Monter un groupe antifasciste (2) - traduction d’It’s Going Down

Nous avons publié hier un article traduit du site anarchiste américain It’s Going Down, en voici la suite :

Visibilité

Les autorités et les fascistes voudront approcher votre groupe, et vous devriez donc trancher prudemment la question de la visibilité publique avant de commencer. Nous déconseillons fortement aux groupes antifas d’utiliser le modèle contemporain de militantisme (public et ouvert) à cause du risque d’infiltrations.

Si une situation urgente (telle que réagir à un événement fasciste public) nécessite des réunions publiques ou une manifestation de masse, alors ça devrait être gardé séparé de la structure à long-terme de votre groupe.

En fait, nous vous recommandons même de rester anonymes pendant la formation du groupe et jusqu’à votre première action. L’anonymat est votre meilleur défense, et vous devriez le préserver aussi longtemps que possible. Développez votre groupe, mettez vous sur la même longueur d’onde, et décidez sur quoi vous concentrer. Notez également qu’une fois les groupes formés, il est très difficile de changer le type de personnes qui est dedans. Que ce soit vis à vis du genre, de l’âge, de la couleur de peau, ou de la contre-culture ; il sera compliqué de changer plus tard.

Choisissez le modèle du "collectif fermé" : c’est une politique basée sur les membres sans réunions publiques. Ne recrutez pas des nouveaux membres dans la rue. Élaborez plutôt un processus pour vérifier et évaluer les antécédents des personnes qui veulent s’impliquer.

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Les stickers de vigilance anti-raciste de quartier sont collés à #UTDallas en réponse aux circulaires de @IdentityEvropa et @vanguard_texas #FashFreeUTD

Une option extrême est de fonctionner comme un groupe sans se donner de nom, et de ne rien dire de ce que vous faites à vos camarades. Une fois que vous avez un nom, les fascistes vont essayer de savoir qui est dans le groupe. Ne pas avoir d’existence publique rend vos actions encore plus anonymes. Si des personnes sont ciblées, par exemple après un conflit avec des fascistes, un groupe connu du grand public attirera l’attention en premier. Si il n’y a pas de présence publique, ou d’organisation formalisée avec un nom, cela va compliquer le processus d’identification et de riposte.

Organisez vous en une "cellule " dès que possible, dans laquelle un seul membre communique avec les autres quand cela est nécessaire. Par exemple, vous pourriez avoir besoin d’un "visage public" pour parler à d’autres groupes, à des propriétaires de salle pour les convaincre de refuser un groupe de musique nazi, pour rencontrer des personnes qui veulent donner des informations qu’ils ne veulent pas partager en ligne, ou comme représentation à des événements. Pour limiter l’exposition, désignez une seule personne comme le visage semi-public du groupe, quitte à ce qu’elle n’admette jamais être membre du groupe. Cela limite le nombre de personnes susceptibles d’être découvertes.

Présence en ligne

Dans une optique de préservation de l’anonymat, vous devriez gérer avec précaution votre présence en ligne. Nous recommandons de n’utiliser que Twitter, cela limite la quantité d’informations personnelles exposées et rend la tâche de traquer vos connexions plus difficile. Facebook présente de nombreux risques de sécurité majeurs pour vos membres et vos soutiens. La collecte d’informations en provenance de personnes ayant interagi avec une page Facebook antifa par des racistes a récemment donné lieu à un doxxing. Les cibles n’étaient même pas antifas elles-mêmes mais de simples sympathisants, identifiés via Facebook.

Un site internet donne de la légitimité à votre groupe, et doit en particulier être utilisé pour doxxer des fascistes locaux ou publier des communiqués. Cependant, si vous n’avez pas de nom de groupe, il est peut-être pertinent de ne pas avoir de présence en ligne. Les membres individuels, si possible, devraient tout bonnement quitter les réseaux sociaux, en particulier Facebook. S’ils ne le font pas, ils devraient gérer des comptes personnels et politiques strictement séparés.

Auto-défense

L’antifascisme se décline parfois en de l’auto-défense. En effet, bien que la grande majorité des pratiques antifascistes n’implique pas de confrontation directe, et son nombre variant d’un groupe à l’autre, cela reste parfois nécessaire. Les membres de votre groupe et vos soutiens doivent s’y préparer.

Nous recommandons un entraînement en arts martiaux pour le groupe antifa, mais aussi plus largement pour la communauté engagée qui l’entoure. C’est une bonne occasion pour rencontrer des personnes souhaitant s’impliquer sérieusement.

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[le manuel d’It’s Going Down comporte un chapitre sur la question des armes à feu, qui ne nous a pas semblé utile dans le cas présent, mais que vous pouvez lire (en anglais) sur leur site]
[ à suivre…]