On croyait que Jean-Marie Le Pen avait finalement renoncé à jouer les trublions au sein même de sa formation en renonçant à batailler pour être tête de liste aux élections régionales. C’était mal le connaître ! Bien décidé à mettre des bâtons dans les roues de son ingrate de fille (cf. notre article ici), il se serait montré lundi dernier au Parlement européen de Bruxelles avec quelques responsables de partis d’extrême droite radicale, dont sa fille ne veut justement plus entendre parler, malgré leurs liens parfois anciens avec le Front national.

Le Pen et ses copains européens

Si on en croit un site d’extrême droite belge, repris par une parti de la fachosphère française, Jean-Marie Le Pen est donc allé lundi 13 avril à Bruxelles prendre la pose en compagnie de Nick Griffin, ancien député britannique du BNP, d’Udo Voigt, député allemand du NPD et de Roberto Fiore, ex-député italien de Forza Nuova. Ces trois vieux brisquards de l’extrême droite radicale européenne s’étaient d’ailleurs retrouvés le 22 mars dernier à Saint-Pétersbourg pour un "forum conservateur russe international" auquel ont aussi participé des délégués d’Ataka et d’Aube dorée, invités par Rodina, le parti de Vladimir Poutine, le chouchou de Marine Le Pen. Leurs parcours et leurs prises de position ont pourtant de quoi donner une crise d’urticaire à celle qui voudrait débarrasser le FN de ses encombrants amis étrangers…

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Liverpool, février 2012. Comme Jean-Marie, Griffin n’est pas du genre à se renier !

Nick Griffin , qu’on a vu il y a deux ans aux côtés du FN dans le cortège des manifs homophobes "pour tous", est le président du British National Party (BNP), un parti fondé en 1982, dont de nombreux membres ont été condamnés pour des crimes racistes ou pour détention d’armes et d’explosifs. Nick Griffin, un antisémite et un négationniste convaincu, et aussi adepte de la violence, manœuvre au sein du parti dont il prend la tête en 1999. Depuis, il a légèrement fait évolué la ligne du parti, à la fois en "troquant" l’antisémitisme (qui n’a pas pour autant disparu) contre l’islamophobie comme colonne vertébrale de son discours. Groupusculaire jusqu’au milieu des années 2000, le BNP perce lors de certaines élections locales et obtient ses premiers députés européens en 2009, dont bien entendu Griffin. La même année, le BNP rejoint la toute nouvelle Alliance européenne des mouvements nationaux, fondée par le Jobbik hongrois et le Front national français (qui le quittera en 2011 sous l’influence de Marine Le Pen). Mais Griffin perd son siège aux élections de 2014, entre autres en raison de la concurrence du très islamophobe UKIP. Marine Le Pen espérait d’ailleurs se rapprocher de ce dernier pour créer un groupe européen, mais le UKIP a décliné en raison de "l’antisémitisme" du FN… Merci papa !

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"Envoyez les gaz"… Pour un fan du négationnisme, il fallait oser !

Udo Voigt , lui, est le seul a être encore député européen, sous les couleurs du Nationaldemokratische Partei Deutschlands (NPD), le plus ancien des partis d’extrême droite allemands, qui a connu ses heures de gloire électorale dans les années 1960. Après une traversée du désert, le NPD a refait parler de lui sous l’impulsion de Voigt, qui a développé des stratégies nouvelles : internet, rapprochements avec les Freie Kameradschaften (des néonazis non-encartés), prises de contact plus ou moins réussies avec des islamistes… Spécialiste du contournement d’interdiction, il organise la venue en Allemagne de négationnistes comme l’américain Fred A. Leuchter ou l’anglais David Irving : après la condamnation du président du NPD de l’époque pour ces provocations, c’est Udo Voigt qui prend la tête du parti en 1996. Le NPD organise régulièrement des manifestations, généralement contre la présence d’immigrés en Allemagne. Comme son ami Jean-Marie, Voigt sait trouver les bons mots pour faire parler de lui. Ainsi, en 2004, il qualifie Hitler « de grand homme d’État » dans le journal d’extrême droite Junge Freiheit ; en 2007, dans une interview donnée à un journaliste iranien, il prétend que "au maximum 340 000 personnes sont mortes à Auschwitz". On le voit, encore aujourd’hui, et tout parlementaire européen qu’il est, Voigt reste fidèle à ses idéaux national-socialistes, participant régulièrement aux manifestations annuelles à la mémoire de Rudolf Hess, le dauphin de Hitler.

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Pour ce qui est de Roberto Fiore , qui se définit lui-même comme fasciste, il est le leader de Forza Nuova, un parti qu’il a fondé en 1997 et dont l’audience reste confidentielle. C’est un vieil ami de Nick Griffin, qu’il a rencontré en Angleterre où il avait dû fuir précipitamment au milieu des années 1980 après que la police italienne a retrouvé des armes et des explosifs dans les locaux de son mouvement Terza Posizione. Fiore a monté avec Griffin différentes structures militantes ; mais le magazine antifasciste Searchlight a révélé à l’époque qu’il travaillait dans le même temps pour les services secrets britanniques… Quoiqu’il en soit, Fiore est finalement retourné en Italie pour lancer son mouvement, Forza Nuova, qui intègre l’Alternative Sociale. Il remplace en 2008 Alessandra Mussolini au Parlement européen, mais n’est pas réélu en 2009. En mars 2011, il organise des manifestations racistes contre les immigrés réfugiés sur l’île de Lampedusa, proposant de "sécuriser les plages"…

On vous l’avait dit, que du beau monde !
La Horde