Revue de presse sur l’extrême droite au Québec du mois de novembre

Le webzine antifasciste québecois Dure Réalité a réalisé une revue de presse sur l’extrême droite au Québec :

La revue de presse sur l’extrême droite sortira régulièrement, au fil de l’actualité. On parlera essentiellement du Québec mais il n’y a pas de règles. De la même façon, on ne précisera pas la provenance des articles lorsqu’ils proviennent de la presse mainstream . Par contre nous ajouterons des précisions sur les médias de gauche et des mises en garde pour les médias ou sources d’extrême droite. Pour cette première édition, on se lance, pis on verra ce qui en ressort.

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On apprenait il y a quelques semaines la naissance du Front National du Québec qui propose un programme audacieux et novateur : « déclarer l’indépendance du Québec dès son élection, de détruire les mosquées et d’interdire l’Islam »… Evidement les choses ne se passent pas comme prévu puisque quelques jours plus tard le fondateur de ce « parti » recevait une mise en demeure du Front National, parti qui l’avait pourtant inspiré et dont la visite de la présidente, Marine Lepen, à l’hiver passé l’avait semble t-il pousser à se lancer en politique. Ça sera finalement « l’Alliance nationale réformiste du Québec ». Pour la classe on repassera.

ON NE CHANGE PAS UNE ÉQUIPE QUI GAGNE

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Canadian anti-Islamophobia demonstrators march in Montreal on March 28, 2015, against sympathizers of the German based anti-Islam group PEGIDA (Patriotic Europeans Against the Islamisation of the West) that were planning a rally against Muslims. PEGIDA cancelled their march after the large turnout against them. AFP PHOTO / MARC BRAIBANT

La page Facebook du groupe islamophobe Pegida Québec avait été désactivée par le site suite à des signalements. Malheureusement, une semaine après sa réactivation, elle retrouvait plus de 15000 supporters. On ne change pas une équipe qui gagne…

À noter que sur le terrain la mobilisation est plus difficile, les dernières manifestations du groupe ont mobilisé seulement une poignée de personnes. Mais restons vigilant.e.s !

OFFENSIVE HOMOPHOBE

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Le 02 novembre, on pouvait lire dans la presse qu’« un groupe de l’Outaouais menace ouvertement les homosexuels ». Ce groupe nommé ATG, pour Attitude Towards Gays, s’est contenté de provoquer en publiant des photos sur les réseaux sociaux et en arborant leurs t-shirt dans un bar. La dénonciation massive a porté ses fruits. Un de ses membres, Julien Clément, comparaîtra en décembre pour menace de mort.

AMERICAIN HISTORY X

Le mois de novembre, semble-t-il, était le mois de la rédemption pour l’extrême droite, tandis que se déroulait la Conférence de Québec de l’UNESCO sur la radicalisation. On a donc pu lire dans la presse plusieurs « récits de vie », de néo-nazes québecois ayant tourné la page de leur implication, par exemple ici et . Avis aux suprémacistes blancs : gros spécial sur la rédemption ce mois ci ! Blague à part, nous tenons à rappeler que la rédemption, ça n’est pas simplement de reconnaître ses erreurs. Il faut tâcher, sa vie durant, de les réparer.

ADRIEN ARCAND, FÜHRER CANADIEN ?

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C’est le titre du livre que le journaliste au Devoir et historien Jean-François Nadeau a consacré à l’expérience fasciste au Québec (et au Canada) dans l’entre deux guerre. Un livre solide, qui a aussi le mérite de faire un lien clair entre complotisme, antisémitisme et extrême droite. Une lecture très actuelle et inspirante. Se basant sur ce livre et sur son travail de recherche, J-F Nadeau a présenté une série de trois conférences en octobre et novembre, dans le cadre des Belles Soirées de l’UDeM. Le journal francophone des étudiant.e.s de McGill, Le Délit, nous en fait un compte-rendu de ce cycle de conférence, sans trop se mouiller. Mais c’est l’intention qui compte !

POUR FINIR, UN PEU DE LECTURE

Pour cette première édition de la revue de presse, je vous suggère cet article qui s’intitule « Le monde des militants d’extrême droite en Belgique, en France, en Allemagne, en Italie et aux Pays-Bas ». Basé sur des dizaines d’entretiens menés par des chercheurs avec des militants d’extrême droite de cinq pays européens, il dresse un portrait de leurs trajectoires. Il est co-écrit par plusieurs politologues dont Nonna Mayer. Son travail sur l’extrême droite est bien connu et très solide, nous aurons l’occasion d’en reparler.

C’est la conclusion de l’article qui nous intéresse surtout aujourd’hui. En effet, il fait une corrélation claire entre la stigmatisation des groupes d’extrême droite et leur réussite électorale. Pour résumer, selon cette étude, plus les militants fascistes sont stigmatisés, moins leurs partis et groupuscules réussissent à convaincre un public plus large. Pour reprendre les mots de l’article : « plus [les militants d’extrême droite] sont stigmatisés, plus le coût de l’adhésion y est élevé, plus leur développement électoral et partisan est difficile [même si] paradoxalement, cette stigmatisation peut aussi être une ressource pour le mouvement, dans la mesure où elle aide à le faire tenir ensemble. »

À la lumière des conclusions de cette article nous vous livrons notre propre analyse avec un exemple local : la fin de semaine du 24 au 26 novembre se tiendra (voir notre article à ce sujet) à Montréal un festival de musique métal : La Messe Des Morts. Un des bands invité, Graveland, appartient à la scène NSBM, c’est à dire néo-nazi. Face à cette situation inacceptable et dangereuse, il y a un appel à manifester, en particulier avant le show en question, le 26 novembre à 16 au métro Beaubien.

Dans les discussions qui entourent cet événement, une question se pose souvent : est-ce qu’en agressant directement la scène métal, même complice, on ne va pas radicaliser ses membres, en les poussant, justement, vers des idées fascistes ? La réponse est non. Celles et ceux qui ont une sympathie, inavouée ou assumée, pour le national-socialisme vont toujours finir par revendiquer leurs idées, par se regrouper, par agir et vouloir prendre de l’importance. Par contre, et c’est la conclusion de l’article qui nous intéresse, il y a une corrélation entre la stigmatisation des groupes d’extrême droite et leur faible réussite. Donc plus on stigmatise les fascistes, plus ils se referment sur eux mêmes, plus ils se cachent, moins leurs idées sont populaires et moins ils sont nombreux (dans une certaines limite bien entendu).

Il n’y a pas beaucoup d’options qui s’offrent à nous, antifascistes. Pour reprendre l’expression populaire il faut étouffer le fascisme dans l’œuf. À chaque tentative de leur part de se montrer, il faut répondre avec force et puissance, selon nos moyens : manifester, dénoncer, calomnier, se battre,… bref il faut stigmatiser les fascistes pour qu’ils restent une petite minorité. C’est la science qui vous le dit et qui démontre ce que l’action de rue antifasciste prouve depuis des dizaines d’années.

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