Le blog du collectif antifasciste Pavé bûlant a publié il y a quelques jours un dossier très complet sur l’Action française, non seulement du point de vue local, mais aussi plus largement sur l’histoire et l’idéologie du plus ancien mouvement d’extrême droite français encore en activité. Extraits.

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Avant toute chose, établissons un fait terminologique : L’AF, quoiqu’elle en dise, se complaît dans les marais de l’extrême-droite comme un poisson dans l’eau. Elle ne cesse pourtant de psalmodier qu’elle n’a rien à voir avec l’extrême-droite, étiquette qui, pour reprendre sa ligne de défense, ne devrait s’appliquer qu’à des partis républicains ; or l’AF n’est pas républicaine – CQFD ! En réalité, cet argument est purement rhétorique. Il suffit d’ailleurs de gratter le vernis de l’AF pour se rendre compte que son slogan « ni droite ni gauche – monarchie sociale » est un bel enfumage : ses potes, les organisations qu’elle soutient, ses références idéologiques, bref tout le milieu dans lequel elle barbote est marqué à l’extrême-droite.

Pour ne prendre que l’exemple de la section bordelaise, son chef actuel, Charles « Horace », se trouve être un grand admirateur de la Nouvelle Droite, matrice intellectuelle de l’extrême-droite française dans les années 70 (on ne compte plus sur sa page facebook les références élogieuses à Alain de Benoist, fondateur de la revue Elements , ou encore à Dominique Venner, co-fondateur du GRECE).

La section elle-même fréquente tout ce que Bordeaux peut compter de fachos : elle va pouvoir aussi bien manifester aux côtés des jeunes néo-nazis du Kommando Kastor Krew [1] , qu’inviter à son week-end de formation de septembre dernier des identitaires comme le petit Kevin Burdigala (ancien responsable jeunes du Bloc Identitaire de bourgogne), ou bien encore co-organiser des événements avec les soraliens d’Egalité&Réconciliation (notamment une conférence le 1er juin 2013 à l’athénée municipal en présence d’Alain Soral, de Marion Sigaut et de Stéphane Blanchonnet, président du comité directeur de l’AF).

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Leur refus sacré de se voir associé.e.s à l’extrême-droite s’accommode aussi d’un soutien affiché au Front National. Il faut dire que l’un de leurs responsables nationaux, Elie Hatem, a carrément été candidat FN aux municipales de 2014 dans le 4ème arrondissement de Paris ! Localement, et malgré leurs dénégations répétées, les militant.e.s bordelais.e.s de l’AF nourrissent aussi des relations de franche camaraderie avec les jeunes frontistes. Le camelot Antoine (aka « Brousse Royco ») s’empressera ainsi de s’encanailler avec l’extrême-droite lors de l’inauguration en février dernier du bar FNJ « Le menhir ».

Maintenant, si même après ces quelques éléments de preuve contextuelle, nos camelot.e.s persistent à rejeter ce qualificatif d’extrême-droite, il est possible, documents à l’appui, de leur en proposer d’autres.

L’AF, matrice du fascisme français

Certes, la doctrine de Charles Maurras, théoricien en chef de l’Action Française, ne peut être confondue avec l’idéologie fasciste : même si elles ont en commun un délire nationaliste et un culte du chef (le roi d’un côté, le duce de l’autre), il faut reconnaître que le catholicisme maurrassien, son appel à la restauration de l’Ancien Régime et son rejet de la Révolution s’opposent à ce que l’on pourrait appeler le « fascisme pur », qui accompagne le combat nationaliste d’un appel à détruire l’ordre ancien en mobilisant une fibre révolutionnaire.

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Mais si l’on se plonge dans l’histoire de l’AF en tant qu’organisation, on peut alors affirmer, comme l’ont fait les historiens Pierre Milza ou Zeev Sternhell, qu’elle a constitué une véritable matrice du fascisme à la française. Ainsi, tout au long de son histoire, différentes tendances se sont développées au sein de l’organisation royaliste, dont l’une, essentielle, et portée par Georges Valois, a proposé une synthèse entre le nationalisme maurrassien et la pensée proudhonienne : or c’est précisément cette synthèse qui offrira un cadre théorique aux courants français du fascisme de l’entre-deux guerres.
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