Antifa logo

Rappel sur ce qu’est pour nous l’antifascisme :

La lutte antifasciste se résume trop souvent à une simple opposition à l’extrême droite, ce qui l’empêche de prendre une véritable dimension politique. Pour nous, l’antifascisme se définit avant tout par des pratiques : l’information, la confrontation, la solidarité. Mais l’expérience nous a appris que certains principes sont fondamentaux, car tout antifascisme cohérent ne peut être qu’autonome, révolutionnaire et internationaliste. L’antifascisme n’est à nos yeux ni une posture, ni une position de principe, mais quelque chose de dynamique, un engagement réel. Il existe bien des façons de lutter contre l’extrême droite, à condition de n’en négliger aucune.

Notre antifascisme doit rester autonome, à l’égard de l’État comme des partis électoralistes. La société française contemporaine s’est constituée, à la Libération, sur l’antifascisme, et pour cette raison tous les partis politiques sont « antifascistes » : pour affirmer sa distance à l’égard de cet antifascisme républicain et pour être capable d’analyser l’extrême droite dans toutes ses dimensions (et pas seulement comme simple ennemi de la démocratie libérale), notre antifascisme est très clair sur ses positions non seulement à l’égard du racisme d’un État qui expulse tous les jours mais aussi quant aux opérations répressives de l’État contre l’extrême droite : les procédures judiciaires (interdiction, dissolution...) ne sont pas des armes politiques au service de l’antifascisme, mais des outils au service de l’État qui protège ainsi le modèle de société qu’il représente.

De même, le vote n’est pas une arme efficace contre l’extrême droite, car il délègue à d’autres le soin de lui faire barrage : pas question de signer un chèque en blanc aux partis de droite comme de gauche qui ont montré des années durant de quelle façon ils recyclaient les idées du Front national une fois arrivés au pouvoir. Mais au-delà de la situation dans le pays où l’on vit, notre antifascisme se doit d’être internationaliste, car c’est évidemment la meilleure réponse aux logiques nationalistes : abolition des frontières, libre circulation, solidarité internationale, rejet des logiques de guerre, telles sont les revendications indissociables de notre lutte antifasciste. L’extrême droite se développe dans chaque pays de façon différente, parce qu’elle est le produit de la société qui la voit naître : c’est par la connaissance de la diversité des situations que l’on peut mettre en perspective sa propre situation, les enjeux de l’antifascisme ici et là-bas et organiser des réseaux de solidarité antifasciste internationale.

Aussi, être antifasciste aujourd’hui dans nos sociétés libérales, c’est placer la critique de l’État et du capitalisme au cœur de l’analyse du processus de fascisation, à l’échelle nationale et internationale. Pour mener un antifascisme digne de ce nom, il faut donc que sa fin et ses moyens soient clairement replacés dans un projet global de changement social. Nous pensons que, lorsqu’elle est auto-organisée et autonome, la lutte antifasciste est une lutte émancipatrice, parce que nous nous donnons les moyens de résister au climat de peur que veulent instaurer les groupes violents d’extrême droite, et parce que nous proposons des alternatives en actes aux fausses solutions du discours nationaliste et raciste. Nombreux sont les clichés sur l’antifascisme qui le réduisent à une opposition stérile entre deux groupes antagonistes, à une lutte simpliste et manichéenne. Or nous pensons qu’il importe de ne pas hiérarchiser les luttes : ni meilleur ni pire qu’un autre, le combat antifasciste, lorsqu’il s’inscrit dans une perspective de changement social, est légitime, et ce d’autant plus que de nombreux groupes d’extrême droite prétendent incarner une alternative au « système ».