MémoireÀ propos de la panthéonisation de Missak Manouchian et de sa compagne Mélinée

Au-delà de la polémique sur la présence indécente de Marine Le Pen à la cérémonie d’hommage à Missak et Mélinée Manouchian à l’occasion du transfert de leurs dépouilles au Panthéon, il faudrait aussi s’interroger sur le sens de cette récupération politicienne du combat antifasciste, alors même qu’une loi vient d’être votée qui aurait à coup sûr expulser les membres des FTP-MOI. C’est dans ce sens que l’association Les Ami.e.s de Maurice Rajsfus a publié un communiqué intitulé "Les fossoyeurs de la mémoire" que nous reproduisons ici.

Communiqué des Ami·es de Maurice Rajsfus :
Pour quelles raisons faudrait-il se féliciter de la panthéonisation de l’immigré Missak Manouchian et de sa compagne Mélinée ? En quoi le fait de descendre, 80 ans jour pour jour après son assassinat par les nazis, dans la crypte sombre et sans âme du Panthéon pour y rejoindre nombre de « grands hommes »,infréquentables de leur vivant, représenterait un intérêt quelconque ?
Les idéaux d’émancipation de Missak Manouchian et de tous les membres de son groupe n’ont rien à voir avec les pompes de l’Empire et de la République. Ils lui sont même radicalement opposés.
Pourchassés et traqués par la police de Vichy et l’armée allemande, dans le Paris de l’occupation, ils faisaient partie des rares survivants à résister les armes à la main, contre le fascisme, après une répression inimaginable, durant le terrible hiver 1943. Avant-guerre, ils avaient déjà été pourchassés comme immigrés clandestins par la police de la Troisième République.
Ensevelir Manouchian et Mélinée dans la crypte du Panthéon, c’est un incroyable contresens et une double trahison.
Parce que ce cirque mémoriel voulu par Emmanuel Macron alimente avant toute chose des fantasmes cocardiers et une récupération de type chauvine à laquelle les intéressé.es ne sont pas en mesure de s’opposer.
Parce que cette cérémonie médiatique de récupération est organisée par ceux-là mêmes qui empilent, depuis des années, les lois les plus liberticides et les lois racistes à l’encontre des migrants, dont la plus récente, votée avec les voix de l’extrême droite en décembre 2023, fait droit à la « préférence nationale ».
La volonté de remise en cause du droit du sol sur l’île de Mayotte, dans l’archipel des Comores, de l’initiative même de ce gouvernement, qui court après les fondamentaux du R-Haine, nous prépare l’arrivée des fascistes au pouvoir. Cette politique délétère et funeste est aux antipodes des combats internationalistes et antifascistes de Missak Manouchian et de ses camarades de combat.