Des antifascistes de Quimper nous ont envoyé les informations suivantes :

Samedi 25 octobre, un conglomérat d’organisations d’ultra-droite a pu, grâce à la protection d’un imposant dispositif policier, parader dans les rues de Quimper pour y proférer sans retenue ses idées haineuses et islamophobes. Cette marche intervient seulement une semaine après une série d’agressions racistes dans le centre-ville. Tandis que la presse locale multiplie les intox et cherche une fois de plus à mettre fascistes et antifascistes dos-à-dos, voici quelques précisions sur les récents événements qui ont marqué la “Belle Endormie”.

Bas les masques pour les prétendus skinheads apolitiques

Tout récemment, les terrasses des bars de la ville ont été le théâtre de violences racistes à 2 reprises en l’espace de 24h. Au Ceili, un pub irlandais très populaire, 5 à 10 crânes rasés ont verbalement agressé un jeune homme car celui-ci était noir. Les clients présents ont fait preuve d’une solidarité exemplaire en s’interposant, une rixe a alors commencé. Après avoir causé beaucoup de dégâts matériels, les racistes ont été mis en fuite et certains d’entre eux ont été clairement identifiés comme faisant partie d’une bande qui a déjà fait parler d’elle sur Quimper.

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Originaires de Douarnenez et se prénommant Tom, Billy, Ségolène, Arthur, ce sont des soi-disant skinheads apolitiques qui ont pignon sur rue (un tattoo-shop au pied du Frugy) et qui sévissent depuis plusieurs années. Leur dérive idéologique a commencé par leur prise de position en faveur du crypto-fasciste Ronan Breizh Wankers à la fin des années 2000. A ce moment leur activité n’avait qu’une dimension virtuelle, par des tentatives de menaces et d’intimidations, traquant leurs ennemis désignés sur des forums ou les harcelant sur Facebook.

En juin 2012, ils passaient au niveau supérieur, en se rendant complices du lâche passage à tabac d’un musicien de rue qui portait un badge du SCALP, par 6 à 8 néo-nazis vendéens (les mêmes qui ont commis des agressions racistes à Nantes cette année). Ils ont aussi été impliqués dans des escarmouches au cours de plusieurs événements culturels tels que le Festival de Cornouaille ou lors de manif’ bretonnantes. A chaque fois que ces petites frappes quimpéroises décident d’inviter leurs copains nazillons des autres villes, c’est l’occasion de se croire dans les années 1980, traîner en bande et jouer les terreurs. Dans une relative impunité, puisque la police préfère fournir de pâles excuses pour nier le caractère idéologique de leurs actions.

Pourtant, la plupart des autres skinheads de Quimper leurs ont déjà tourné le dos depuis un moment. Très courageux, ils se sont également choisi comme victimes de très jeunes skins qu’ils cherchent à embrigader dans le camp nationaliste en leur imposant divers rituels d’humiliation, tels que des claques ou du racket de vêtements. Mais dès que le rapport de force n’est pas en leur faveur, ces fachos refoulés affirment être de simples apolitiques, se cachant derrière un badge Trojan ou un t-shirt Angelic Upstarts pour se dédouaner des accusations qui les visent. Argument peu solide, sachant qu’ils sont aussi à l’origine de la page Facebook “Smash the reds - Quimper”, créée début 2014, et des tags néo-fascistes et haineux ("Soutien à Esteban" et "Crève antifa" par dessus des graffitis à la mémoire de Clément Méric) qui apparaissent régulièrement, dans ce même quartier où ils ont dernièrement commis des violences racistes. L’écran de fumée de la “provoc” étant désormais dissipé, la plèbe quimpéroise est aujourd’hui avertie et vigilante. Bas les masques, les seuls activistes d’extrême-droite présents à Quimper se trouvent être ces "apos"…

Képis + Nazis = Love

Cette extrême-droite purement “de rue” fait écho, à une semaine d’intervalle, à l’extrême-droite institutionnelle, dans le contexte d’un campagne islamophobe menée par Claudine Dupont-Tingaud, en raison d’un projet de construction de mosquée à l’initiative de la communauté turque musulmane. Au mépris de la démocratie et de la laïcité, avec la haine raciale et le prosélytisme religieux pour seuls moteurs, c’est toute la fachosphère bretonne qui a répondu à l’appel de ce week-end. Alors que la communauté turque musulmane est présente depuis près d’un demi-siècle et que les différents courants religieux y coexistent sans problème, l’extrême-droite cherche à attiser la haine et diviser le peuple quimpérois en désignant l’islam comme une menace au patrimoine breton. La ville dispose d’une gigantesque cathédrale et d’innombrables églises et chapelles, mais pour ces adeptes d’une “laïcité préférentielle”, une mosquée avec un minaret sans appel à la prière et financée uniquement par les pratiquants, c’est un signe avant-coureur du "Grand Remplacement" (en fait, le seul remplacement est celui d’une mosquée déjà existante pour des raisons de manque d’espace).

Quimper—Résistance

La manif’ “Quimper Résistance” était un beau cocktail des pires émanations de l’extrême-droite française et bretonne. Aux côtés du Parti de la France et d’une poignée de vieux bourgeois, catholiques intégristes ou nostalgiques de l’Algérie Française, défilaient les boneheads de Adsav, du Bloc Identitaire ou encore de Nouvelle Aurore. Entre slogans haineux et références à Charles Martel, l’affirmation de “On est chez nous” était quelque peu hilarante de la part d’un cortège qui n’aurait pas dépassé la vingtaine si des soutiens des départements voisins n’étaient pas venus en masse.

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Au même instant, place Terre-aux-Ducs, se déroulait un rassemblement d’opposition, pour le vivre ensemble et la laïcité, contre l’intolérance, le racisme et le fascisme. Celui-ci a rassemblé entre 100 et 150 personnes, ce qui est un franc succès dans une ville de la taille de Quimper. Il est d’ailleurs déplorable que la presse locale ai insisté sur la présence de partis et organisations politiques car il s’agissait avant tout d’un événement unitaire, la plupart des gens étant venus à titre individuel. Souhaitant faire barrage à la marche néo-nazie, une trentaine de copains et copines, jeunes et moins jeunes, ont quitté la place Terre-aux-Ducs pour former un black bloc. La manif’ anti-mosquée a été rencontrée aux abords des Halles et la confrontation a été brève, puisque la BAC s’est interposée dès l’approche des antifascistes, qui ont dû reculer sous la menace des flashballs et des gazeuses. Protégée par la police, une poignée de fafs à cru intelligent de tenter une charge, qui s’est étouffée aussitôt. Après quelques jets d’oeufs périmés et de fumigènes, l’escarmouche a rapidement pris fin avec l’intervention des gardes mobiles.

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Ceux-ci ont activement quadrillé les rues piétonnes du centre-ville afin de barrer tout accès aux antifas vers la place St-Corentin, ce qui a permit aux fachos d’y faire leur loi. S’étant fait gardes du corps d’authentiques néo-nazis sous prétexte de manifestations déclarées ou non-déclarées, les autorités ont bien entendu été applaudies et copieusement arrosées d’insultes.

Leur acharnement a finalement poussé le cortège antifasciste à se disperser. Histoire de terminer en beauté, aux alentours de 14h, un bonehead issu d’un groupe provenant de Nantes a été arrêté sur la place de la Résistance. après avoir frappé un mineur suite à un échange d’insultes. Jamais lassé de débiter des atrocités légalement répréhensibles, le site nazillon Breiz Atao a publié une liste de photos des “traitres pro-islam” et incite à la délation afin d’identifier les personnes ayant pris part au rassemblement antiraciste…

La culture bretonne s’est toujours caractérisée par le goût du voyage et l’amitié avec d’autres cultures partout dans le monde ; une dérive xénophobe dans nos contrées ne serait qu’une insulte à l’histoire de notre peuple. S’il y a bien une défiguration de notre culture à dénoncer, ce n’est pas l’islam qui est à pointer du doigt mais bien l’extrême-droite, connue depuis longtemps pour se réapproprier d’authentiques symboles celtes et nordiques. Pour exemple, la croix celtique écourtée où encore le moins connu Kroaz Du, premier drapeau de la Bretagne, que les fascistes parisiens utilisèrent pour accueillir les troupes nazies à leur arrivée dans la capitale. “Breiz atao” est une expression péjorative désignant quiconque collaborait avec les nazis dans l’espoir d’obtenir l’indépendance de la Bretagne. Sous l’Occupation, on appelait “Breiz atao” ces miliciens qui assassinaient ou dénonçaient des membres de la Résistance. Dans le maquis breton, un dicton disait “Breiz atao, tout juste bon pour une balle”.

Des antifascistes de Quimper