Lu sur Quartiers Libres :

Le traitement par la presse de la manifestation de Charlottesville et la manière dont les agitateurs de droite en font le récit sont un bel exemple de la bascule idéologique à droite de « l’Occident ».

unite the right 12 08 2017

Dans la presse mainstream personne ne s’émeut de voir des gens habillés comme des nazis et revendiquer la supériorité « d’une race » dans les rues des USA. Le fait qu’ils manifestent leurs opinions de suprématistes blancs en étant armés dans les rues, nous est même parfois présenté par une partie de la presse comme une réaction défensive face au chaos racial et social nord-américain. On ne compte plus le nombre de reportages complaisants fait par les médias sur les milices patriotiques nord-américaines, ou sur ces groupes de vigilants américains, symbole de « la liberté d’expression » de la plus puissante démocratie du monde.

Chaque dénonciation de la violence de ces groupes est toujours modérée par un « il est vrai que » qui reprend les poncifs de l’extrême droite sur le déclin économique des blancs américains et sur les fables de l’Amérique éternelle submergée par les latinos, les blacks et maintenant les musulmans.
Alors évidement, quand un véhicule fonce dans un cortège pour tuer des manifestants antiracistes, puis recule écrasant sciemment les victimes de son passage dans foule. Dans la presse ça donne un pudique « on ne connaît pas trop les motivations du conducteur ».

La réaction des médias et des classes dominantes joue la ritournelle classique de « la violence c’est mal ». Trump qui promet le feu et la colère à la Corée du Nord le jour des commémorations de l’anéantissement nucléaire de Nagasaki peut donc tranquillement dénoncer sans honte le sectarisme et la violence des « diverses parties » qui ont causé cette tragédie. Il le fait évidemment sans dire qui est l’agresseur et qui est la victime. Tactique classique qui permet de renvoyer dos à dos agresseur et agressé. Cette ritournelle est reprise en boucle dans la plupart des médias y compris français.

manif unite the right

Vu de loin, un paquet de gens en France vont se dire que les ricains sont bien bêtes et que chez nous c’est autre chose. Le niveau est plus élevé, exception française oblige.

Pourtant il suffit de lire le journal « le Monde » pour se rendre compte du contraire. Le monde peut être considéré comme la girouette du sens du vent de l’idéologie dominante. Ce quotidien fait un compte rendu de la situation à Charlottesville qui donne une idée de ce qu’est la situation dans l’hexagone. Le journal« le Monde »traite une manifestation de racistes et néofascistes en reprenant la quasi-totalité des arguments de la droite et de l’extrême droite et en renvoyant dos à dos les militants antiracistes et ceux du KKK et des groupes ouvertement racistes, tout comme Trump. Cela en dit long sur la situation de l’hégémonie politique de la droite en France. Pourtant les journalistes de la presse pourraient s’intéresser aux rapports officiels du Congrés Us et de nombreuxtravaux quiconfirment que la majorité des attaques terroristes aux USA émanent de l’extrême droite blanche (depuis le 11 septembre 2001, sur 85 attaques terroristes recensées aux USA, 62 sont le fait de suprémacistes blancs). En Europe la catégorie de terrorisme d’extrême droite n’étant pas retenu pas les autorités européennes, il ne faut pas s’étonner que la presse et une grande partie du public redécouvre régulièrement la violence néofasciste en Europe et aux USA.

Heather Heyer

Résumons tout d’abord les faits : des racistes violents et armés se regroupent et se disent prêt à lutter physiquement contre les forces de l’ordre pour empêcher le retrait d’une statut d’un chef militaire du camp esclavagiste de la guerre de Sécession. Les opposants de cette manifestation sont plus nombreux et n’ont pas pour mot d’ordre de s’en prendre aux forces de l’ordre et veulent juste par des moyens démocratiques et la force du nombre faire comprendre à ces racistes que les temps ont changés. A l’arrivée, on compte un mort et des dizaines de blessés parmi les antiracistes et antifascistes. Sachant que le bilan risque s’alourdir.

Le Monde transforme ces faits en considérations sur une atmosphère « belliqueuse », et diffuse l’argumentaire des militants d’extrême droite. Concrètement, ce que ce journal de « référence » français retient de la journée et donne à lire c’est avant tout la parole des autorités qui restent prudent sur les motifs du conducteur qui a tué une antiraciste et les paroles des racistes qui se sentent assiégés dans leur beau pays. Pour ce journal, les « extrêmes » c’est pareil : antiracistes et racistes c’est la même chose, c’est de l’idéologie. Soit en langage de la Macronie militante, des gens qui ont des idées et qui se battent pour elles au lieu de créer leur entreprise.

Pour le monde et la quasi-totalité des médias français le récit d’une journée pareille reste celle des forces de l’ordre, sans aucune remise en question de la proximité idéologique de la police nord-américaine avec les idéologies racistes. Mais il semblerait que faire ce lien aujourd’hui pour les journalistes du « Monde » soit hors de leurs portées. Les crimes des forces de l’ordre étasuniennes sont pourtant reconnues depuis des décennies, y compris par un journal comme Le Monde qui les traitent sous l’angle des questions raciales et sociales structurelles aux USA. Mais là : RIEN …

Au Monde on se contentera donc de la version de la police(une fois n’est pas coutume).

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