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Le réalisateur Pierre Carles s’est cru malin en publiant dans le numéro d’été de Siné Hebdo une "analyse" aussi faussement impertinente qu’erronée à propos du meurtre de Clément Méric : celui-ci serait le résultat de la lutte des classes, avec Clément dans le rôle de l’affreux bourgeois cultivé, et Morillo dans celui de la pauvre victime prolétaire. Bien qu’il ne fasse en réalité que reprendre le discours misérabiliste que l’extrême droite relaie depuis des semaines, accordons lui la possibilité d’une lecture "marxiste" de l’événement, mais pour lui rappeler que Morillo, c’est le Lumpenproletariat, un supplétif de la bourgeoisie, le bras armé de sa domination… Mais la question n’est pas là, car Carles se fout bien et de l’extrême droite, et de l’antifascisme : en titrant « Pierre Carles décortique l’affaire Clément Méric », en une de son numéro d’été, Siné Hebdo rejoint la meute des charognards qui vendent du papier sur le dos de Clément, et Carles celle des plumitifs en mal de publicité : Siné Hebdo et RTL, même combat, quant à Pierre Carles, il est bien possible qu’on le retrouve sous peu, sinon comme Robert Ménard roulant pour le FN, du moins parmi ces « gens de gauche » qui, avec l’air de ne pas y toucher, grenouillent à l’extrême droite, comme son copain Marc-Édouard Nabe, présent à l’inauguration du Local de Serge Ayoub en 2007 ou, plus récemment au théâtre de la Main d’Or pour faire dédicacer son livre L’Enculé en présence de Dieudonné…

Carles

Pour une analyse plus précise, on vous conseille aussi de lire la réponse publiée par Article 11, signée de Serge Quadruppani et Odile Henry, dont voici le début :

La volonté, fort utile, d’aller à contre-courant des discours tenus par les médias dominants peut aussi conduire à des raccourcis et des amalgames dignes des éditocrates qui y sévissent. Pierre Carles en offre une illustration dans une récente tribune publiée par Siné Mensuel . Convoquant dès les premières lignes Karl Marx et Pierre Bourdieu, le cinéaste soutient que « la lutte de classes » est une « dimension fondamentale » de la bagarre qui s’est terminée par la mort de Clément Méric. Pour en arriver à cette énormité, il commence par un coup de force intellectuel : par le détour d’une interrogation purement rhétorique, il soutient que Clément et ses amis ont été « victimes d’un certain complexe de supériorité intellectuelle ». Avec les informations accessibles au public (et si Carles en possède d’autres, qu’il les communique), il faut être soi-même doté d’une confiance peu banale dans ses propres capacités intellectuelles pour prétendre connaître la psychologie des acteurs de ce drame. En matière de « capital culturel », pour utiliser le même terme bourdieusien que Carles, ce qu’on sait de Clément Méric donne à penser qu’en effet, il était mieux pourvu qu’Esteban Morillo, le skin qui l’a tué. Mais pour tous les autres participants à la rixe, des deux côtés, on ne sait rien. C’est un peu insuffisant pour transformer de jeunes antifascistes en petits bourges prenant de haut des prolos.

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