Rennes : compte-rendu des rassemblements et manifestations

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Vendredi 7 juin, nous étions environ 500 à nous rassembler devant le Parlement de Bretagne en mémoire de Clément Méric. Le grondement du tonnerre et les éclairs ont ponctué le discours du Collectif Antifasciste Rennais, ainsi que celui de ses camarades de Solidaires.

Puis sous une pluie d’une incroyable violence, le cortège s’est ébranlé et à suivi un parcours qui l’a amené devant plusieurs bars étiquetés de gauche et attaqués ces derniers mois par l’extrême droite pour cette raison, avant de parcourir les quais de Vilaine.

Contrairement à ce qu’annonce l’intégralité des journalistes qui se sont enfuis dès que la pluie à commencé à marteler le cortège, celui-ci ne s’est pas disloqué. Il a bien au contraire réalisé l’intégralité du parcours prévu sous des trombes d’une eau glacée et à la lueur des torches, en résonnance avec l’émotion qui nous habitait tous et toutes.

Le samedi 8 juin, un cortège antifasciste radical et anticapitaliste s’est également joint à la Marche des Fiertés de Rennes, meilleure façon pour nous d’honorer la mémoire de Clément en soutenant la lutte pour l’égalité des droits. Celui-ci, comprenant entre 50 et 100 personnes, s’était évidemment placé en fin de cortège afin de ne pas empiéter sur les organisations et individu-e-s auxquels appartiennent cette journée. Aux premiers rangs se tenaient nos camarades trans-pédés-gouines et féministes dont la lutte est quotidienne.

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Clément restera à jamais à nos côtés. Nous ne cesserons jamais le combat.

Ni oubli, ni pardon.
Voici le texte lu à cette occasion

Mercredi 5 juin, Clément Méric, militant antifasciste et syndicaliste, a été assassiné par des militants fascistes des Jeunesses Nationalistes Révolutionnaires (JNR). Le Collectif Antifasciste Rennais assure sa famille, ses amis et ses camarades de toute notre solidarité. Nos pensées vont également aux camarades de Brest et de Paris qui ont partagé son combat, particulièrement les antifascistes brestois et les antifascistes de l’AFA Paris-Banlieue, qui en cette triste journée du 5 juin 2013 ont perdu un ami autant qu’un militant.

Ce crime n’est pas un acte isolé, encore moins un accident du destin. Il est le fruit d’un contexte, d’une idéologie, le résultat d’actes politiques...

Ce n’est pas un hasard si cette agression fasciste survient maintenant. Cela faisait de longs mois que des groupuscules d’extrême droite multipliaient les violences dans une quasi-impunité. À Lyon, de nombreuses agressions racistes ou à l’encontre de militants du mouvement social sont à imputer à ces nervis fascistes, avec à la clef hospitalisations, ITT longues durées... À Toulouse, le 31 mars 2012, un groupe de fachos, dont des militants identitaires, menaient un raid à l’issu duquel Andrès, un étudiant chilien, se retrouva dans le coma suite à une double fracture du crâne.

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Ces derniers mois, de nombreuses agressions homophobes ont eu lieu, dont par exemple celle contre un bar gay à Lille le 17 avril, agression dont les auteurs étaient des membres et des proches des JNR. Plus généralement, l’extrême-droite s’est senti pousser des ailes grâce aux mobilisations homophobes contre la loi dite du « mariage pour tous ». Cette mobilisation leur a offert tout ce dont les fachos pouvaient rêver. En plaçant les idées les plus réactionnaires au cœur du débat, elle leur a permis de prospérer sur ce climat idéologique rétrograde, trouvant enfin un écho important à leurs propos. Cette mobilisation a aussi constitué un cadre concret où se côtoyer physiquement, ou prendre de l’assurance et faire monter progressivement le degré de violence, encouragé par les responsables de la mobilisation qui en appelaient à la guerre civile, menaçaient du sang qui coulerait... Enfin, cette mobilisation a été une aubaine médiatique pour certains groupuscules comme les Jeunesses Nationalistes dont le leader a pu déverser sa haine aux relents pétainistes dans plusieurs médias de masse qui lui ont ouvert grand la porte (Canal +, France 2, M6...). En face, le mouvement social en général et le mouvement antifasciste en particulier ont tardé à prendre l’offensive et à leur contester l’espace politique, physique et médiatique.

Certains souhaitent réduire ce meurtre à une simple bagarre où Clément et ses amis auraient leur part de responsabilité. Leur seule responsabilité est de combattre l’extrême droite au quotidien dans une société qui la banalise de plus en plus. Ceci face à des groupes comme les JNR chez qui la violence est le moteur de leur engagement et où le recrutement se fait par rapport à la circonférence du biceps. Un groupe dont les membres ont déjà été condamnés pour meurtre et agressions racistes, notamment leur leader connu pour son utilisation de la batte de baseball.

Rennes n’est pas épargné par la violence d’extrême droite. Depuis quelques mois les tags ouvertement nazis et fascistes se multiplient, les intimidations et agressions contre toute personne qui s’oppose aux idées d’extrême droite aussi. Des attaques ciblées sont mises en place contre des lieux connus comme fréquentés par des militants antifascistes ou tout simplement de gauche. À Rennes l’extrême droite a déjà tué : le 2 août 2009 Frédéric Bourget décédait suite à une agression par des skins nazis de la même mouvance que les JNR. Ne nous y trompons pas : nous savons très bien que la barbarie subie par Clément aurait pu accabler l’un ou l’une d’entre nous, une personne gay lesbienne ou trans, une personne étrangère ou perçue comme telle.

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Face au développement de l’extrême droite, l’on entend des revendications de dissolution. C’est une erreur ! À la fois car la dissolution n’a jamais empêché les groupes d’extrême droite de se reconstruire, par exemple Unité Radicale, Ordre Nouveau et Occident. Mais aussi car c’est attendre de l’État une action qui ne doit venir que du mouvement social, par l’organisation dans des structures antifascistes, par la prise en compte de l’autoprotection de nos initiatives, par une lutte quotidienne contre les idées d’extrême droite d’où qu’elles viennent. Un État dont les représentants s’associent hypocritement à nos rassemblements alors qu’il combat au quotidien les idées défendues par Clément, et voit dans son décès un moyen de récupérer la main face à son incapacité politique sur tous les plans. Les gouvernements successifs portent une lourde responsabilité dans la montée de l’extrême droite en banalisant ses idées, en orientant le climat idéologique sur l’identité nationale, sur la peur de l’autre, sur l’immigration toujours pointée du doigt dans les débats, sur une insécurité en grande partie fantasmée. Pire les gouvernements mettent en application une part non-négligeable des idées d’extrême droite en pratiquant le racisme d’État, la chasse aux sans-papiers, la traque aux Rroms, aux musulmans et assimilés, et en réprimant toujours plus le mouvement social qui est leur ennemi commun avec les groupuscules fascistes. Pour illustrer nos propos, nous tenons à vous informer qu’au moment même où Valls, Ayrault et consorts appelaient à la plus grande fermeté face à l’extrême droite, leurs nervis, plusieurs centaines de flics, encerclaient le quartier Barbès de Paris et raflaient quatre bus complets de migrants.

Ce n’est en effet pas un hasard si les fascistes s’en prennent à un militant du mouvement social, un syndicaliste de lutte, anticapitaliste, révolutionnaire. Les fascistes ont beau adopter une posture anti-système, prendre des accents sociaux, ils sont toujours du côté du système et de la classe dominante. L’élimination du mouvement social fait partie de leurs fondements et ils en sont les adversaires les plus acharnés. En assassinant Clément, c’est à ce qu’il représente qu’ils se sont attaqués, au militant antifasciste radical, membre de l’Action Antifasciste Paris-Banlieue, et aussi au militant syndical de Solidaires. Par ce meurtre, c’est tout le mouvement social qui est attaqué et c’est donc tout le mouvement social qui doit réagir, dans l’unité et dans la clarté idéologique.

LE FASCISME C’EST LA GANGRÈNE, ON L’ÉLIMINE OU ON EN CRÈVE !

Source : http://www.antifabzh.lautre.net/roazhon/?p=1052