Allemagne : la candidate à la mairie de Cologne grièvement blessée par un néonazi

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Le 17 octobre dernier à Cologne, alors que la ville votait pour élire un nouveau maire sur fond de ce que les Allemands appellent la « crise des réfugiés », la candidate Henriette Reker, depuis élue à la mairie, a été attaquée au couteau de combat par un certain Frank Steffen, qui a ensuite blessé quatre autres personnes. Grièvement blessée, cette femme politique soutenue pour les élections par les Verts et les chrétiens-démocrates, a été prise pour cible par Steffen en particulier parce qu’elle était la responsable de l’accueil des réfugiés dans l’agglomération de Cologne.

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La photo ci-après montre une page d’une publication antifa pour la jeunesse d’octobre 1994, avec une photo de Frank Steffen à Fulda en 1993, lors de la manifestation en mémoire de Rudolf Hess.

Alors que la police ne se montrait pas très chaude au départ pour reconnaître la motivation raciste de Steffen, qui l’avait pourtant revendiquée dès son arrestation, les antifas de Cologne ont pu apporter les preuves que Steffen est un néonazi pur et dur, en activité depuis les années 1990. Il appartenait à cette époque au Freiheitliche Deutsche Arbeiterpartei (FAP, Parti libéral allemand des Travailleurs), qui se voulait le successeur des SA et fut interdit en 1995. Le FAP était assez nombreux à Cologne et disait compter 200 membres dans cette région ; la section de Cologne était dirigée par Norbert Weidner, le bras droit de Friedhelm Busse, dirigeant du parti.. Au point de vue national, le FAP fut l’un des groupes les plus présents durant les pogroms de Rostock-Lichtenhagen en août 1992, et il faisait partie d’un réseau terroriste d’extrême droite au niveau international.

Quant à Steffen, on pouvait le voir à toutes les manifestations et à tous les défilés néonazis, comme celui de Fulda, en 1993, en mémoire de Rudolf Hess, le dauphin de Hitler.

La génération de la terreur

Dans les années 1990, les assassins et les agresseurs néonazis faisaient rarement l’objet de poursuites judiciaires en tant que telles, et leurs actes étaient décrits par la justice comme des « actes isolés commis par des individus fous », ce qui les dépolitisait complètement. Il est aisé de voir aujourd’hui que rien n’a changé pour ces néonazis, qui continuent de mettre en avant la même idéologie que dans les années 1990 : ainsi, le chef de l’époque du FAP de Cologne, Norbert Weidner, fait de l’agitation dans une corporation d’extrême droite dans la région de Bonn.

Norbert Weidner
À gauche, Norbert Weidner à Fulda en 1993, face au néonazi français Claude Cornilleau (avec le brassard PNFE). À droite, le même en 2000 lors du Burschentag der Deutschen Burschenschaft. source : Antifa Infoblatt
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Quant à Frank Steffen, l’attaque qu’il a perpétrée à Cologne montre bien qu’il a toujours les mêmes idées racistes : dans les années 1990, il appartenait à un groupe qui appelait ouvertement à brûler les foyers de réfugiés, et le traitement de ces groupes néonazis par la société allemande, encline à les considérer comme des exceptions ou des individus inorganisés, n’a guère aidé à la vigilance plus nécessaire que jamais aujourd’hui.

En effet, les néonazis d’alors sont toujours actifs : ils forment ceux d’aujourd’hui, ils les poussent à l’action, ou, comme le montre cette attaque, ils essaient de tuer. Preuve, s’il en fallait, que la violence d’extrême droite est en pleine résurgence en Allemagne, comme l’ont montré les événements de Heidenau, près de Dresde, et les incendies criminels de foyers de réfugiés à Berlin et ailleurs.
La Horde