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Si le FN n’obtient que 7% au niveau national, il a, comme dans les années 1990, de fortes chances d’emporter plusieurs mairies de villes de plus de 10 000 habitants. Il semblerait que la nouvelle tactique militante du FN, qui a préfèré se concentrer sur des villes où il pensait faire des bons scores plutôt que de présenter des listes partout a été payante. De plus, cela a permis  de réunir et renforcer les équipes frontistes, qui du coup sont très présentes sur les villes où  il y a une liste… Cela dit, si le succès est effectivement parfois le résultat d’un véritable travail de terrain sur le long terme ou porté par des "enfants du pays", comme à Hénin-Beaumont, Fréjus ou Perpignan, on ne peut pas en dire autant des autres villes, dans lesquels le FN s’est souvent contenté de parachuter quelques figures médiatiques ou ses principaux dirigeants non implanté localement, ou encore de récupérer des sarkozistes déçus…

Petit tour des villes où le FN est arrivé en première position :

Hénin-Beaumont  : Steeve Briois obtient 50,3% et remporte la mairie, récoltant les fruits d’un travail de terrain décrit dans le documentaire Au pays des gueules noires : la fabrique du Front national (pour finir de se déprimer, on notera que la participation à été de 64,59%, très au-dessus de la moyenne nationale...). Cette victoire haut la main n’est pas le fruit du hasard, le FN ayant su, grâce à un véritable travail proximité, profiter de la situation particulièrement dégradée de la ville, tant politiquement qu’économiquement et socialement.

Fréjus  : David Rachline, avec 40,2% des voix (contre 12,5% dans la même ville en 2008), a lui aussi de fortes chances de remporter la mairie au deuxième tour. Rachline est né à Fréjus, s’est engagé à 15 ans au FN et a été responsable du Front national de la Jeunesse (FNJ) dans le Var, avant d’en devenir le directeur national pendant la prise de pouvoir de Marine Le Pen au sein du FN, où il a été chargé d’y faire le ménage, le débarrassant de ses éléments les plus encombrants. Cette âme damnée de Marine Le Pen a les dents qui rayent le parquet, et son score aux municipales de cette année s’inscrivent parfaitement dans son plan de carrière politique (en 2010, il avait été élu conseiller régional de Provence-Alpes-Côte d’Azur).

Perpignan  : Louis Aliot, le compagnon de Marine Le Pen et vice-président du FN, a recueilli 34,4% des voix, lui aussi dans son pays d’origine. Il est l’un des seuls à avoir, comme Steeve Briois, une expérience de conseiller municipal (en 2008, il avait obtenu 12,28% au premier tour à Perpignan) ; il est également conseiller régional de Languedoc-Roussillon.

Béziers  : 44,7% pour Robert Ménard, officiellement indépendant du FN, qui après des vacances à Béziers en 2012 juge des quartiers de la ville " occupés par des pauvres, des musulmans et des gitans " en tire la conclusion que " regrouper plusieurs communautés dans un même quartier, c’est de la folie " et décidé de se présenter dans la ville : prochainement la ségrégation à l’ordre du jour du prochain conseil municipal ?

Forbach  : Florian Philippot y obtient 35,75% ; pour cet arriviste qui a réussi, plus vite encore que Bruno Mégret en son temps, à s’imposer en quelques mois à la tête du FN, le choix de se présenter à Forbach ne doit rien au hasard. La Lorraine est une terre de choix pour le FN , et plus particulièrement en Moselle (sept de ses treize listes ont dépassé les 10 %…). Et Philippot pouvait aussi compter localement sur la division à droite.

Avignon  : 29,4% pour Philippe Lottiaux, (un parachuté comme Ménard ou Philippot) qui avait reconnu ne rien connaître de la ville en dehors du festival devant les caméras de Canal Plus. On ne connaît de lui que les plutôt pathétiques tentatives d’imitation de ses spectacles comiques sous le nom de Philippe Bacart. Dire qu’il n’était déjà pas drôle avant...

Digne-les Bains  : 27,69% sous l’étiquette RBM pour Marie-Anne Baudoui-Maurel, cette ancienne présidente départementale de l’association des Amis de Nicolas Sarkozy a déclaré à Nice-Matin qu’elle "[n’aurait] jamais adhéré au Front national sous Jean-Marie le Pen" : comme on dit, avec Marine, la merde, ça sent bon !