Provence, lance une Action française dissidente, estimant que les "jeunes" du CRAF ont abandonné "l’essentiel de notre doctrine", en particulier le nationalisme intégral".
Dans un communiqué de novembre 2018, intitulé "les nouveaux charlatans", le CRAF de Bel-Ker et Blanchonnet précise à propos de l’association Amitié et action française et le site L’Action française animé par la vieille garde que "faisant la promotion du Maréchal Pétain, de Robert Faurisson ou de Jean-Marie Le Pen, [ils] n’ont strictement rien à voir avec notre mouvement". Elie Hatem profite de l’occasion pour dénoncer la revue Bien Commun qui se présenterait de façon impropre comme celle de l’Action française, et dénonce pêle-mêle l’abandon des harkis et la conversion de la nouvelle génération au "national-sionisme", autant de trahisons selon lui à l’héritage de Pierre Pujo…
C’est ainsi que l’on a désormais deux formations se revendiquant de l’Action française, ce qui permet de s’amuser au jeu des 7 erreurs : en haut, le logo et le slogan de l’AF "dissidente" ou "historique", et en bas ceux de l’AF "officielle".

On le voit, cette nouvelle scission, la dernière en date, est à la fois une querelle entre deux générations, et deux options stratégiques différentes. L’Action française "canal historique" a contre elle l’âge de ses cadres, qui ne lui assure pas une grande longévité et un positionnement difficile à assumer, mais elle peut mettre à son crédit une certaine continuité et une légitimité historique. La "nouvelle " Action française a pour elle la jeunesse de ses militants, un activisme dynamique et séduisant, et un royalisme "light" qui lui permet bien des rapprochements avec le milieu néoconservateur, mais dont la rigueur doctrinale est sujette à caution.

Sticker anti-AF à commander sur notre site (merci à l’AFA71 pour la vidéo !)

En ce qui nous concerne, il n’y a pas à choisir : l’une et l’autre doivent être empêcher de nuire. Que ce soit l’antisémitisme moisi des "vieux" ou les actions d’intimidation des "jeunes", il n’y a que de bonnes raisons de s’opposer à eux. Face à l’Action française, antifascisme intégral !

La Horde

Notes

[1Secrétaire général des étudiants d’Action française de 1951 à 1954 et membre de l’OAS, Kayanakis participe aux préparatifs du putsch d’Alger, est arrêté en 1962 et condamné à dix ans de prison. Libéré en 1966, il reste membre du Directoire du CNR-OAS jusqu’à son autodissolution en 1968, et participe au début des années 1970 à la création de la Nouvelle Action française.

[2Sébastien Trejo a collaboré avec le site Nouvelles de France ou Radio Courtoisie. Ancien secrétaire-général adjoint du Centre Royaliste d’Action Française, il a aussi été directeur de cabinet du maire UMP de Senlis Jean-Christophe Canter et candidat pour le Centre National des Indépendants et Paysans (petit parti de droite qui n’hésite pas à faire des appels du pied au FN) aux élections européennes en 2009. Son activité militant consiste principalement à animer l’émission Fréquence Orages d’Acier diffusée par Méridien Zéro (avatar du néofasciste Mouvement d’action sociale) ainsi que Les dossiers de Monsieur K. sur ERFM de Soral

[3Blanchonnet avait rejoint la Restauration nationale dans les années 1990, écrit dans les différentes publications du mouvement puis dans celles du CRAF, et se fait connaitre en 2017 avec un livre sorti, le "Petit dictionnaire maurrassien »