Charlie_fascisme

Texte diffusé par le Bloc antifasciste Nancy dimanche 11 janvier 2015 :

Les tueries de Charlie Hebdo et de la porte de Vincennes des 7 et 9 janvier sont une tragédie, incontestablement.

Ce qui importe maintenant, c’est de ne pas entrer dans le jeu de la récupération organisé actuellement par l’État et les politiciens, qui s’en servent pour entraîner la population vers des valeurs nationalistes et sécuritaires, sous couvert d’une soi-disant « unité nationale ». Ils portent une lourde responsabilité dans la situation actuelle. Il est compréhensible qu’après des siècles d’oppression, de capitalisme et de colonialisme ainsi que des décennies de propagande xénophobe et anti-musulmane, les obscurantismes religieux se développent.

Quelle que soit notre origine et notre culture, nous sommes tou·te·s humain·e·s. Nous sommes tou·te·s victimes du capitalisme, sauf les privilégié·e·s qui récupèrent tout pour maintenir leur pouvoir.

Nous appelons à lutter contre toutes les idéologies obscurantistes (religieuses comme politiques) qui nient la lutte des classes et la liberté des individu·e·s. Leur « unité nationale » est factice et attise les haines contre les étrangèr·e·s, les musulman·e·s et les juif·ve·s. Cette récupération ne sert qu’à mettre en place des lois encore plus libérales et liberticides, à diviser notre classe et nos luttes. Elle ne peut que renforcer la mise en place d’un régime autoritaire.

Leur défense des « valeurs républicaines » est hypocrite. Est-ce au nom de la liberté, de l’égalité et de la fraternité que le gouvernement français expulse chaque jour des sans-papiers ? Qu’il creuse les inégalités sociales en s’aplatissant devant le MEDEF ? Qu’il reproduit dans ses quartiers populaires une gestion policière héritée du colonialisme ? Qu’il envoie son armée à travers le monde pour protéger les intérêts économiques des multinationales aux dépens de populations entières ? Il n’y a de toute façon rien de mieux à attendre de l’État, quel qu’il soit.

Ces appels pressants à « l’unité nationale » sont tout autant répugnants que les discours de retour à l’ordre religieux favorisés par le contexte social : il n’y a pas deux camps, celui du fondamentalisme religieux ou celui de la République.

Nous appelons tou·te·s celles et ceux qui disent « être Charlie » à faire leurs les combats qui ont cimenté ce journal, à critiquer toutes les religions, le racisme, l’antisémitisme, l’injustice capitaliste, le lobby nucléaire et toutes les oppressions. Il reste plus que jamais à s’investir dans les luttes sociales, à la base, sans distinction de sexe, de genre, de race, de nationalité, de croyance ou de non-croyance religieuse.