Un article du site Information Anti Autoritaire Toulouse et Alentours et signé par le collectif Bagarre. Cet article résume l’intervention le 17 juin du collectif Bagarre lors des journées d’hommage à Clément Méric, auxquelles la Horde a participé.

Alors que l’extrême-droite toulousaine s’attaque aux lectures drags, que fleurissent les chaînes Youtube masculiniste réactionnaire, que les planning familiaux se font attaqués un peu partout en France, il nous semblait important de rappeler l’importance de l’engagement féministe face à l’extrême droite et l’implication des féministes au sein des milieux antifascistes.

Le 17 juin le collectif Bagarre était invité à prendre la parole lors de la journée en hommage à Clément Méric organisé par Kartier Libre à Canals (82). Notre intervention portait sur les liens entre antifascisme et féminisme.

Alors que l’extrême droite toulousaine s’attaque aux lectures drags, que fleurissent les chaînes Youtube masculiniste réactionnaire, que des les planning familiaux se font attaqués un peu partout en France, il nous semblait important de rappeler l’importance de l’engagement féministe face à l’extrême droite et l’implication des féministes au sein des milieux antifascistes.

Notre intervention portait sur 2 questionnements :

Pourquoi l’antifascisme ne peut pas se passer des idées féministes, et pourquoi en tant que féministes notre position est primordiale dans la lutte contre l’extrême droite ?

Vous pouvez trouver une brochure dans laquelle on a consigné cette intervention complète : https://linktr.ee/BagarreToulouse ou en téléchargement ci dessous.

Brochure du collectif Bagarre

En voici une version résumée :

A Toulouse, on constate (comme partout ailleurs) que l’extrême-droite de terrain se renouvelle avec un agenda politique qui vise, en plus des personnes racisées, les femmes et les personnes LGBT+. C’est pourquoi :
Le combat féministe n’est pas anecdotique dans la mobilisation antifasciste.
Toutes les idées fascistes, qu’elles se répandent d’une manière ou d’une autre, créent un climat social dangereux. Les discours de haine, très audibles dans la sphère médiatique et sur la scène politique, sont menaçants pour les avancées féministes (et donc pour la société dans son ensemble). C’est pourquoi les collectifs féministes comme Bagarre ont leur part à faire pour combattre la tendance fasciste.
La mobilisation n’est pas que sur le terrain, elle a aussi lieu dans les esprits (même si c’est moins sensas !)

Le cadre unitaire et la réponse féministe doivent être mis en œuvre dans le cadre de manifestations et sur le terrain bien évidemment, mais pas que ! A nos yeux, en plus des actions de terrain, c’est important d’analyser et d’empêcher les discours de plus en plus banalisés, de les débunker.

En plus de lutter contre la propagation de ces discours ouvertement misogynes et lgbtphobes, on lutte contre la réappropriation des luttes féministes par l’extrême-droite pour légitimer et banaliser leurs idées sexistes, racistes et xénophobes, lgbtphobes , etc...

La brochure propose des illustrations de cette réappropriation (extrême-droite et pinkwashing, idées des courants fémonationalistes et femellistes).

Quel enjeu pour le féminisme au sein des milieux antifascistes et quelle nécessité de créer un rapport de force au sein des espaces de luttes ?

Dans cette société patriarcale tout ce qui est de l’ordre du masculin a tendance à être survalorisé. Le milieu militant n’est pas exempt de cette construction et perpétue souvent des oppressions sexistes. Les luttes féministes sont souvent reléguées au 2nd plan car considérées comme moins importantes que la lutte des classes et/ou contre l’extrême-droite.

Siamo tutti antifascisti (mais surtout les mecs cishet).

Le devant de la scène des militante est souvent occupé par des hommes cishet, qui concentrent et conservent entre leurs mains les tâches considérées comme valorisantes et tout ce qui est de l’ordre du "spectaculaire" (animation de cortège, affrontemest violents, etc). Les tâches invisibles, et pourtant si centrales pour la lutte (cuisine, pancartes, ménage, care ...), sont, elles, souvent reléguées aux femmes et personnes LGBT+.

Ce virilisme latent nuit à tout le monde dans nos luttes.

Propulsée sur le devant de la scène médiatique depuis l’assassinat de Clément Méric, la figure de l’antifa fascine autant qu’elle rebute. Devenu épouvantail, les médias l’enferme dans une case réductrice de virilistes violents. Ce cliché, bien que servant à criminaliser nos luttes, attirent néanmoins dans nos milieux des profils qui s’y reconnaissent (mecs violents qui n’interrogent ni leurs privilèges ni les oppressions sexistes qu’ils perpétuent et entretiennent une complaisance pour les violences sexistes et sexuelles.) En revanche, elle peuvent rebuter dans les milieux féministes et queer et créer des espaces dans lesquels iels ne se sentent pas à l’aise ou légitimes.

C’est pourquoi il nous tient à cœur d’être présent en tant que collectif féministe dans les luttes antifascistes pour rappeler que l’antifascisme ne se résume pas à ce cliché.

A propos de la violence

Nous considérons la violence comme légitime et nécessaire à tout processus révolutionnaire, c’est à dire pour aboutir à une transformation radicale, et non pas une modification de la société.
D’ailleurs, on parlera plutôt d’autodéfense populaire que de violence. Notamment parce que le discours dominant qui renverraient les extrêmes dos-à-dos où toutes les violences se valent participe a banaliser l’extrême droite et ses crimes.

Toutes les violences ne se valent pas.
Les violences des femmes et personnes LGBT+ , surtout s’iels sont racisé.es, sont toujours criminalisées et/ou infantilisées. Nous le voyons dans nos milieux la colère féministe est souvent renvoyé à de « l’hystérie » et peu prise au sérieux. Certain.es camarades minorisé.es se retrouvent alors à sur-performer des attitudes virilistes pour se faire entendre.

Pour autant l’autodéfense est un outil, pas une fin en soi et il est toujours dérangeant de l’essentialiser au détriment des autres stratégies de lutte.

En conclusion

Lutter contre l’extrême droite ne peut se faire sans une compréhension globale de son fonctionnement et des rapports de domination qui l’accompagne.

Nous sommes pour une réappropriation de la violence par les camarades minorisés ainsi que une plus grande prise en compte des "tâches de l’ombre", que ce soit dans le fonctionnement de nos orgas, ou dans le cadre de la lutte.

Ça veut dire aussi prendre en compte et prendre en charge les VSS au sein même de nos milieux de lutte, en arrêtant la complaisance sous prétexte d’une pseudo-unité qui ne va que dans un sens.

Nous estimons qu’une révolution ne peut pas se faire si elle n’est pas féministe. La lutte contre l’extrême droite ne se fera pas sans nous !

Le collectif Bagarre

Source: Un article du site Information Anti Autoritaire Toulouse et Alentours