Lu sur le site de l’AFA74, à propos de la déclaration de Marine Le Pen sur la rafle du Vél d’Hiv :

Selon Marine Le Pen et une certaine idéologie nationaliste et révisionniste, «  le régime de Vichy n’était pas la France ». Avec ce genre de déclaration, MLP s’inscrirait dans une vision gaulliste de l’Histoire, dans laquelle la France, entre juillet 1940 et Août 1944 n’était plus en France mais en Angleterre. Dans son discours, Marine Le Pen excluerait-elle donc le peuple Français de la Nation ? Oui et non, car lorsqu’elle s’explique par la suite, elle se contredit en affirmant que «  cela n’exonère en rien la responsabilité morale et effective des français qui ont participé à la rafle du Vel d’hiv et aux atrocités commises à cette époque  »Nous cherchons donc encore la cohérence de la conception nationale dans ce discours. 

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A moins que le rejet de cette époque ne soit qu’une pirouette pour façonner une image rutilante de la Nation française et de pouvoir doper le nationalisme dont le Front National a besoin pour prospérer ? Comment ne pas être fièrE d’être françaisE si la France ce n’est que la résistance et non pas la collaboration ? Ainsi, à tour de rôle la France peut tantôt être celle du peuple, de l’enracinement liée à la terre et au sang pour les heures de gloire et peut se métamorphoser tantôt en une élite héroïques déracinée aux heures coupables de l’Histoire.

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Drumont, en couverture de « La Libre Parole » (1899)

Cette vision de la période de l’occupation est complètement détachée de la réalité historique du développement du fascisme français et de l’antisémitisme comme courant politique et culturel implanté dans les masses. Elle nie le rôle de l’antisémitisme de la naissanceà la fin du XIXe siècle, d’une critique mystique, irationnelle et transpartisane du capitalisme. En effet, en 1898, ce ne sont pas moins de trente députés qui sont élus à la chambre autour d’un antisémite notoire, Edouard Drumont.

Ce groupe parlementaire parvient même à mettre la « question juive » à l’ordre du jour des débats. Avec le boulangisme et l‘Affaire Dreyfus, l’antisémitsme devient un véritable mouvement de masse en France amenant des banalités à l’Assemblée Nationale comme celles-ci : « combattre les juifs [là] où ils se présentent à nous avec cette rapacité légendaire qui fait d’eux les meilleurs intendants de l’exploitation capitaliste (applaudissements à l’extrême gauche) » (Journal Officiel, séance du 21 février 1895). La « Libre Parole », organe de presse violemment antisémite, est diffusé à plus de 100 000 exemplaires, autant que le quotidien socialiste « Le Cri du Peuple »…La totale normalisation politique et culturelle de l’antisémitisme se réalise dans les années 1930, notamment visible par les vastes caricatures antijuives et l’agression violente de Léon Blum, « le député juif », par des militants de l’AF le 18 juillet 1936.

Contrairement à l’idée diffusée par le roman national d’après-guerre, le régime de Vichy ne fut pas « imposé » aux françaisEspar l’occupant nazi mais accueilli dans la passivité avec l’espoir d’un sauveur providentiel incarné dans la figure du Maréchal Pétain, héros de la première guerre. Il était pourtant de notoriété publique que, Philippe Pétain, déjà ministre de la guerre en 1934,était proche de l’Action Française. Le peuple n’ignorait rien de celaet une fraction non négligeable de celui-ci adhérait tout simplement à cette matrice idéologique. Les quelques 100 000 adhérents du Parti Populaire Français de Jacques Doriot en 1937-1938, principal parti collaborationniste… Dire que la population était étrangère à l’antisémitisme latent c’est méconaître la popularité des courants d’idées pseudo-révolutionnaires qui personnifiaient (et encore aujourd’hui) le capitalisme et la domination mondiale dans la figure du Juif (ou des « Israélites »).

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Ainsi en 1940 pouvait paraître un livre très français, écrit par un français, publié par une maison d’édition française :  Comment reconnaître le Juif ?  Dr George Montandon, Pofesseur à l’école d’Anthropologie aux Nouvelles Editions Françaises (Paris) au milieu de toute une collection antisémite. Puis, du 5 septembre 1941 au 15 janvier 1942, l’exposition antisémite « Le Juif et la France », attire entre 500 000 et un million de visiteurs. De Paris elle s’exporte à Bordeaux et Nancy (foyers du nationalisme socialisant où, aux législatives de 1889, les boulangistes avaient obtenus des sièges). Pour se donner une comparaison, en 1936, ce n’est rien de moins qu’une exposition Rubens qui attire une quantité semblable de visiteurs, et c’est un pic du musée de l’Orangerie à l’époque...

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