En 2010, un militant d’extrême droite proche des Identitaires, Laurent Roeckel, a mis le feu à trois maisons habitées par des familles turques, et est soupçonné d’avoir récidivé en janvier 2011, dans la région de Hoenheim. Son procès a débuté lundi 18 mars : l’homme a déjà avoué ses crimes, et dit aujourd’hui que c’était "des conneries"... Pour en savoir plus sur le contexte local, voir le bilan sur l’extrême droite récemment publié sur notre site.

L’article du Parisien :

Le procès d’un homme de 28 ans, qui se revendique de l’extrême droite
"identitaire" et a avoué avoir mis le feu en pleine nuit, fin 2010, à
trois logements de familles turques pour "leur faire peur", s’est ouvert
lundi devant la cour d’assises à Strasbourg.
Laurent Roeckel comparaît devant les assises du Bas-Rhin pour "destruction
par incendie" à caractère raciste. Il encourt 20 ans de réclusion, pour
ces faits commis à Vendenheim (banlieue de Strasbourg).
Le verdict doit être rendu ce mardi.
"Mon but c’était de faire peur, pas de détruire les maisons. Noircir les
murs ça fait passer un message : faire peur", a expliqué le jeune homme à
la cour. C’était "pour qu’ils partent de la région, parce qu’ils sont trop
nombreux", a-t-il ajouté.
Le feu avait été allumé dans des poubelles placées contre les portes
d’entrée des maisons. Les familles concernées avaient été réveillées au
milieu de la nuit par l’incendie et avaient dû évacuer leur logement en
urgence. Personne n’avait été blessé. Dans l’un des cas, des croix gammées
avaient été tracées sur un muret.
A la barre, l’accusé a reconnu que "c’était de la connerie de choisir
quelqu’un en fonction de ses origines et d’aller mettre le feu chez lui".
Reconnaissant que "les gens auraient pu laisser leur vie ou être blessés
ou mutilés à vie", il a estimé s’être "fait monter la tête par les partis
politiques". "J’étais facilement influençable à l’époque, je ne
réfléchissais pas", a-t-il ajouté.
Deux des victimes sont venues expliquer devant la cour leur frayeur, la
nuit des faits. "Je dormais profondément, j’ai été réveillé par la
voisine, il y avait de la fumée partout, j’ai paniqué", a raconté Yilmaz
Yildirim.
Le jeune accusé a expliqué avoir considéré, vers l’âge de 23 ans, qu’il ne
lui était "plus possible de traîner avec des étrangers" car "c’était
incompatible avec (ses) opinions politiques". Il s’était alors rasé la
tête. Tout en affirmant ne plus avoir d’opinions depuis son incarcération
il y a deux ans, il a reconnu qu’auparavant il était "d’extrême droite,
identitaire".
L’instruction et la première journée d’audience ont esquissé le portrait
d’un jeune homme solitaire, sorti de l’école sans diplômes et qui n’a
jamais eu de travail "sauf le vol".
Aux enquêteurs, il a déclaré aimer le "rock identitaire français", se
reconnaître dans le parti régionaliste d’extrême droite "Alsace d’abord",
et a clairement reconnu le caractère xénophobe de ses actes.
Il a détaillé comment, à l’époque des faits, il constituait des
statistiques sur la présence des étrangers en Alsace.
Laurent Roeckel avait également été mis en examen pour une autre série
d’incendies du même type, commis quelques mois après les premiers, fin
janvier 2011, dans la commune toute proche de Hoenheim. Mais l’instruction
n’avait pas retenu de charges suffisantes pour l’incriminer dans cet autre
dossier, pour lequel il avait bénéficié d’un non-lieu.
A l’audience, les gendarmes chargés de l’enquête ont toutefois relevé que
"après son interpellation, il n’y a plus eu d’incendies criminels de ce
type autour de Strasbourg".