Alors que nous avons la semaine dernière publié un article consacré au National Socialist Black Metal (NSBM) et à son représentant français Peste Noire, le webzine antifasciste québécois Dure réalité nous alerte sur un concert de Graveland, groupe de NSBM polonais, prévu prochainement à Montréal : en voici un extrait, précédé de quelques petits compléments de notre part.

Signalons au passage que, sur la même affiche, on retrouve deux autres groupes « intéressants ». D’abord, le groupe de NSBM québécois Forteresse, dont l’un des membres, “Athros”, chante également dans Blutskrieg, un autre groupe québécois ouvertement néonazi ; Forteresse est l’une des principales figures du mouvement völkisch black metal dit Métal Noir Québecois (MNQ). Ensuite, Mgła, groupe NSBM polonais (du label finlandais Nothern Heritage), dont les concerts ont été annulés en Allemagne en raison de ses liens avec des néonazis.

L’article de Dure Réalité :

Année après année, Sepulchral Productions et l’homme qui se cache derrière cette entreprise, Martin Marcotte, se démènent pour attirer au Québec des groupes de Black Metal toujours plus louches et plus racistes les uns que les autres. Cette année, Marcotte frappe fort encore avec l’organisation de la sixième Messe des Morts en invitant l’un des groupes ouvertement racistes les plus emblématiques de cette scène musicale : Graveland. En effet, ce groupe assume ses tendances antisémites et suprématistes blanches tout en rejetant les allégations de nazisme qui lui collent, souvent avec raison, à la peau. Regardons ce qu’il en est de plus près…

Ce n’est pas à tous les jours qu’un groupe phare de la scène black metal d’extrême droite vient se produire à Montréal. C’est pourtant ce qui est prévu à l’horaire de la Messe des Morts VI avec comme tête d’affiche, les Polonais de Graveland. Ce groupe a commencé à sortir des albums en 1992, mais n’a commencé à se produire en concert qu’à partir de 2016, soit 24 ans plus tard, ce qui ajoute aussi à la « légende » entourant ce groupe.

Pourtant, si on cherche un tant soit peu sur Graveland, un élément revient constamment, leurs liens avec les idéologies de la suprématie de la race blanche qui sont assez difficiles à ignorer. Bien que le groupe ait toujours contesté ses liens avec la mouvance NSBM (pour National Socialist Black Metal ), il n’a jamais remis en question ses idées xénophobes et racistes. Sur le site web officiel de Graveland, on trouve des entrevues archivées dans lesquelles Robert Fudali, aka Rob Darken, le chanteur de la formation, répond à toutes sortes de questions sur les identités raciales, sur les liens du groupe avec l’extrême droite musicale ou politique, sur le lobby juif international, sur l’immigration etc. Voici quelques citations (en anglais) de ces entrevues :

The depraved and plunged in a rot of moral decadence individuals (very often of Jewish descendants) hold the keys to this shady business. They promote all kinds of anti-family schism, supporting at the same time homosexuality, negrosemitism….the “culture” produced by these individuals take precedence over traditional national values.1

There is no population growth among White population. The governments created the perfect conditions for non-Whites to live in our countries so they live here and reproduce.2

And it turned out that my political convictions and inspirations have the traits of the ideologies supported by the skinhead underground. But it was not a problem for me and I did not care when I was accused of spreading neo-Nazi ideology.3

graveland
Graveland

Et ce n’est pas tout, Graveland a toujours eu des liens avec les adeptes du mouvement NSBM ainsi qu’avec plusieurs groupes de musique partageant ses idées xénophobes. La formation a notamment fait des co-productions avec Honor (band néo-nazi polonais formé de boneheads ), Nokturnal Mortum (NSBM, Ukraine), Kreuzfeuer (RAC/Hatecore4, Allemagne) et Temnozor (NSBM, Russie). Le groupe interprète également une chanson écrite par JFN du groupe allemand de National Socialist Black Metal Absurd au nom évocateur de White Hand’s Power . Graveland est aussi associé au Pagan Front, une organisation formée de différents bands, labels et zines faisant la promotion de la suprématie blanche. Graveland est identifié comme groupe haineux par le Southern Poverty Law Center ainsi que l’Anti-Defamation League et plusieurs de ses albums sont interdits de vente en Allemagne.

Il n’est donc pas surprenant que les premiers concerts de la formation, en 2016, aient dû faire face à des mobilisations antiracistes. Il faut dire que Graveland a donné l’une de ses premières prestations au festival italien « Hot Shower » (en référence aux chambres à gaz des camps d’extermination nazis), un festival 100% NSBM avec des groupes tels que Frangar, Goatmoon, Baise ma Hache ou White-Death. Soulignons que des groupes antifascistes en ont profité pour organiser le FUCK NSBM FEST en réponse.

Les Polonais se sont également produits au Ragnard Rock Fest, en France, en juillet dernier. L’annonce de la venue de ce groupe raciste, accompagné de plusieurs autres, dont Nokturnal Mortum, Kroda, Khors et Naer Mataron, a donné lieu également à des dénonciations de plusieurs groupes antifascistes et s’opposant au racisme, dont l’organisme SOS Racisme et la Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme (LICRA) qui ont appelé à l’annulation de l’événement. Plusieurs saluts fascistes et t-shirts de groupes haineux auraient été observés durant la prestation de Graveland et tout au long de l’événement5.
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