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Au sommaire du numéro d’été 2013 de No Pasaran, on trouve, entre autres, plusieurs articles sur l’extrême droite (sur les JNR, sur les défilés du 12 mai) et le racisme d’État. En voici un extrait, sur l’impasse du Front républicain quand les élections se rapprochent…

Après la déroute électorale du Parti socialiste au premier tour lors de l’élection législative de Villeneuve-sur-Lot, on a vu resurgir le sempiternel Front républicain contre le Front national. Il va sans dire que cette position n’a jamais été défendu par les antifas radicaux. Depuis 30 ans, le discours est le même : faire barrage au FN dans les urnes, dans le même temps où l’on applique des politiques sociales et économiques qui ne font que le renforcer. Tout l’enjeu pour le PS est de diviser la droite - stratégie mise en place sous Mitterrand-, comptant sur les triangulaires UMP-FN-PS, pour garder ou arriver au pouvoir. Ces petits jeux de cuisine électorale finisse par lasser l’électeur, qui, on l’a vu à Villeneuve-sur-Lot, a voté blanc à 15% et où le report des voix socialistes a été tout juste pour permettre l’élection du député UMP.

C’est après l’affaire du “détail” lorsque Mr Le Pen avait parlé des chambres à gaz comme un point de détail de l’histoire, qu’au sein de la droite, les distances avaient prises avec le FN. On oublie de rappeler que dans les années 80, les mêmes débats agitaient déjà le landerneau médiatique et que des accords entre le RPR et le FN avaient été trouvé à l’occasion des élections municipales, régionales et législatives. Avec Marine Le Pen, le discours soft et débarrassé de ses oripeaux fascisants permet d’entrevoir notamment dans les régions où le FN est le mieux implanté des renvois d’ascenseur lors des prochaines élections. Certes cela ne passera pas par des alliances contresignés sur papier glacé, mais on fera en sorte de se partager le gateau. Car pour le FN, la prochaine étape est de reconstruire un appareil militant s’appuyant sur des conquêtes institutionnelles. Marine Le Pen n’entend pas seulement se situer en opposante virulente, mais veut devenir un partenaire incontournable pour l’UMP et pour ce faire, elle a besoin d’asseoir son Parti dans les espaces de gestion.

Doit-on recourir comme certains l’ont fait à la diabolisation du FN par le rappel à l’histoire des années trente ? On ne refera pas deux fois le coup de 2002 ; il n’y a que les aveugles qui n’avaient pas vu que Le Pen n’avait fait que 17% et la peur du grand méchant loup était bien servi par un personnage haut en couleur. En 2002, déjà, l’affirmation d’un combat social contre le FN nous faisait dire que la défaite de la gauche, de ses valeurs étaient dû à ses renoncements politiques et que face au FN, comme le disait nos amis de Ras l’Front, l’heure de la contre-offensive devait sonner. Une contre-offensive qui doit rompre avec le libéralisme et sa cohorte d’injustices. Et cela non lorsque se présente la période électorale, car à ce moment-là, tout le monde dit “la montée du FN, c’est à cause de la crise, etc...”, mais en proposant des alternatives économiques et sociales. Ceci non seulement dans l’hexagone, mais dans toute l’Europe. On voit bien que partout l’extrême droite gagne du terrain ; les mêmes causes produisant les mêmes effets. Donc si le Parti socialiste veut combattre le FN, c’est en changeant sa politique maintenant et non en implorant le Front républicain lors des élections.

Quelle riposte antifasciste ? Deux axes sont à développer en concomitance :

 s’organiser pour ne pas laisser l’extrême droite s’emparer de la rue et au-delà d’espaces sociaux et culturels. Travail d’autodéfense qui passe toujours par le travail politique d’information, d’action et de mobilisation comme le font par exemple les militant-e-s confrontés à Lyon à cette extrême droite radicale.

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- repenser un projet émancipateur ; ce qui dit comme cela semble totalement utopique et dénué de sens, mais on ne combat pas des pensées autoritaires, réactionnaires et conservatrices sans y opposer un projet collectif positif. C’est en cela que les comités de vigilance, au-delà de l’information et des mobilisations unitaire, ne peuvent répondre à la question politique de la montée du FN, car il s’agit toujours pour ces derniers, d’avoir en tête le rassemblement des forces de gauche, ce qui se traduit par une incapacité à mettre sur la table les sujets qui fâchent. Il ne s’agit pas de faire des amalgames douteux et ineptes sur une équivalence FN-PS mais de proposer des réponses économiques et sociales qui sont en opposition avec la politique menée par le Parti socialiste. Est-ce que le CONEX qui a quelque mois d’existence pourra dans un cadre large engagé ce combat ? Et sera t’il aussi capable d’aborder les sujets qui fâchent (sur le voile, la religion, les quartiers, les questions identitaires, etc.) pour construire un espace militant pluriel, qui a manqué cruellement ces dernières années ? Les mobilisations qui ont suivi la mort de Clément ont démontré une capacité à réagir sous l’émotion, et il faudra aller au-delà, construire ce Front social, pour regagner du terrain tant au niveau des idées que des valeurs au sein de la société.

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