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Manifestation à Milan le 25 avril 2017

Le collectif Cantiere à Milan (Italie) lance un appel pour une manifestation contre le racisme et le fascisme, à l’instar de la manifestation de Barcelone du 18 février dernier au cours de laquelle près de 200.000 personnes se sont réunies pour réclamer un meilleur accueil des réfugiés. Nous relayons leur appel que vous retrouverez dans l’agenda et nous associons à leur initiative :
Nous sommes la ville immigrée, métissée, solidaire : travailleuses et travailleurs, étudiants des écoles et des universités, précaires, activistes, associations, habitants des quartiers populaires et individus de seconde et troisième génération.

Nous vivons de notre chair l’érosion des droits du travail, la fonte de nos revenus, les politiques urbaines et sociales où l’ horizon de justice semble avoir disparu pour laisser place à la criminalisation de la pauvreté.

Nous résistons à une condition d’insécurité perpétuelle qui empêche une certaine stabilité de nos projets de vie : il y a peu de différence entre ce qui produit le chômage et la précarité, la restriction des droits au logement ou à la santé, et lire qu’ils nous contraignent continuellement à la loterie des permis de séjour.

Ils nous voudraient en guerre les uns contre les autres, en soufflant sur le feu de notre colère pour disperser nos énergies : résidents contre immigrés, précaires contre chômeurs, réfugiés contre migrants économiques, régularisés contre sans papiers. À cela ils servent leurs politiques qui, en produisant des zones grises aux marges de la légalité, engendrent peur et racisme.

Nous refusons l’idée que le racisme soit causé d’une certaine manière par le manque de contrôles exercés sur les migrants, et qui doit donc donc être combattu en restreignant les droits sur les personnes. Au contraire. À la base du racisme se trouve l’invention de l’épouvantail du « clandestin » alimenté par les obstacles aux séjours légaux et la ségrégation des personnes immigrées ; c’est une tactique que nous connaissons déjà trop bien et qui a produit sous les régimes nazis et fascistes les pires massacres de l’histoire.

Nous rejetons ces fausses oppositions parce que devant la privation de dignité, seule l’action concrète est le secours mutuel ; devant le problème commun de l’injustice, la seule réponse efficace est la solidarité.

C’est pour cela que nous travaillons chaque jour pour créer des occasions de rencontre et d’aide réciproque, en faisans de notre diversité une richesse à travers les activités concrètes que nous portons vers l’avant ; que nous combattons le fascisme et le racisme non par des discours mais en créant de la connaissance et du partage.

Avec nos mains, avec notre engagement, nous avons donné vie à une multitude d’expériences qui, chaque jour, pratiquent la solidarité concrète : associations culturelles et de volontariats, collectifs étudiants, comités de quartiers, écoles d’italien pour les personnes migrantes, forces syndicales, guichets juridiques, gymnases populaires et tant d’autres. Nous sommes promoteurs d’un accueil digne pour toutes et tous à partir du bas.

Partout en Europe la réponse aux situations indignes, naissent d’expériences d’auto-organisation en donnant un support concret aux personnes, générant des relations de solidarité. Voici alors la vraie résistance aux blocs et aux politiques xénophobes, voici l’antidote aux tentations autoritaires qui surgissent, toujours plus fortes quand les gouvernements se confient les dispositifs de contrôle policiers et militaires.

Nous avons donc recueilli le mot d’ordre « Personne n’est illégal », lancé par la grande manifestation de Barcelone le 18 février, en en faisant la base de notre proposition pour un accueil partant du bas, circulaire, basé sur la réciprocité et l’autodétermination ; non sur la militarisation et la ségrégation.

A Milan, comme à Barcelone, nous nous mobilisons pour dénoncer l’incapacité des gouvernements nationaux et de l’ensemble du système européen pour construire un accueil digne, pour porter à la lumière la solidarité que nous pratiquons avec les citoyennes et citoyens, indépendamment de leurs provenances et de leurs engagements, pour la construction d’une ville métisse, pour opposer aux politiques racistes et fascistes qui éliminent les droits humains ; ainsi notre proposition et notre engagement pour une Europe solidaire.

Nous voulons ouvrir dès aujourd’hui une grande discussion publique sur les perspectives d’un avenir basé sur le secours mutuel et l’enrichissement réciproque : nus souhaitons donner corps à en élaborant des propositions pour des périodes brèves ou plus longues, à tous les niveaux : local, national, international. 

  • Nous disons STOP aux politiques européennes et italiennes de rejet et d’exclusion : Non aux accords avec les dictatures et pays en guerre qui financent et multiplient les morts, Non a la violation des droits humains dans les Hot-spot et dans les centres, dénoncés entre autre par Amnesty International, Non aux décret Minniti qui reproduit l’idée du migrant comme un ennemi à travers les détentions administratives, les rapatriements forcés, les tribunaux spéciaux, et les pouvoirs extraordinaires accordés aux maires.
  • Nous demandons la liberté de circulation : nous voulons que toutes les personnes soient libres de pouvoir choisir où construire leur propre vie et qu’elles puissent le faire de manière digne ; nous refusons donc les structures ghettos et la logique raciste des services réservés aux migrants, nous proposons que les ressources considérables destinées au rejet et à la ségrégation soient soustraites des mains des trafiquants, spéculateurs et marchands d’armes et dédiées à un accueil large, à des services meilleurs pour toutes et tous indépendamment de leur nationalité.

Nous accueillons alors l’invitation à donner vie pour le printemps à une grande manifestation comme celle de Barcelone, partant du principe que personne ne peut être considéré comme illégal, tantôt échappant une guerre ou une dictature, tantôt abandonnant des territoires dévastés par ces mêmes pays qui les repoussent, partant à la recherche d’un futur meilleur. Nous défions dès aujourd’hui les institutions qui se proclament antiracistes à prendre position sur les politiques de rejet et de ségrégation, et surtout à agir de manière cohérente à leurs propres déclarations dans l’exercice réelle de leurs pouvoirs.

Nous invitons citoyens et citoyennes qui comme nous pensent que les droits sont enrichis lorsqu’ils sont partagés, qui comme nous croient à la solidarité et non à la peur, a faire de ce prochain 25 avril une journée de l’antiracisme et de la solidarité tous ensemble avec les personnes migrantes, parce que la mémoire est un instrument pour se réapproprier le présent et construire le futur.