Début juin dans la presse régionale à Amiens, on apprenait l’interpellation de bikers du Gremium MC de Serge Ayoub suite à un règlement de compte (article de la presse régionale). Trois parmi eux seront incarcérés et deux ont un passé assez long à l’extrême droite locale, mais Serge Ayoub va-t-il les lâcher comme la plupart de ses adeptes qui ont eu à faire avec la justice (voir les précédentes histoires ici) , celui qui est souvent accusé de « balance » par ses anciens amis sera-t-il cette fois-ci là pour les soutenir ?
Dans le nord de la Picardie, deux chapitres ( [1]) des Gremium, à Amiens et Saint-Quentin, essaient de s’imposer chez les bikers du coin, ces deux chapitres sont composés en grande partie par des militants d’extrême droite. Et pour essayer de s’imposer dans ce milieu ils utilisent des intimidations physiques ici et là.
Il y a des centaines de club de bikers en France, mais ce qui caractérise le Gremium MC France, c’est l’intégration, sous la présidence de Serge Ayoub, de militants d’extrême droite pour la plupart déjà connu pour des violences. Fin juin leur moyen de communication public, le facebook des Gremium MC France, change de photo de profil et met à la place du logo des Gremium un message « No politic, no religion, no drugs ». Un peu provocateur quand on connaît le passé chargé à l’extrême droite de personnes qui composent le Gremium MC France, et « les Valeurs » qu’ils donnent sur leur site internet :« Nous sommes les héritiers d’un monde ancien qui ne se résoudra jamais à mourir, et qui grâce à nous et à notre action ne mourra jamais. Ce monde est celui des hommes qui ont fait la grandeur des nations et des civilisations », ces nouveaux chevaliers, et sur leur site ils ne renient rien de leur passé dans les bandes de skins d’extrême droite. « No religion », quand on sait que le plus grand événement qu’ils aient fait, c’est un Run [2] dans Paris en 2019 avec des chapitres des Gremium d’autres pays, avec une bénédiction des motos par des prêtres à l’église Saint Nicolas du Chardonnet, une occupée par les catholiques intégristes. Enfin le « No drugs » quand on se rappelle de cette histoire concernant le président des Gremium France quand « Il est arrêté en mars 1997 pour possession et vente de drogue, l’ICE, de la métamphétamine d’origine japonaise, et incarcéré quelques mois à Fleury-Mérogis. » .
Le chapitre Gremium Amiens
Depuis son lancement officiel en mars 2021, ce chapitre avait comme président Werner Riegert une figure de l’extrême droite à Amiens, ancien chef du Picard Crew, étant passé par le Front National puis le groupuscule Front de Défense de la France, nous avions déjà parlé de lui lors de différentes conventions de tatouage à Nesle en 2020 à coté d’Amiens, une autre a eu lieu en septembre 2022. Les amiénois était aussi de la partie à côté de Soissons dans l’Aisne pour une autre convention de tatouage où déjà les Gremium MC étaient bien présents. Mais malgré son passé, Riegert se dit repenti et affirme dans un article paru dans la presse régionale à propos de son passé néonazi et de ses relations “je le reconnais, mais je n’ai plus de lien avec cela. Je me suis remis en question. » pourtant ses relations restent bien des militants d’extrême droite sans doute eux aussi repentis. Depuis, selon le Courrier Picard, il aurait était « débarqué » de la présidence du chapitre d’Amiens, pour prétexter sa mise à l’écart, Ayoub fait entendre qu’il vient d’apprendre que Riegert est une balance, il est remplacé par Baptiste Collignon lui aussi militant d’extrême droite chez les Identitaires d’Amiens.
Baptiste Collignon était de toutes les sorties des Identitaires d’Amiens lorsqu’ils étaient actifs, en faisant des tournées des Identitaires à Niort et Limoges en 2016 ou des actions banderoles de ce même mouvement en Picardie. Chez les Gremium d’Amiens ce biker a pris du grade en passant de sécurité chef [3] à la présidence du Gremium Amiens.
Mais tous deux se retrouvent derrière les barreaux suite à une condamnation pour l’agression d’un biker à leur local dans le village d’Harponville entre Amiens et Albert, il était reproché au biker de vouloir quitter les Gremium d’Amiens. Ils avaient déjà été condamnés en novembre 2022 pour l’agression d’un autre biker.
Le chapitre Gremium Saint-Quentin
Lancé en février 2021, ce chapitre comporte aussi dans ses responsables des militants d’extrême droite, le président Pascal Jasmin A sur la photo, un grand ami de Werner Riegert chez les Gremium MC, originaire de Nesle là où se sont déroulés des conventions de tatouages organisées par Riegert. Ce Pascal Jasmin était membre des White Wolf Klan avant de balancer ses anciens amis du Klan. Le vice président du chapitre, B sur la photo, Jérôme « Noblazz » est quant à lui connu dans le petit monde du RAC (Rock Against Communism) étant le chanteur et guitariste d’un groupe très confidentiel, les FDS, qui avait fait un disque avec un autre groupe de RAC lyonnais plus connu Match Retour, ils ont fait aussi ensemble quelques concerts. Ce Jérôme avait son petit fan club dans le coin avec des membres du groupuscule aujourd’hui disparu Honneur & Nation.
Autre personne de ce chapitre qui commençait à avoir un lourd passé à l’extrême droite, Thibault Cottel, D sur la photo, dont nous avions déjà parler ici De toutes les activités de l’extrême droite dans la Somme durant les années 2010, c’est surtout chez les Identitaires d’Amiens qu’il s’est fait connaître, se déplaçant aux Universités d’été de Génération identitaire, lors de leurs différentes actions dans l’Hexagone. Suite à la dissolution de Génération identitaire, il prend des responsabilités au Rassemblement national de la Somme, à la même période que l’arrivée de Damien Rieu dans ce département. Il finira par être candidat aux sénatoriales de 2020 sur la liste RN de la Somme puis candidat aux départementales de 2021 à Moreuil dans la Somme, avant qu’il n’y ait un nettoyage de militants trop identitaires dans la fédération de la Somme.
Dans ce chapitre on retrouve aussi David Bécu, C sur la photo, incarcéré avec les autres membres du Gremium Amiens Riegert et Collignon depuis juin, après les pressions sur un biker un an plus tôt .
Ce chapitre a réussi par trouver un local où se réunir dans une rue de Brissy-Hamégicourt un village au sud-est de Saint-Quentin.
Et Serge Ayoub dans tout ça
Comme différentes affaires impliquant des proches à lui ou des adeptes de son discours prêts à faire fonctionner son business, il a bizarrement toujours su échapper aux condamnations, la liste est longue. Mais on peut citer Régis Kerhuel ancien skin du Havre alors aux JNR d’Ayoub condamné en 2000 pour le meurtre de James Dindoyal, le 18 juin 1990. Dindoyal était un jeune Mauricien de 24 ans, Kerhuel avait trouvé comme alibi qu’il était le jour du meurtre en compagnie de Serge Ayoub (Batskin à cette époque) à Paris, mais le jour du meurtre Batskin casse cet alibi en affirmant qu’il n’était pas à Paris mais dans un avion ce jour là . Autre histoire de meurtre où Serge Ayoub échappe à une condamnation avec la mort de Clément Méric où il disait ne pas connaître Esteban Morillo pour se dédouaner. Ensuite vient les White Wolf Klan où il échappe encore à une condamnation, viennent ensuite les noyés de la Deûle où il ne sera pas impliqué ou encore Sanglier condamné pour des « dégradations » sur l’Arc de Triomphe lors d’une mobilisation de Gilets Jaunes à Paris en décembre 2018 quand Ayoub se positionnait pour enfoncer encore plus Sébastien Favier (Sanglier) dans le Parisien « Sébastien F. est bel et bien l’auteur de ce graffiti. C’est notamment la conviction de l’un d’entre eux, Serge Ayoub, la figure tutélaire de l’ultra-droite française. » alors que Sanglier à cette époque est encore membre des Gremium.
A quand les prochaines lignes dans la rubrique « Faits-divers » de la presse régionale pour le club de Serge Ayoub et les Gremium MC France.
La Horde
Manifestation contre l’extrême droite, c’était dimanche. C’était beau et fort
