Montpellier : la Ligue du Midi refait parler d’elle en attaquant une association humanitaire

Alors que cela faisait bientôt un an que la Ligue du Midi, le groupuscule raciste animé par la famille Roudier, n’avait pas trop fait parler d’elle, revoilà sa poignée de militants à la manœuvre dans une "action" dont la bêtise n’a d’égal que la lâcheté (voir aussi ici et ). Après une rapide présentation des faits et des agresseurs, nous vous proposons un rappel du "palmarès" de la famille Roudier en matière de violence…

Montpellier-29-06-2017
Faut quand même être sacrément débile pour choisir comme cible une association d’aide à l’enfance, fût-elle étrangère…

Le 29 juin dernier, rue Castilhon à Montpellier, une demi-douzaine d’individus pénètrent dans les locaux de l’association Raih (Réseau accueil insertion Hérault), qui s’occupe de l’accueil et la protection des mineurs étrangers isolés. Au milieu des dessins d’enfants punaisés au mur, la petite troupe d’abrutis saccagent le local sous les yeux atterrés des quelques femmes présentes, tandis qu’un papi moustachu grimpe sur une table pour tenir un discours pour ses ouailles sur les « collabos » qui aident les enfants étrangers « avec l’argent du contribuable ». Le tout est filmé et mis sur les réseaux sociaux, avec en musique de fond un morceau du groupe italien Bronson, affilié aux néofascistes de Casapound…

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Richard Roudier à gauche, son fils Olivier à droite, lors du saccage des locaux du

À la manœuvre de cette opération de com’ aussi lâche que stupide, la Ligue du Midi, un groupuscule identitaire local animé par la famille Roudier : le père, Richard Roudier est un vieux briscard de l’extrême droite radicale, sur le parcours duquel nous revenons en détail dans un autre article à lire ici. Il est accompagné de son fils Olivier, l’un des plus excités ce jour-là et reconnaissable à son béret immanquablement vissé sur le crâne, qui lui aussi fera prochainement l’objet d’un portrait de notre part.

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Carl-Hugo Pinto Sendra, un gros mytho…

Enfin, parmi les autres militants présents ce jour-là, on a pu reconnaitre un certain Carl-Hugo Pinto Sendra, militant de la Ligue du Midi mais aussi de l’Action française, animateur d’un pauvre blog et amateur de National-Socialist Black Metal (NSBM) : il est d’ailleurs actuellement à la recherche d’ossements (sur son compte FB) sans doute pour de petites cérémonies privées, avis aux amateurs… Quant aux autres, sans vouloir faire de délit de faciès, disons que certains avaient la tête de l’emploi !

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Une belle brochette d’abrutis…

Si, depuis un an, la Ligue du Midi avait plutôt eu tendance à moins faire parler d’elle, ses militants, et en particulier ses principaux animateurs, sont des habitués des tribunaux pour différents faits de violence. Rappel non-exhaustif des principaux « faits d’arme » de la famille Roudier.

Richard le « psychopathe »

Richard Roudier, artisan de sa propre légende, n’aime rien plus qu’évoquer ses bagarres forcément homériques contre les « bolchos » dans les années 1960, à l’époque de son engagement dans les rangs de la FEN. De cette époque, il se souvient ainsi dans son autobiographie Le Glaive et la Charrue (2013) : « C’est au cours du mois de mai [1968] que je réalise “in situ” que le corps humain peut être facilement démultiplié quand on le prolonge par une chaîne de vélo. Je gagne ici définitivement, je crois, une réputation de psychopathe ». Il fait lui-même remonter sa première condamnation pour violence à cette époque, pour avoir « séquester » deux militants socialistes, qu’il aurait enlevé en pleine rue pour les relâcher nus quelques kilomètres plus loin… On savait s’amuser, à l’époque !

Roudier

Quelques années plus tard, au début des années 1980, appliquant la « métapolitique » si chère à la Nouvelle Droite, il se met au service de Georges Fontès, dit « Monsieur Georges », passé des sociaux-démocrates du PSD au RPR (ancêtre de l’UMP), et bien décidé à arracher la ville de Béziers aux communistes : après avoir fait les petites mains pour faire la campagne de Fontès, Roudier et son ami André Troise, un ancien de l’OAS, décident de « reprendre » la Maison pour Tous aux communistes, et déboulent à une cinquantaine pour menacer le responsable culturel du lieu…

Mais Richard Roudier n’est pas qu’un ancien combattant. Plus récemment, en janvier 2000, il a été emprisonné pendant plusieurs semaines pour des violences volontaires commises lors d’une manifestation d’agriculteurs en septembre 1999, alors qu’il était membre de la FDSEA du Gard. À la même époque, au sein d’Unité Radicale (UR) puis des Identitaires, il est généralement chargé du service d’ordre, et ne rechigne pas lui-même à distribuer quelques baffes avec les fistons, y compris contre d’autres nationalistes, comme en témoignent les échanges de coups avec Yvan Benedetti et des militants de Jeune Nation à Lyon lors d’une réunion d’UR en avril 2002, ou les coups de pression mis par les Roudier contre d’autres identitaires (qui avaient osé critiquer la ligne politique du mouvement) lors du solstice de l’été 2005 en pays cathare… Il est d’ailleurs plutôt craint dans le milieu, et rares sont ceux qui osent le contredire publiquement (hein, Thibaut ?). En 2005-2006, Roudier n’hésite pas à prendre contact avec Jean-Claude Nataf dit "Michaël Carlisle" , dirigeant de la Ligue de défense juive (LDJ), un groupuscule sioniste d’extrême droite, responsable de nombreuses agressions violentes dans les années 2000 (Roudier et des militants de la LDJ ont d’ailleurs assuré ensemble la sécurité des « Assises internationales contre l’islamisation de l’Europe » en décembre 2010).

Tel père, tels fils

Richard Roudier parle ainsi des bagarres partagées avec ses enfants : « C’est une joie indicible et profonde qui m’a envahi chaque fois qu’à la façon de la Taverne de l’Irlandais , je me suis battu aux côtés des miens, chaque fois qu’on a partagé le boulot de violence nécessaire ». Et c’est vrai que ses fils ne sont pas en reste…

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Les fils Roudier en pleine action à Bessans en 2005 : en rouge Olivier, en bleu Martial. En haut à droite, Richard console le fiston. (Photos : Midi libre)

En 2005, c’est en famille que les Roudier agressent un élu de Bessans, lui fendant la lèvre. Comme on peut le voir sur les photos ci-dessus, ils n’y vont pas de main morte : pourtant, ce jour-là, c’est Martial Roudier qui pleurniche en se jetant au sol, dans une assez cocasse inversion des rôles…

Olivier Roudier, lui, n’en est ni à son premier, ni à son dernier méfait : il a en effet été inculpé le 2 mars 2002 pour violences volontaires sur agent et port d’arme prohibée de 6ème catégorie en récidive suite à l’attaque menée le 27 février contre un rassemblement d’un comité de vigilance antifasciste. L’année suivante, il est à nouveau interpellé et placé 36 heures en garde à vue suite à une action contre Malek Boutih à Montpellier le 13 avril. En 2005, à l’occasion d’un meeting des Jeunesses identitaires à Nice, une partie des participants, dont les deux frères Roudier, participent à des affrontements après le meeting, au cours desquels un homme noir a été agressé et dépouillé. Fin juillet 2009, suite à une bagarre violente avec des jeunes à Saint-Nazaire de Pezan (où il réside alors), il est condamné à huit mois de prison dont cinq avec sursis. Toujours dans son village, deux ans plus tard, il est interpellé avec un ami pour des saluts nazis et des insultes racistes  : Olivier Roudier se justifie à la barre en juin 2012 en expliquant que c’était à cause de l’alcool, mais lors de son interpellation, il avait un poing américain sur lui… Il est condamné à 6 mois de prison ferme.

Le fils cadet de Richard, Martial Roudier, n’est pas en reste : il a lui été mis en examen pour tentative de meurtre avec un couteau suite à l’agression d’un jeune antiraciste de 16 ans à l’occasion de la Feria des vendanges à Nîmes, en 2008, puis condamné en juin 2013 à quatre ans de prison, dont deux ans ferme.

Au-delà de ces "faits divers", nous reviendrons en détail, dans des articles à venir, sur le parcours politique de ces trois énergumènes.
La Horde