Guerre en UkraineSolidarité internationale avec les antifascistes qui luttent en Ukraine et qui résistent en Russie !

Ce conflit s’incrit dans une histoire et un contexte particulier, dont une des étapes de construction serait le mouvement social EuroMaïdan en 2014, et la guerre qui s’en est suivi dans l’est du pays, au Donbass et lors de l’annexion de la Crimée, territoires en proie aux spéculations impérialistes russes et nationalistes ukrainiennes. On peut d’ailleurs relire ces articles que nous avions publié à ce moment ici et là.

En tant que militant.e.s antifascistes autonomes, nous ne pouvons que condamner les actions terroristes et guerrières des États, encore plus lorsque celles-ci participent d’une volonté de domination et de soumission des populations locales, dans le cadre d’une politique impérialiste qui vise à asseoir une nouvelle hégémonie autoritaire et à conforter la construction de romans nationaux.
D’ailleurs, que ce soit le cas de la France au Mali et au Sahel, des États-Unis en Irak et en Afghanistan, de la Turquie au Rojava, d’Israël en Palestine ou de la Russie en Tchétchénie et maintenant en Ukraine : nous sommes contre toutes ces guerres et témoignons notre soutien aux populations victimes de ces conflits. Ce sont leurs guerres, ce sont nos mort.e.s ! Guerre aux palais, paix aux chaumières !

Antifascistes 1 , Poutine 0

Nous ne pouvons laisser Poutine envahir, dévaster et occuper l’Ukraine au nom de l’antifascisme, ou de l’antinazisme. Aucun concept politique ne peut excuser la barbarie et la culpabilité des gouvernants et chefs d’État chiens de guerre. Encore moins celui de l’antifascisme, qui, s’il a pu être utilisé et parfois instrumentalisé à maintes reprises dans l’Histoire, démontre toujours qu’il est une condition sine qua none de la résistance et de l’émancipation des peuples contre la barbarie et le nationalisme, pour les libertés et l’autonomie. Ce fut le cas des antifranquistes en Espagne, des partisan.e.s dans l’Italie mussolinienne, mais ce fut aussi le cas dans les maquis résistants face à l’occupation nazie et au collaborationnisme vichyste. Là où les États partent en guerre et massacrent des civils, les antifascistes résistent, inventent et trouvent des chemins pour une autodéfense populaire face à ces États.
C’est aussi ce qui est en train de se passer en Ukraine, où nos camarades antifascistes ukrainien.ne.s ont créé et rejoint 2 fronts de lutte contre l’offensive militaire de l’État russe : l’un militaire à travers le Comité de Résistance, l’autre "humanitaire" à travers l’Operation Solidarity.
Et c’est aussi ce qui se passe en Russie où nos camarades antifascistes s’activent contre la guerre et l’impérialisme, où iels sont arrêté.e.s pour avoir manifester et pour tenter d’organiser la paix entre les peuples.

Ni nationalisme ukrainien, ni impérialismes russe et occidentaux !

Pour autant, le jeu géopolitique qui s’agite tout autour de nos camarades antifascistes et révolutionnaires d’Ukraine et de Russie est insupportable : entre le marteau russe et l’enclume de l’OTAN, il y a également le feu nationaliste ukrainien. Aucune de ces trois options ne peut satisfaire les partisan.e.s de l’émancipation des peuples en Ukraine.
Le capitalisme russe, qui s’est contruit depuis 1991 en rivalité des capitalismes nord-américains et européens, accompagne l’État russe et l’autocrate ultra-autoritaire Poutine dans la construction d’un roman national délirant et héroïque, garant d’une paix sociale et d’une exploitation par les oligarques et autres grands patrons des populations et du vivant des territoires de la Fédération de Russie.
Le capitalisme occidental-atlantiste, que ce soit sa version européenne ou sa version nord-américaine, en arrive au même résultat (la possibilité pour les capitalistes d’exploiter populations et territoires) mais l’État-nation y est présenté également comme le gardien d’un certain nombre de libertés (au sens libéral du terme) publiques et individuelles, qui permet de construire une figure de pays démocratiques et d’"État de droit", qui, in fine, seraient "les gentils" de l’histoire. Un autre roman national qui nie et invisibilise l’histoire de domination sociale et les violences coloniales, passées et actuelles, ainsi que la domination économique de ces pays qui en résulte.
C’est ce double constat (le "ni soviet ni US" des années 1980) qui a, entres autres, amené plusieurs extrêmes droites européennes anti-atlantistes, et/ou anti-libérales à s’affirmer, et à affirmer le nationalisme comme "une troisième voie" sociétale. Il s’agit généralement de concevoir le nationalisme comme l’unique façon de mettre un terme aux "diktats" étrangers, soit ici de refuser aussi bien le patriotisme russe que l’ingérence occidentale. C’est par exemple la ligne des partisans du bataillon néonazi Azov. Évidemment, nous condamnons cette fausse "troisième voie" qui n’est pour nous qu’une roue supplémentaire du capitalisme global. Le résultat du nationalisme ukrainien, 8 ans après leur "avènement" (militaire principalement, mais tout relatif) au sein de la société ukrainienne : il n’aura fait que renforcer l’hégémonie et l’exploitation capitaliste sur le sol ukrainien et offert un boulevard pour les logiques de guerre et de haine, notamment entre communautés différentes dans l’Est du pays.

Autodéfense et solidarité : les antifascistes d’Ukraine en lutte

Qui l’eut cru ? Un siècle après la Makhnovtchina (armée paysanne et insurectionnelle d’obédience anarchiste qui a combattu en Ukraine contre les "rouges"/soviétiques autoritaires et les "blancs"/tsaristes et promu un système de collectivisation agricole horizontal et des formes de pouvoir populaire à la base), ce sont d’autres compagnon.ne.s anarchistes et antifascistes, qui, dans un autre contexte (celui de la guerre, pas celui de la révolution sociale), luttent pour développer une forme d’organisation horizontale et internationaliste, afin de participer à l’autodéfense collective et populaire des gens vivant sur le sol ukrainien, et de participer à l’action solidaire massive actuelle pour aider les populations locales à subvenir à leurs besoins élémentaires et à fuir les zones de combat.

RÉSISTANCE ARMÉE : LE COMITÉ DE RÉSISTANCE - THE BLACK HEADQUARTER

Des antifascistes et des anarchistes ont réagi dès le début de la guerre : issu.e.s des groupes politiques comme le Hoods Hoods Klan (groupe d’hooligans antifascistes, supporters du feu Arsenal Kiev, impliqué.e.s dans le développement de l’antifascisme de rue et dans les stades ces 15 dernières années), ou comme RevDia (Revolutionary Action, collectif et média anarchiste), ces militant.e.s ont créé le Comité de Résistance - the Black Headquarter, dès le 22 Février.

Le 27 Février 2022 le Comité de Résistance se présente ainsi et lance un appel à rejoindre le Bataillon International :
« Les forces anti-autoritaires ont organisé leur propre détachement international dans le cadre de la Défense Territoriale de l’Ukraine. De plus, des dizaines de nos ami.e.s sont en train de défendre la capitale et nombres d’autres villes, les armes à la main. Des informations sur pourquoi nous sommes en guerre contre les troupes de Poutine et quels sont les positions et avis peuvent être trouvées dans cet article de CrimethInc. Notre chaîne couvrira toutes nos activités... »
Les camarades lancent un appel à les soutenir, notamment financièrement, et après la mobilisation du média anarchiste global CrimethInc pour faire entendre la voix des camarades ukrainien.ne.s, c’est au tour de l’Anarchist Black Cross de Dresden de mobiliser son infrastructure pour organiser la collecte de dons pour le Comité de Résistance.

RÉSISTANCE SOLIDAIRE : L’OPÉRATION SOLIDARITÉ

En parallèle de la naissance et du déploiement du Comité de Résistance et de son bataillon internationaliste est lancée l’Opération Solidarité. Espace d’organisation de la solidarité populaire et de soutien aux combattant.e.s antiautoritaires, cela permet à toutes et tous ceux.celles qui ne peuvent pas ou ne veulent pas se battre militairement de continuer à agir, par l’entraide, l’action directe et l’auto-organisation.
« Qui sommes-nous ?
Opération Solidarité est un réseau de volontaires anti-autoritaires organisé pendant la guerre pour aider conjointement toutes les forces progressives de la société à contrer l’agression impérialiste contre l’Ukraine.
Que faisons-nous ?
Nous levons des fonds et de l’aide pour les combattant.e.s de la Défense Territoriale et leurs familles, nous aidons les réfugié.e.s, and nous soutenons les initiatives activistes progressives qui unissent le peuple face à une menace commune. Avec ces fonds, nous trouvons et délivrons les biens humanitaires de premières nécessités, de l’équipement militaire et des fournitures médicales pour l’Ukraine.
Comment nous aider ?
Vous pouvez transférer de l’argent vers l’un de nos comptes.
Aidez-nous à trouver et à commander les biens les plus rares : gilets pare-balles de niveau IV+ et casques balistiques.
Aussi, nous sommes en train de construire un réseau logistique de l’Europe de l’ouest vers l’Ukraine, alors nous avons besoin de contacts de personnes qui pourraient effectuer des transports en Ukraine, aussi bien dans Kiev que dans sa région. » (*)

Mieux comprendre pour mieux soutenir la lutte des antifascistes en Ukraine et en Russie

Nombre de textes d’analyse, de positions et de témoignages ont aussi été écrits depuis le début de la guerre, nous vous invitons à les lire afin de prendre conscience des enjeux et de la complexité de la situation actuelle pour nos camarades antifascistes d’Ukraine et de Russie :
– Anarchistes et guerre : Perspectives anti-autoritaires en Ukraine
– Ukraine et Russie : Résistances populaires à l’invasion de Poutine
– Les anarchistes russes sur l’invasion de l’Ukraine
– Contre les annexions et l’agression impériale
– Ukraine : Entre deux feux
– Vue d’Ukraine, vue de Russie
– À une frontière de la guerre impérialiste russe

Enfin, ici en France, quelques initiatives solidaires et/ou de soutien voient le jour, comme la collecte menée à Marseille au Molotov, ou le bar de soutien organisé par le groupe NINA Lyon, le convoi solidaire et libertaire qui se met en place, ou encore les manifestations de solidarité qui ont lieu à travers le monde.

Nous appellons aujourd’hui à concentrer les efforts de solidarité envers nos camarades antifascistes qui luttent sur le territoire ukrainien ou qui dénoncent la guerre en Russie !
Nous exprimons ici aussi notre solidarité envers les réfugié.e.s, tous les réfugié.e.s, quelques soient leur couleur de peau, leur nationalité ou les raisons de leur exil !

Guerre aux palais, paix aux chaumières !

La Horde, le 24 Mars 2022