Lu sur le blog Le pire n’est jamais certain :

Ce qui suit n’est pas un texte d’analyse, ni même une synthèse des déclarations les plus frappantes des dirigeants des courants d’extrême-droite européens. Quelques exemples seulement, glanés ici ou là, sans commentaire, qui montrent que ce que nombre de commentateurs se bornent à qualifier de « populismes » sont en réalité des courants ouvertement fascistes, adeptes de la violence, du racisme et opposés à la démocratie et au mouvement ouvrier, courants qui se développent à vitesse grand V sur fond de crise économique.

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 Le 13 juin, une élue italienne de la Ligue du Nord, Dolores Valandro, conseillère d’arrondissement de Padoue, appelle sur Facebook à « violer » Cecile Kyenge, la ministre de l’intégration. Cette dernière, originaire du Congo, a déjà été la cible, depuis sa prise de fonction en avril dernier, d’insultes et de menaces diverses venues de cadres de la Ligue du Nord : Un eurodéputé de la Ligue du Nord, Mario Borghezio, a (…) accusé la ministre de vouloir imposer en Italie « des traditions tribales » et affirmé que les Africains n’avaient « pas produit de grands gènes ». Mario Borghezio s’était déjà distingué en juillet 2011 en rendant hommage à Anders Breivik, affirmant à propos du « manifeste » publié par le tueur d’Oslo que « certaines des idées sont bonnes, et dans certains cas, même excellentes ». Invité aux célébrations des 10 ans du Bloc Identitaire en novembre 2012, Borghezio s’était alors écrié à la tribune : « Vive les Blancs de l’Europe, vive notre identité, notre ethnie, notre race ! ». La Ligue du Nord, parti d’extrême-droite, a participé aux diverses coalitions conduites par Silvio Berlusconi. Aux élections régionales de 2010, elle a obtenu 14.88% des suffrages dans les régions où elle se présentait, soit un doublement de ses voix par rapport aux régionales de 2005. Elle préside aujourd’hui, entre autres, les provinces de Brescia (1.2 million d’habitants), Bergame (1.1 million), Trévise (875.000) et Venise (850.000).

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 Le 17 mai dernier, Panayiotis Iliopoulos, député du parti néo-nazi Aube Dorée (18 parlementaires), est exclu de l’assemblée après avoir traité les élus de Syriza de « gang », de « minables » et de « troupeau de chèvres ». Il s’écrie alors à trois reprises, dans l’hémicycle, « Heil Hitler ! ». Le même Iliopoulos s’était vu retirer, en octobre 2012, son immunité parlementaire : il est accusé, aux côtés de l’un de ses collègues d’Aube Dorée, Giorgos Germenis, d’avoir participé à des violences contre des vendeurs de rue étrangers. Quelques mois plus tôt, une vidéo d’Alexandros Plomaritis, alors candidat d’Aube Dorée en campagne, était rendue publique : on le voit en train de « plaisanter » avec des amis sur le sort à réserver aux sympathisants de gauche et étrangers : « Nous sommes prêts à ouvrir les fours (...), nous en ferons des savons pour laver les voitures et les trottoirs (...), on fabriquera des abat-jour avec leur peau », lance-t-il notamment. Aube Dorée est le cinquième parti grec, avec 7% des voix lors des dernières élections législatives (mai et juin 2012), et est en pleine ascension. Après le scrutin de mai, son principal dirigeant, Nikolaos Michaliakos, déclarait : « L’heure de la peur a sonné pour les traîtres à la patrie ».

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Gabor Vona


 Toujours en mai, en Hongrie, Gabor Vona, leader du parti d’extrême-droite Jobbik, tient au sujet des Juifs les propos qui suivent, lors d’une manifestation de protestation contre la réunion, à Budapest, du Congrès Juif Mondial : « si toute l’Europe est à leurs pieds, si toute l’Europe leur lèche les pieds, nous ne le faisons pas, car nous sommes Hongrois ». Quelques mois plus tôt, en novembre, un autre membre de Jobbik, Marton Gyöngyösi, député au parlement hongrois, demandait l’établissement d’une liste des Juifs membres de l’assemblée et du gouvernement : lundi soir, le député du Jobbik a déclaré au parlement qu’il était « grand temps d’évaluer le nombre des membres d’origine juive du gouvernement ou du Parlement, qui représentent une certaine menace pour la sécurité nationale ». Le Jobbik (« Mouvement pour une meilleure Hongrie ») est la troisième force politique en Hongrie, après avoir recueilli 16.67% des voix aux élections législatives d’avril 2010, soit 47 sièges à l’assemblée nationale. En 2006, coalisé avec d’autres mouvements d’extrême-droite, il n’avait obtenu que 2.2% des suffrages.

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Timo Laihinen, cadre du parti Les Vrais Finlandais


 « Nous n’avons rien contre les Africains mais quand ils arrivent chez nous, ils n’arrivent pas à travailler à notre rythme. Il en vient d’abord un, puis sa famille suit, puis sa tribu et on se retrouve à trente dans un grand appartement payé par l’État finlandais, par nous les contribuables ». Ainsi s’exprimait, en avril 2011, Timo Laihinen, cadre du parti « Les Vrais Finlandais ». Cinq mois plus tard, son collègue Jussi Halla-aho, fraichement élu au parlement, suggérait sur son compte Facebook de soutenir un coup d’État militaire en Grèce : « La Grèce aurait actuellement besoin d’une junte militaire, qui n’aurait pas à se soucier de sa popularité et qui pourrait remettre au pas, grâce aux tanks, les grévistes et les émeutiers ». Jussi Halla-aho a été réélu, en 2012, à la municipalité d’Helsinki, classé troisième candidat le plus populaire du pays, même s’il anime un courant minoritaire dans son parti, aux côtés de Timo Laihinen. Les Vrais Finlandais sont, avec 39 députés, le troisième groupe à l’assemblée, et ont obtenu 19.1% des voix lors des élections législatives de 2011. En 2007, ils n’avaient obtenu que 5% des suffrages.