Macédoine : mobilisation contre les nationalistes au pouvoir

Article publié dans le bulletinCommunisme ouvrier n°65 de mai 2016 :

Macédoine

Depuis le 13 avril, à l’appel d’une centaine d’organisations de la société civile, des organisations syndicales, des collectifs des chômeurs, des organisations féministes, des associations d’aide aux réfugié-es etc. soutenues par le « nouveau parti social-démocrate », des dizaines de milliers de personnes, des travailleuses et travailleurs, des privé-es d’emploi, des retraité-es, des étudiant-es… manifestent à Skopje demandant avant tout la démission du président Gjeorge Ivanov.

Les manifestations monstres se déroulent, à part à Skopje, dans pratiquement toutes les villes à travers le pays. De nombreuses entreprises sont également en grève. Et toujours le même ras-le-bol général exprimé par les manifestant-es, le rejet du VMRO, le parti nationaliste au pouvoir depuis 10 ans, le rejet des nationalismes, les revendications de démocratie, de justice et de liberté.

Parmi les slogans on retrouve : « Pas de Justice, pas de Paix », « Mort au fascisme, liberté pour le peuple » (un ancien slogan de la Yougoslavie antifasciste 1941-1945), « Égalité, Justice, Liberté », « Plus de liberté, moins de peur » etc. Dans les prises de paroles, à part la démission du président et les aspirations à plus de liberté et de démocratie, les revendications concernent les conditions de vie, les salaires, le chômage, les droits des femmes…

Un témoignage de Gabriela, militante des droits humains, pour qui la lutte contre les idéologies identitaires et le nationalisme est primordiale pour mener la lutte des classes. Elle met l’accent sur l’unité de différentes nationalités, que le pouvoir s’efforçait à diviser, qui participent ensemble dans les manifestations :

« Ceux qui sont au pouvoir utilisent des sentiments illusoires de l’identité nationale, y compris la religion entre autres, et du patriotisme pour créer des divisions, désaccords et une sorte de désunion entre nous – les oppressé-es. Leur objectif est de nous diviser pour nous empêcher de nous soulever ensemble dans la première et l’unique lutte – la lutte des classes contre l’exploitation, humaine et des ressources.

Mais l’Histoire nous a appris que les gens de différentes religions, ethnies et nationalités se sont souvent unis et ont travaillé ensemble contre le fascisme et l’exploitation capitaliste. Pour citer un exemple, les Albanais et les Macédoniens se sont battus ensemble contre les forces fascistes de Bulgarie et l’Allemagne nazie. Et même parmi ces fascistes, il est vrai, il y avait d’autres Albanais.

Même eux, ils étaient combattus par des forces jointes des Albanais et Macédoniens qui croyaient en d’autres idéaux. Pendant la deuxième guerre mondiale, les Albanais vivant dans le village de Dolno Jabolcishte ont été tous massacrés sans donner les noms de leurs camarades, les partisans macédoniens. C’est quelque chose qui était d’une grande importance pour nous ici aujourd’hui, pendant que l’extrémisme sur des bases nationalistes était grandissant chez les Macédoniens et les Albanais. N’oubliez pas que la Macédoine est un pays où à côté d’une majorité de Macédoniens il y a aussi près de 30% d’Albanais. Mais les livres officiels d’Histoire ne mentionnent plus ces périodes où nous avons toutes et tous toujours agis uni-es, non pour le bien de la nation ou la patrie, mais bien sans les prendre en compte.

Nous en avons été témoins lors des manifestations l’année dernière, et nous en sommes à nouveau témoins cette année – les Macédoniens et les Albanais manifestent ensemble contre un régime dictatorial qui nous oppressent toutes et tous et nous prive de toutes les ressources, même celles qui n’existent pas en forme des lourdes dettes.
Vous pouvez voir les drapeaux macédoniens et albanais attachés les uns aux autres contre ceux qui nous volent, qui volent nos ressources. Et nous espérons le jour où il n’y en aura plus de drapeaux du tout.

L’unité est là, la solidarité est là et elles ne connaissent ni les frontières ni les religions ni les nations. La rue et la lutte appartiennent aux gens. A nous toutes et tous – opressé-es, pour qui la nationalité, la religion, le genre… ne représentent rien.
Aussi, il est vraiment agréable et motivant de voir les camarades d’autres pays venir et soutenir « nos combats » car c’est « leur combat » également. Ils sont là à manifester avec nous, comme les camarades de Grèce, Bulgarie, etc. »