S’appuyant sur le sondage annuel effectué pour la Commission nationale consultative des droits de l’homme qui explore toutes les formes de racisme et de xénophobie, le site la Vie des Idées confronte la ligne officielle "dédiabolisée" (en particulier sur la question de l’antisémitisme) que Marine Le Pen tente d’imposer dans son parti aux opinions réelles des sympathisants frontistes, afin de vérifier si leur niveau de racisme a baissé depuis l’élection de Marine Le Pen à la présidence du parti. Le moins que l’on puisse dire, c’est que le constat est sans appel : sur toutes les questions relatives à la perception de l’« autre » (par ses origines, sa couleur de peau, sa religion, sa culture), les réponses des sympathisants du FN sont toujours largement plus négatives que celles des sympathisants des autres partis… Extrait.

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La même échelle en dix questions a été utilisée de 2009 à 2014. Le cumul des six vagues donne un échantillon total de 6090 personnes dont 458 proches du FN. Les réponses en caractères gras relèvent de la même attitude « ethnocentriste », entre parenthèses figurent la moyenne des réponses sur les six vagues. Ceux qui n’acceptent pas les Juifs ont tendance à ne pas accepter non plus les Musulmans, les immigrés, les étrangers. Il y a toutefois une hiérarchie des rejets. Sur les six vagues, l’item qui dénote le degré le plus élevé d’ethnocentrisme est le refus absolu d’accorder aux Français musulmans la qualité de citoyen à part entière (les « pas d’accord du tout » opposée à tous les autres), suivi de très près par le refus de l’accorder aux Français juifs (« plutôt pas d’accord » et « pas d’accord du tout »). Ces personnes, minoritaires, ont tendance à donner la réponse ethnocentriste à toutes les autres questions. Inversement, l’item le moins discriminant renvoie au stéréotype selon lequel les immigrés viendraient en France uniquement pour profiter des avantages sociaux, que plus de neuf personnes interrogées sur dix ne rejettent pas totalement (toutes celles qui choisissent une autre réponse que « pas d’accord du tout »), sans pour autant partager nécessairement les préjugés précédents.

Les Français musulmans sont des Français comme les autres : Tout à fait d’accord, plutôt d’accord, plutôt pas d’accord, n’a pas répondu / Pas d’accord du tout (9%)
Les Français juifs sont des Français comme les autres : Tout à fait d’accord, plutôt d’accord, n’a pas répondu / Plutôt pas d’accord, pas d’accord du tout (12%)
Les travailleurs immigrés doivent être considérés ici comme chez eux puisqu’ils contribuent à l’économie française  : Tout à fait d’accord, plutôt d’accord, n’a pas répondu / Plutôt pas d’accord, pas d’accord du tout (23%)
Il faut permettre aux Musulmans de France d’exercer leur religion dans de bonnes conditions : Tout à fait d’accord, plutôt d’accord, SR / Plutôt pas d’accord, pas d’accord du tout (23%)
La présence d’immigrés est une source d’enrichissement culturel  : Tout à fait d’accord, plutôt d’accord, n’a pas répondu / Plutôt pas d’accord, pas d’accord du tout (31%)
Il faudrait donner le droit de vote aux élections municipales pour les étrangers non européens résidant en France depuis un certain temps : Tout à fait d’accord, plutôt d’accord, / n’a pas répondu Plutôt pas d’accord, pas d’accord du tout (51%)
Il y a trop d’immigrés aujourd’hui en France : Tout à fait d’accord, plutôt d’accord / Plutôt pas d’accord, pas d’accord du tout, n’a pas répondu (62%)
Les enfants d’immigrés nés en France ne sont pas vraiment Français  : Tout à fait d’accord, plutôt d’accord , plutôt pas d’accord / Pas d’accord du tout, n’a pas répondu (59%)
L’immigration est la principale cause de l’insécurité  : Tout à fait d’accord, plutôt d’accord , plutôt pas d’accord / Pas d’accord du tout, n’a pas répondu (77%)
De nombreux immigrés viennent en France uniquement pour profiter de la protection sociale : Tout à fait d’accord, plutôt d’accord, plutôt pas d’accor d / Pas d’accord du tout, n’a pas répondu (87%)

tableau-intolerance

Les sympathisants du FN battent tous les records d’intolérance à l’Autre. Si on répartit les personnes interrogées en quatre groupes par niveau croissant d’ethnocentrisme, de « très faible » (scores 0-1) à « très fort » (6-10),. 87% d’entre eux sont très ethnocentristes, contre 48% des proches des partis de droite, 33 % des proches des partis du centre, et 18% des proches des partis de gauche (Figure 1). Inversement, aucun proche du FN n’a sur notre échelle un score inférieur à 2 (contre respectivement 3% des sympathisants de droite, 11% des centristes et un quart des sympathisants de gauche). Surtout, si on regarde l’évolution dans le temps des sympathisants FN, la proportion des « très racistes » n’y a pas varié depuis 2011, stabilisée à 87%.

L’arrivée de Marine Le Pen n’a donc pas atténué les préjugés de ses sympathisants. En revanche les sympathisants des autres partis et surtout ceux de droite, dans un contexte de crise économique et de désaffection politique, sont devenus plus racistes.

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