Le nationaliste Asselineau en tournée dans l’Ouest de la France

Lu sur Indymédia Paris :

L’énarque nationaliste François Asselineau sera en tournée dans l’Ouest de la France en fin de semaine. Qui est-il ? Que prône son mouvement ? Pourquoi est-il dangereux ?

L’énarque nationaliste François Asselineau sera en tournée dans l’Ouest de la France en fin de semaine : passages prévus à Saint-Brieuc dans la Salle de Robien le 17 avril au soir, le lendemain soir à Brest à la Salle Rouge Garance, à Nantes le 19 avril 2013 à 19h30 à la Manufacture ; à Rennes le 21 avril au soir aux brasseries l’O-Liv’Art et le Café noir et le lendemain après-midi à la MJC Le Grand Cordel pour une conférence à la thématique très jacobine : « Les “euro-régions” : Allons-nous laisser détruire la France ? ».

Alors qu’il essaye aujourd’hui de se faire passer pour un rebelle, le parcours politique et professionnel de François Asselineau est tout ce qu’il y a de plus consensuel. Enarque, il occupe aujourd’hui les plus hautes fonctions que puissent avoir un fonctionnaire : inspecteur général des finances. Son univers politique s’est toujours situé très à droite : il a ainsi occupé les fonctions de directeur de cabinet auprès de minis­tres du gou­ver­ne­ment Juppé (1995-1996), avant de rejoindre en 1999 le RPF de Philippe de Villiers et Charles Pasqua. Entre 2000 et 2004, il a occupé des postes impor­tants de conseiller aux côtés de Pasqua, alors pré­si­dent du Conseil géné­ral des Hauts-de-Seine. Toujours avec le même, alors allié à Jean Tibéri il s’est pré­senté (et a été élu) sur une liste de droite dis­si­dente aux muni­ci­pa­les pari­sien­nes de 2001. C’est sans étonnement qu’on l’a vu nommé par Nicolas Sarkozy le 20 octo­bre 2004 à la tête de la direc­tion géné­rale à l’intel­li­gence économique à Bercy, et tra­vailler alors en étroite col­la­bo­ra­tion avec Jean-Pierre Raffarin.

Avec son micro-parti l’Union populaire républicaine (UPR), il promeut une vision de la France emprunte de la morale la plus stricte héritée de la Troisième République qui voudrait que la France ait une identité propre construite au fil des siècles depuis Vercingétorix. Pour Asselineau, il y aurait en toute humilité une continuité historique entre l’UPR qui prétend résister à l’UE, les Résistants de la Seconde Guerre mondiale ou Vercingétorix combattant les Romains. Il s’agit là non d’histoire mais de mythe, qui fait fi de l’ensemble des connaissances accumulées depuis le 19e siècle sur la construction de l’Etat-nation en France et qui contredisent largement cette vision éthérée derrière laquelle se cache toujours le vieux rêve nationaliste d’un retour à un Etat fort.

Le programme de l’UPR tient en trois mots, ici énoncés dans un pénible exercice graphique d’un de ses leaders, Erick Mary :

Le discours officiel de l’UPR et de ses militants est toujours de répondre aux critiques en affirmant qu’ils « refusent le clivage gauche-droite » et qu’ils n’ont pour programme que de sortir de l’UE, de l’euro et de l’OTAN pour « rétablir l’indépendance de la France » . Comme l’explique en substance la charte du parti, il sera bien temps ensuite « de débattre sans fin, voire de se déchirer » sur ces « sujets subalternes » ( sic ) que sont « la fiscalité, la lutte contre les délocalisations, le financement des retraites, l’immigration, l’environnement, etc. » .

Pourtant, l’UPR a bien un programme politique qui dépasse largement cette seule ambition de sortie de l’UE, de l’euro et de l’OTAN et qui esquisse un véritable projet de société, qui évidemment n’est pas le nôtre. Intitulé sobrement « programme de Libération nationale » et placé sous la figure tutélaire du Conseil national de la Résistance (rien que ça !), c’est pour l’essentiel une sorte de fourre-tout démagogique allant même jusqu’à s’opposer à certaines politiques répressives (tant qu’elle sont européennes), ou à défendre une revalorisation du Smic ou la construction massive de logements sociaux. Mais ce qui est le plus intéressant est sans doute son programme économique, qui se résume à un retour à un capitalisme d’Etat et qui lui ne ment pas : l’UPR est bien un parti de droite, notamment au travers de la vision du syndicalisme qu’il défend.

Il prône ainsi une politique productiviste et souhaite « réussir l’alliance entre le capital et le travail » et « développer l’actionnariat salarié » . A la rubrique « reconstituer un syndicalisme indépendant », l’UPR ne s’appesantit pas mais on peut deviner quelle orientation il entend donner à ce dernier : un syndicalisme de préférence nationale ( « interdire toute subvention aux syndicats qui ne seraient pas d’origine française » ) et à la botte de l’Etat (au travers d’un « financement public suffisant pour leur permettre de jouer leur rôle naturel de vrais représentants du monde salariés » ). En bref : un syndicalisme croupion, qui n’aurait de syndicalisme que le nom, à l’opposé de ce que devrait être un véritable syndicalisme indépendant, c’est-à-dire un syndicalisme internationaliste autogéré par les travailleur-euse-s.

Sans surprise, on trouve dans ce programme un large « volet militaire » qui promeut la politique de dissuasion nucléaire et entend « réaffirmer le lien armée-nation » dans le but de « rétablir la France dans sa puissance, dans sa grandeur et dans sa mission universelle » . A noter que dans la vision d’Asselineau, la France ne saurait être une puissance coloniale ou néo-coloniale. Non : pour l’UPR, si « la France reste l’un des très rares pays dont l’influence politique, diplomatique, économique, commerciale et culturelle est telle qu’elle peut faire contrepoids à la superpuissance américaine » , ce n’est en aucun cas lié à son passé colonial, dont son programme ne dit rien. Au contraire, le groupuscule ose affirmer contre toute logique historique (la France ayant toujours appartenu au bloc occidental) que « partout à travers le monde, les peuples et les gouvernements attendent et espèrent que la France renouera avec sa meilleure tradition, celle du non-alignement sur un bloc. » Dans cette logique, l’UPR prône un renforcement de la francophonie sous égide de la France, là encore sans rien dire de la domination néo-coloniale que font encore aujourd’hui subir à maints peuples la France, son armée et ses entreprises.

Contrairement à ce qu’affirment régulièrement les membres de l’UPR, ce parti de droite réactionnaire a bien des liens avec l’extrême droite la plus crasse, notamment via le bras droit de François Asselineau, Erick Mary dit Bozz, qui passe son temps sur Facebook à faire de la propagande nationaliste : promotion de la Légion étrangère, des paras et des guerres coloniales françaises ; diffusion des chansons du chanteur d’extrême droite Jean Pax Méfret et de vidéos et textes de divers groupes ultranationalistes ; apologie de Serge Ayoub, le chef des skinheads néo-nazis parisiens et le leader du mouvement Troisième Voie ; propagande en faveur des dictatures syrienne ou iranienne, etc. On le voit au centre de cette photo avec d’autres membres de l’UPR (dont le rappeur Tepa à droite) faire le salut dieudonniste dit de la quenelle, qui n’est rien d’autre qu’un salut fasciste détourné :

Erick « Bozz » Mary définit lui-même son parti comme un regroupement de « nationaux » et de « patriotes » .

La dernière université d’automne de l’UPR a accueilli des invités eux aussi clairement marqués à droite voire à l’extrême droite, ou bien largement liés à la sphère conspirationniste ou rouge-brune : le journaliste apologiste du FN, de l’Algérie française, de la torture et de la peine de mort Robert Ménard ; le complotiste Etienne Chouard ; Alain Benajam du Réseau Voltaire France ; des habitués des soutiens aux dictateurs de tous poils (hier Milosevic, aujourd’hui Al Assad) comme Slobodan Despot ou Bruno Drweski, le compagnon de route du négationniste Claude Karnoouh. Même l’ex-président d’Attac et actuel dirigeant du M’Pep Jacques Nikonoff, qui au nom de l’opposition à l’Union européenne semble aujourd’hui de moins en moins dérangé par ce type d’alliances et dont on se rappelle qu’il avait appelé à voter pour Nicolas Dupont-Aignan aux dernières législatives, s’est rendu à l’invitation d’Asselineau.

Inutile de dire que François Asselineau et son organisation ne sont pas les bienvenus en Bretagne.

Fascistes hors de nos rues, hors de nos vies !

Vous pouvez protester contre cette venue auprès des salles et brasseries :
 Salle de Robien à Saint-Brieuc : 02 96 94 24 15
 Salle Rouge Garance à Brest : 02 98 43 11 10
 La Manufacture à Nantes : 02 40 41 64 23
 La MJC Le Grand Cordel à Rennes : 02 99 87 49 49
Pour ces deux dernières salles, il est également possible de protester auprès des mairies qui les subventionnent.
 Brasserie l’Oliv’Art à Rennes : 09 52 55 52 65
 Brasserie Le Café Noir à Rennes : 02 99 30 54 40

Des antifascistes bretons.

http://paris.indymedia.org/spip.php?article13362