Répondre en dix lignes au confusionnisme ? Russell l’a fait

À celles et ceux qui poussent des cris d’orfraie en invoquant "la liberté d’expression" dès qu’on essaye d’expliquer pourquoi nous n’avons aucune tolérance à l’égard de l’extrême droite et de celles et ceux qui colportent leurs idées, et que, de notre part, il n’y aura jamais de place pour un quelconque "débat" ou "discussion" avec eux, voici comment le philosophe Bertrand Russell, en 1962, le justifiait en quelques lignes… Chouard et consorts, prenez-en de la graine !

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Le blog Pharyngula animé par PZ Myers, un scientifique américain de gauche, vient de publier un intéressant document qui montre que dès les années 1960, certains savaient répondre intelligemment aux tentatives confusionnistes. En 1962, Oswald Mosley, fondateur de la British Union of Fascists, écrit au philosophe humaniste et libertaire Bertrand Russell pour engager le dialogue… Russell lui répond très poliment par une lettre, qui résume en quelques lignes pourquoi il ne peut y avoir aucun dialogue ni tolérance possible à l’égard de l’extrême droite.

Cher Sir Oswald,

Merci pour votre lettre et votre colis. J’ai réfléchi à notre correspondance récente. Il est toujours difficile de décider de la façon de répondre à quelqu’un dont les idées vous sont à ce point étrangères et à vrai dire aussi repoussantes. Ce n’est pas tant que je critique tel ou tel détail de vos opinions mais bien que chaque miette de mon énergie est consacrée à combattre le sectarisme brutal, la violence compulsive et le sadisme qui caractérise la philosophie et la pratique du fascisme.
Je tiens a préciser que les univers émotionnels dans lesquels nous évoluons sont si distincts et si profondément opposés, que rien de constructif ni de sincère ne pourra jamais émerger d’une quelconque interaction entre nous.
J’aimerais que vous compreniez bien toute la force de ma conviction. Ce n’est pas la volonté d’être désagréable qui me fait dire ça, mais je le dis au nom de tout ce que je respecte dans la nature humaine et dans les accomplissements de l’humanité.
Sincèrement votre,
Bertrand Russell