Un repaire d’extrême droite à Ixelles ? Combattons ensemble le local APF !

Le site Bxl Zone Antifasciste a publié une présentation du local néonazi de l’Alliance for Peace and Freedom (APF) installé à Ixelles tout près de Bruxelles, et des mouvements qui le compose :

Le 19 avril 2016, des néonazi.es européens ouvraient un local au 22 Square de Meeus à Ixelles (Bruxelles) sous le nom de l’Alliance pour la Paix et la Liberté. Ce local est un danger pour tous ceux qui ne correspondent à leur ordre de fer blanc et chrétien et nous sommes nombreuses et nombreux à ne pas rentrer dans ce projet : immigré-e-s, sans-papiers, musulman-e-s, juifs-ves, progressistes, LGBT, syndicalistes, …

Nous n’attendrons pas qu’un drame se produise dans notre ville. Nous ne les laisserons pas s’implanter dans nos quartiers. Nous ne leur laisserons plus jamais l’occasion de mettre en application leur idéologie.

Qu’est-ce que l’Alliance for Peace and Freedom (APF) ?

apf-logo

L’APF est un regroupement de plusieurs organisations nationalistes européennes. Contrairement à ce que laisse sous-entendre leur sigle, ces organisations se distinguent par leur haine de tout ce qui n’appartient pas à leur projet politique, à savoir une Europe de l’ordre, blanche et chrétienne . La liste de celles et ceux qui ne rentrent pas dans ce projet est longue : immigré-e-s, musulman-e-s, LGBT, syndicalistes, féministes, racisé.es, militant.e.s révolutionnaires, etc. Il est vrai que ce programme est partagé dans les grandes lignes par l’ensemble des partis nationalistes en Europe mêmes les plus « normalisés » comme le Front National de Marine Le Pen ou chez nous le Parti Populaire de Mickael Modrikamen (dont la banalisation ne les rend que plus dangereux). Cependant là où ces derniers attendent d’arriver au pouvoir pour mettre leur projet en place, les partis composant l’APF ont pour stratégie principale d’appliquer leur programme dans la rue dès qu’ils en ont les moyens.

Qui compose (entre autre) l’APF ?

AUBE DORÉE (GR)  : Sans doute le membre le plus fameux de cette alliance, c’est un parti nationaliste grec authentiquement néo-nazi comme nous le rappelle son logo une croix gammée stylisée.

A supporter of Greece’s far-right Golden Dawn party salutes in a Nazi style during a rally at central Syntagma square in Athens
A supporter of Greece’s far-right Golden Dawn party salutes in a Nazi style during a rally at central Syntagma square in Athens November 30, 2013. Hundreds of supporters gathered outside parliament on Saturday to protest the pre-trial detention of their leader Nikolaos Mihaloliakos, who faces charges of forming a criminal organisation. REUTERS/Yorgos Karahalis (GREECE - Tags : POLITICS CIVIL UNREST) - RTX15YY8

Le régime nazi est aussi une référence politique comme ils le déclaraient dans leur journal quand ces derniers ne cachaient pas leurs véritables idées : « Nous sommes des nazis … car nous avons vu dans le miracle de la révolution allemande de 1933 la force qui va libérer l’humanité de la pourriture juive … Nous croyons à la guerre et non pas à la paix . » On soupçonne ce parti d’être à l’origine d’au moins une dizaine de meurtres , pour la plupart des « sans-papiers », sur lesquels la police ferme systématiquement les yeux. L’Aube dorée joue d’ailleurs souvent les auxiliaires de l’État grec dans la répression des mouvements de contestation : attaques de manifestations, de centres sociaux ou simplement de syndicalistes. Ceux-ci bénéficient de nombreuses complicités à différents niveaux de l’État (police, partis conservateurs, etc) ou chez les capitalistes (les puissants armateurs grecs financent depuis longtemps ce parti en échange de leurs attaques contre les ouvriers syndiqués). Leur grand leader a d’ailleurs été longtemps un indicateur rémunéré des services de renseignements. Leurs bons et loyaux services ne les ont pas empêchés d’être lâchés par leurs souteneurs après l’assassinat du rappeur Pavlos Fyssas en 2013 et d’un travailleur immigré qui a conduit une partie de leurs députés (dont leur chef) devant les tribunaux.

FORZA NUOVA (IT)

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 : Forza Nuova est un parti d’extrême droite italien. Ces deux fondateurs Roberto Fiore et Massimo Morsello sont tous les deux soupçonnés d’avoir participé aux attentats de la gare de Bologne en 1980 qui firent 85 morts . Ce parti ouvertement nostalgique de Mussolini et de l’État fasciste rêve de faire de l’Italie un État blanc et chrétien. Il milite notamment pour la déportation de l’ensemble des immigrés en dehors de l’Italie, l’interdiction du mariage gay ou encore l’avortement.

DEMOCRACIA NACIONAL (ES)  : Un parti qui fut tout d’abord proche du Front National avant de se rapprocher des fractions les plus radicales de l’extrême droite européenne.

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Leur président Manuel Candela fut membre dans sa jeunesse du groupe « accion radikale » dont un de ses membres assassina Guillem Agullo, journaliste et militant indépendantiste catalan en 1993 . C’est en se rendant à une manifestation contre Democracia National qu’est assassiné Carlos Palomino, le 11 novembre 2007 à Madrid, qui succombera aux coups de couteau d’un sympathisant de ce même parti. Ce parti, comme tous les autres, défend notamment l’interdiction de l’avortement, du mariage gay et veut déporter les immigré.es, etc.

NATION (BE) : est un groupe nationaliste fondé en 1999 qui avait pour prétention de regrouper l’ensemble de l’extrême droite francophone dans un seul grand parti.

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Il se réclame de l’idéologie identitaire et solidariste, termes qui cachent en réalité les thèses les plus dures de l’extrême droite. Son fondateur et chef, Hervé Van Laethem, est un ancien militaire et membre de l’ancien groupe néo-nazi L’Assaut – groupuscule dont plusieurs membres furent condamnés pour plusieurs passage à tabac de militants ou d’immigrés en 1994,1995 et 1997. Une tradition avec laquelle Nation n’a pas rompue puisque ses militants sont régulièrement impliqués dans des ratonnades et des agressions violentes à l’image du SDF tabassé en juin 2015 par plusieurs d’entre eux place du Luxembourg. Même si leurs scores électoraux sont toujours extrêmement faibles, cette alliance européenne et ce local leur offrent leur moyen de répandre plus largement leurs idées.

Pourquoi ce local est dangereux ?

Ouvrir un local pour une organisation politique lui donne l’espace pour organiser différents événements qui ont pour but de jouer le rôle d’élément rassembleur pour les partisans qui portent ces idées réactionnaires.

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Ils s’attaquent alors à toutes celles et tous ceux qui n’auraient pas leur place dans leur société idéale. C’est leur stratégie pour atteindre le pouvoir : occuper et terroriser des quartiers et leurs populations. Devons-nous attendre comme dans d’autres villes de compter nos premier.e.s blessé.e.s pour fermer ces locaux ? A Lyon par exemple, l’ouverture d’un local par Génération Identitaire leur a permis d’asseoir leur mainmise sur le centre historique de la ville. Faisant régner un climat de peur et de violence chez toute personne ne correspondant pas à leur vision du monde « idéal ».

L’antifascisme est toujours de l’autodéfense !

On entend parfois que l’antifascisme serait le nouveau visage du fascisme car celui-ci serait violent et s’attaquerait à la liberté d’expression des groupes d’extrême droite. Car lorsque ces organisations réactionnaires portent des discours racistes, sexistes, homophobes et de manière générale oppressifs, il ne s’agit en aucun cas de liberté d’expression mais bien de légitimer des oppressions et de défendre l’ordre établi. Le fascisme défend un projet de société : celui d’une société capitaliste nationaliste, avec ses chefs autoritaires et un ordre immuable épuré de tout ce qu’ils considèrent comme les ennemis de leur nation : les révolutionnaires, les immigrées, les homosexuels, les minorités religieuses, etc. Nous, antifascistes révolutionnaires, nous luttons au contraire contre toute forme d’exploitation et d’oppression  : nous voulons construire une société égalitaire, solidaire où chacun ou chacune aurait sa place.

Il est évident que l’extrême droite n’a pas le monopole du racisme, du sexisme et de l’autoritarisme, etc., dans nos sociétés européennes. A bien des égards c’est l’ensemble du champ politique qui partage ces « valeurs ». Des prétendus « socialistes » à la droite néolibérale (style MR, etc.) en passant par la droite populiste (N-VA, etc.). Cependant on ne peut nier l’influence centrale qu’à l’extrême droite dans le débat politique actuelle. En tant qu’acteur politique – qui connait une notoriété croissante – elle distille ces thèses (sur le racisme, le sécuritaire, etc.) pour les rendre à nouveau audibles et acceptables par une partie croissante de l’establishment politique et économique particulièrement en période de crise. L’extrême droite représente le pire visage du système actuel. Autoritaire, inégalitaire, raciste, patriarcale, homophobe, etc., la société dont elle rêve est pour nous notre pire cauchemar.

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