Le collectif antifasciste VISA, qui travaille en particulier en direction du monde syndical, propose sur son site une analyse du soutien de Marine Le Pen à Donald Trump.

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Montage réalisé par le site canadien Le Soleil.

«  Parce que seul compte à mes yeux l’intérêt de la France et des Français, j’ose répéter que l’élection de Donald Trump est une bonne nouvelle pour notre pays. » C’est en ces termes que Marine Le Pen a salué la victoire de Trump à la présidentielle américaine, sans même attendre la proclamation officielle des résultats.
Fidèle à sa stratégie de communication, elle s’est immédiatement engouffrée dans l’espace médiatique pour tenter de profiter du coup de tonnerre américain. Comme d’habitude, le FN se nourrit du sensationnel et le cultive. Faut-il en déduire qu’il va lui aussi mener une campagne agressive, raciste, vulgaire, cachée derrière son hypocrite slogan « la France apaisée » ? Cela nous paraît plus que probable  !

Mais pour la candidate de l’extrême droite aux présidentielles, celle qui se présente comme la porte parole des plus modestes, n’y a t il pas un hiatus à supporter aussi bruyamment un milliardaire ? Trump est-il hors système lorsqu’il dirige des médias et quand il s’appuie sur une fortune colossale ? La majorité des riches Américains ne s’est d’ailleurs pas trompée de candidat !

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Aux premières minutes de l’ouverture de la Bourse états-unienne le lendemain des résultats, le Dow Jones est monté à un niveau jamais atteint en cours de séance. Rappelons-nous qu’au lendemain de la percée des partis d’extrême droite aux dernières élections européennes, les places boursières de Londres, Paris et Francfort avaient elles aussi connu une belle embellie. Décidément, les candidats d’extrême droite n’intimident pas du tout le système, bien au contraire !Comme le FN, Trump préfère chouchouter les patrons tout en se faisant le chantre des démunis. Dans son programme, il prévoit de baisser le taux de l’impôt sur les sociétés de 35 à 15 %. La position du Front National et de Marine Le Pen, certes non chiffrée, est néanmoins du même acabit : «  Baisser significativement la fiscalité des TPE, PME et ETI pour desserrer réellement l’étau qui pèse sur nos entreprises petites et moyennes. Depuis des décennies, le FN se bat en France comme à l’Europe pour la reconnaissance et l’essor de nos entreprises à taille humaine, en combattant la fiscalité aveugle et contre productive ».

Mais n’oublions pas une réalité implacable : Plus on fait de cadeaux aux entreprises, moins il y en a pour les salarié-es ! Trump est le candidat du Grand Old Party, surnom du parti républicain qui a porté Nixon, Reagan, Bush au pouvoir avec des politiques de restrictions pour les plus pauvres et d’énormes cadeaux aux grandes firmes.

Enfin, les femmes et les plus démunis doivent se rappeler que le programme de Trump prévoit la fin de l’Obamacare et du Planning familial, autrement dit de la contraception gratuite. Quelques 4,5 millions de personnes par an avaient le droit à une assurance maladie totalement gratuite. Si Trump tient ses promesses, le stérilet sera vendu environ 1 000 dollars ! Madame Le Pen, en applaudissant Trump, applaudit aussi ce genre de mesures anti-pauvres.

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Derrière Trump, il y a son vice-président, Mike Pence, vieux routard républicain habitué aux arcanes du « système ». Il représente la fraction la plus dure du parti, est un fervent évangéliste proche des « Tea party ». Gouverneur de l’Indiana, il mène une politique anti-avortement. Député, il propose des lois pour que les commerçants refusent les clients homosexuels, et encore moins ne les embauchent. Nul doute que le Tea party et les obscurantistes religieux s’appuieront sur Pence pour tenter des législations restreignant les droits des femmes et des LGBT. Dans sa logique, Marine le Pen soutient aussi ces politiques !

En résumé, la victoire de M. Trump sert aujourd’hui les frontistes car elle leur permet d’essayer de jouer artificiellement la partition du pays « réel » contre les élites, d’un peuple insoumis face à un supposé « système » qui voudrait cadenasser la démocratie. Mais le système, en grande partie sous le contrôle des lobbys industriels et financiers, n’est ni favorable aux salariés, ni défavorable à l’extrême droite.
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