Régionales : quand la France a cette gueule-là, c’est qu’elle est bien malade !

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La France qui vote vient de montrer son vrai visage : celui de l’intolérance, du repli sur soi, de l’obsession sécuritaire, des valeurs sexistes et racistes, celui des nostalgiques de la France d’hier, celle des colonies et de Vichy, celui des réactionnaires d’aujourd’hui. Avec près d’un inscrit sur 7 ayant voté pour le Front national (si on prend en compte une participation de 50%), voilà le parti de Marine Le Pen qui parade en tête d’au moins six régions. On constate en particulier de très fortes progressions dans des zones qui, il y a quelques années, étaient épargnées par le phénomène, en particulier en milieu rural. Attendons que le spectacle des élections cesse pour mesurer les conséquences exactes des résultats sur le plan local et national ; mais dès à présent, on peut, d’un point de vue antifasciste, faire sur cette situation prévisible quelques commentaires "à chaud".

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Qu’on les rejette ou les accepte comme un mal nécessaire, les élections sont en tout état de cause un révélateur, celui de la pénétration des idées du FN dans le corps social, de son acceptation par une frange non négligeable de la population. Son succès auprès des ouvriers et des jeunes, même s’il ne s’agit que d’une partie d’entre eux et que l’abstention reste forte, ne peut pas non plus être ignoré, surtout de la part de celles et ceux qui estiment à tort, soit par cynisme électoral soit par idéalisme (le fameux "sujet révolutionnaire"), que ces franges de la population seraient acquises de façon quasi-automatique à la gauche. Le FN peut représenter un espoir, un projet à défendre, en un mot une "alternative", et c’est aussi cela qu’il faut accepter de questionner et de déconstruire. Sur le plan local, ce projet va devenir réalité, du moins en partie, car comme tout parti politicien, le FN ne tiendra pas ses promesses : mais sa capacité de nuisance sera déjà bien suffisante pour obliger celles et ceux qui pensent qu’un autre monde est possible aux antipodes des valeurs frontistes, à serrer les rangs et à entrer en résistance active, loin de la sempiternelle "vigilance" qui n’est désormais plus d’actualité.

Par ailleurs, au-delà des élections elles-mêmes et de la façon dont les régions seront gérées, avec ou sans le FN à leur tête, ces résultats sans précédents de l’extrême droite vont probablement donner des ailes à tous les groupuscules et partis fascisants, en particulier en Picardie, dans le Nord Pas-de-Calais, dans l’Est ou en Paca. Galvanisés par ce qu’ils interprètent comme un soutien populaire à leurs idées, les identitaires et fascistoïdes de tous poils vont probablement intensifier leurs actions agressives à la fois contre les migrants, comme on l’a vu récemment en Bretagne ou ailleurs, et contre leurs opposants, comme récemment à Marseille, Angers ou Lyon : à nous de ne pas nous laisser intoxiquer par l’arrogance affichée par le Front national et les bras cassés (et néanmoins tendus) qui lui tournent autour, et à continuer d’une part, et sans relâche, à dévoiler les connexions entre le parti de Marine Le Pen et l’extrême droite radicale, et d’autre part à organiser et rendre visible une opposition franche et déterminée à la mise en place de ses politiques d’exclusion et aux tentatives d’intimidation des agités nationalistes.

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Enfin, le danger que cette avancée de l’extrême droite représente ne doit pas permettre au gouvernement en place de singer un antifascisme de pacotille en se proposant comme rempart au "fascisme", alors que l’état d’urgence qu’il a déclaré et les mesures liberticides qui l’ont accompagné se sont pour l’instant surtout acharnés dans les rues contre tous celles et ceux qui contestent sa politique, comme la répression de la manif du 29 novembre dernier à Paris l’a montré. L’autoritarisme et le tout-sécuritaire n’est pas le propre du FN, loin s’en faut : et comme on dit, le problème n’est pas seulement que le FN arrive au pouvoir, mais que ses idées soient mises en œuvre par ceux qui y sont déjà.

Difficile dans cette situation de ne pas se sentir un peu dépassé-e : car comment arriver à tenir sur tous les fronts, surtout quand dans le même temps on a le sentiment que l’ensemble des luttes qui ont porté les mouvements émancipateurs et protestataires sont en berne ? Bien malin-e sera celui ou celle capable de répondre, mais en attendant, nous restons persuadés que c’est en reliant entre elles les luttes (même affaiblies) pour la défense des libertés et des droits de chacun-e, quelque soit son statut administratif, sa nationalité, ses désirs et ses choix, pour l’égalité et la justice sociale, pour la solidarité internationale, que nous parviendrons, comme nous le pourrons, à braver la tempête qui s’annonce…
La Horde