Lengadoc info, un outil de propagande identitaire déguisé en site d’infos locales

Lu sur le site Le Pressoir :

Montpelliéraines et montpelliérains impliqué-es dans la vie commune de notre ville, nous avons l’habitude de lire les journaux locaux et nous regardons attentivement ce que les médias disent des affaires courantes. Il est toujours bon de s’intéresser au traitement de l’information, puisque le pouvoir médiatique est si important aujourd’hui pour façonner l’actualité et le débat public dans notre société. Qu’est-ce que c’est le site Lengadoc info ?

Lengadoc_infos

Depuis maintenant quelques temps, nous avons remarqué l’œuvre d’un site qui prétend présenter une information alternative dans la région, et qui se présente comme un média « indépendant », souhaitant nous « réinformer » : Lengadoc info. Puisque nous combattons nous-mêmes la désinformation organisée par certains médias mainstream , cette posture a aiguisé notre curiosité.

Alors, la promesse est-elle tenue ? Intéressons-nous aux thèmes d’actualité traités. "Islamisation de la France", communiqués de la Manif pour tous et du FN, délinquance, violences urbaines, rassemblements identitaires, Russie, islamisme, terrorisme, extrême droite, Islam… Vous avez compris : il s’agit d’un mélange indigeste entre le sensationnalisme raciste de BFM ou de TF1 et un blog d’extrême droite. Les obsessions islamophobes et la haine pathologique du « gauchisme » sont le fonds de commerce du site, parfois agrémenté de quelques articles de remplissage sur l’actualité locale, récupérés ailleurs.

Où sont les enquêtes de terrain, les interviews critiques, les infos sur les scandales touchant le FN ou sur les violences et dégradations commises par l’extrême-droite locale ? Où sont les critiques de la politique sécuritaire locale, de la gestion économique des transports, de la répartition des logements dans la région… ? Mystère.

Un travail aussi peu sérieux, qui a tout à voir avec la désinformation et très peu à voir avec l’information « alternative » (il s’agit en vérité d’une mauvaise revue de presse, orientée, sur les mêmes thématiques sécuritaires que les grands médias) nous a poussé à creuser la question. D’autant plus que ce blog relaie également les campagnes de propagande de la mairie et de la préfecture au sujet du mouvement social, sans aucune vérification critique : les « squatteurs » seraient un danger public, tel (vrai) journaliste « alternatif » serait un indic, les « patriotes » et la police seraient persécutés, etc. On connaît la rengaine.

L’équipe de rédaction étant nommée sur le blog, nous allons vous présenter certains de ses membres.

Anais_Ligner
Anaïs Ligner, militante de Génération Identitaire à Montpellier et rédactrice à Lengadoc info.

Anaïs Ligner est le premier nom qui nous a interpellé. Travaillant dans le domaine du sport, militante dans l’organisation d’extrême droite Génération Identitaire, elle s’occupe également d’un collectif fantôme nommé « plus jamais Cologne » qui semble avoir assez peu affaire avec la défense des droits des femmes et beaucoup à voir avec le refus des réfugié-es.

Nous serions d’ailleurs curieux d’avoir son avis sur les agressions sexuelles et violences commises par ses petits camarades, tels que le viol et le meurtre d’une jeune femme à Montpellier par Gérald Seureau, sympathisant des identitaires, ou l’agression au poignard d’un mineur lors de la féria de Nîmes par Martial Roudier. Cette insécurité-là semble moins l’intéresser, tant pis pour le journalisme « indépendant » : on ne mord pas la main qui nourrit.

Jordi Vives Carceller
De haut en bas et de gauche à droite : Jordi Vives Carceller lors d’une conférence au GUD Lyon en octobre 2016 ; avec ses copains de l’air soft club "première unité russe de reconnaissance" ; avec Olivier et et Richard Roudier, dirigeants de la Ligue du Midi, à gauche de la banderole, dans les cevennes en 2013 ; avec ses amis de la Cocarde étudiante en 2015.

Passons au responsable de la publication : Jordi Vives Carceller. Connu des étudiantes et étudiants de l’université Paul Valéry à Montpellier pour son blog métalleux où il posait en viking « honorant les femmes comme la bière » (sic), celui-ci s’est reconverti dans le conseil en communication après des études autour du domaine de la Défense. Voilà donc un « anti-système » et un « journaliste indépendant » souhaitant travailler pour le gouvernement, et mélangeant publicité et information. L’éthique journalistique ne semble pas être une préoccupation très importante pour ces personnes.

GUD_VIves

Que l’on se rassure, sa contribution à la Défense se limite pour le moment à gambader dans des champs avec un pistolet à bille et à ficher les « gauchistes » de la ville.Mais quel est l’engagement politique de ce jeune homme ? Classiquement, il semble mélanger passion sécuritaire, engagement identitaire et folklore black-métal nazi. Un de ses camarades, Carl-Hugo Pinto-Sendra, affirmait à des personnes venues investiguer, connaître à l’extrême-droite « Jordi, à cause des concerts ». En effet, Jordi milite également à la Ligue du Midi, groupuscule peu connu hormis pour le casier judiciaire de ses dirigeants, pourtant couverts régulièrement par la justice et la bienveillance des services de police. Jordi nous répondrait sans doute que les identitaires ne sont qu’un innocent rassemblement de patriotes. Seulement, le personnage a également donné des conférences au local du GUD, groupuscule ouvertement fasciste, à Lyon. Venait il parler de publicité, de journalisme ou d’airsoft, dans un local décoré des portraits de fascistes tels que Bardèche ou Codreanu.

Voilà donc encore un journaliste bien peu « indépendant » ou « alternatif », étrangement aveugle concernant les faits de violence venant d’un certain milieu. Pas d’articles non plus sur le détournement de fonds destinés aux prisonniers d’extrême-droite dont certains accusaient la ligue du Midi…

Ainsi, chacun pourra voir l’envers du décor de ce blog qui prétend « réinformer » en Languedoc : une obsession paranoïaque concernant le mouvement social et les quartiers populaires, et une proximité réelle avec l’extrême-droite violente et le pouvoir. Mais de journalisme, nulle part.