L’extrême droite contre les femmes (quartiers libres)

Le site Quartiers Libres a publié il y a quelques jours un article qui, à partir des insultes que Christiane Taubira a essuyé, fait le point sur l’offensive de l’extrême droite contre les femmes.

La droitisation de la société est malheureusement une réalité de plus en plus violente. Les propos insultants d’opinionistes de droite comme Eric Zemmour ouvrent à la surenchère de la part de politiciens UMP dans la course à la démagogie. Les déclarations outrancières de Copé sur le droit du sol, les attaques contre les Rroms, la démission du PS face au libéralisme économique transforme la moindre personne qui tient un semblant de cap social-démocrate en « gauchiste ».

Conséquence de cette montée, les socialistes se font prendre à parti de la même manière que les militants de gauche, des quartiers ou que les syndicalistes. Verbalement tout d’abord. Témoins les attaques contre la ministre Christiane Taubira qui incarne l’aile « gauche » du gouvernement tout simplement parce qu’elle ne renonce pas à certaines parties du programme concernant le mariage pour tou-te-s ou que sa réforme pénale est jugée trop « laxiste ».

La loi pour le mariage pour tou-te-s n’est pas révolutionnaire, elle permet simplement de faire rentrer dans un cadre administratif une relation entre deux personnes du même sexe. De même, la réforme pénale ne peut être considérée comme « laxiste » alors qu’il ne s’agit que d’un aménagement de fin de peine sous forme de projet de réinsertion. Les prisons débordent actuellement, il n’y a pas de laisser aller du point vue répression policière et judiciaire depuis l’arrivée des socialistes au pouvoir. Georges Ibrahim Abdallah et les frères Kamaracroupissent encore dans les prisons de Taubira, et le nombre de détenus augmente tout autant que celui des chômeurs.
Christiane Taubira a été victime de nombreuses attaques personnelles au motif qu’elle tient un positionnement politique en décalage avec le cadre dominant. Pire encore, au FN et à ses marges, on la traite de singe parce qu’elle est noire.

Le seul fait de tenir une ligne politique qui semble en « rupture » (plus pour des questions budgétaires et de facilités de fonctionnement que pour faire évoluer le système carcéral) ou une ligne sociétale tendant un peu vers l’égalité de traitement fait de Christiane Taubira une cible toute choisie, d’autant plus qu’elle est une femme noire. Qu’on traite ainsi une ministre est rare et traduit une montée des droites radicales.
Cette radicalisation des discours à l’encontre de femmes politiques se répercute à l’échelle locale. Ainsi, une militante de l’UNEF (donc plutôt proche du PS) s’estfaite agresser au cutter.

On peut mettre en corrélation ces actes avec la majorité des agressions physiques à caractère islamophobe. En effet, les attaques à caractère islamophobe ont visé ces derniers mois en priorité des femmes portant le hijab.
Le constat que les premières à subir (jusque dans leur intégrité physique) la montée des droites radicales sont les femmes devrait être une évidence pour tout le monde.

La question féministe est centrale : quand les différentes droites politiques montent, les femmes en prennent plein la gueule à tous les niveaux. Le fait d’être noires, magrébines, musulmanes ou rroms en font des cibles prioritaires.

La marée monte, la visibilité de plus en plus importante de femmes issues de ce que les politiques appellent pudiquement la diversité génère une réaction violente émanant de personnes ayant peur du déclassement économique imposé par la crise. Malgré la volonté de Marine Le Pen de faire passer le FN pour un parti qui se situerait à l’avant-garde sur la question de la représentation des femmes, on ne doit pas oublier que le FN, ainsi que toutes les officines d’extrême-droite, sont d’abord et avant tout des structures profondément et inévitablement anti-féministes.

Le fait d’être politiquement résigné ou mou ne protège plus. Le fait d’avoir de vouloir simplement ralentir la droitisation de la société expose aux coups. La meilleure façon de se défendre est de reprendre l’offensive politique et culturelle et ne plus céder de terrain.

Plus un pas en arrière !