Dans un contexte qui s’y prête volontiers, l’extrême droite tente, également au Havre, de tirer son épingle du jeu. Les attentats terroristes de 2015, les réactions très droitières du gouvernement qui suivirent (état d’urgence, stigmatisation des binationaux…) et le traitement médiatique qui accompagne le tout sont encore venus renforcer l’omniprésence du discours xénophobe dans ce qui reste du débat publique.

Au-delà des récents succès électoraux du Front National dans cet ancien bastion du Parti Communiste (autour de 23 % lors des dernières élections régionales), divers événements sont venus montrer qu’au Havre des individus, souvent violents, s’impatientent de voir la situation s’envenimer. En mai 2015, un homme en « total état d’ivresse » (Normandie-Actu.fr) s’amusant à faire des tags sur des bâtiments de la Ville proféra des insultes racistes aux policiers municipaux venus l’interpeller. Le même mois, une croix gammée fut taguée dans le quartier populaire du Mont Gaillard.

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Nous nous permettons de douter que l’université, lieu de savoir, soit une « zone identitaire ». Une chose est sure, ce n’est pas un site où les discriminations ont droit de cité.

En parallèle à tout ceci, le groupe Génération Identitaire tente de s’implanter au Havre depuis quelques mois, à coup de tags, de collages d’affiches et d’autocollants racoleurs appelant les blancs à rejoindre leur « clan », contre des supposés immigrés venus les attaquer. Très faibles numériquement, ils se font aider par leurs acolytes de Rouen pour simuler une présence plus forte qu’elle n’est réellement. Leur méconnaissance de la ville est telle qu’ils ont réalisé un collage massif sur la place de Sainte Cécile (quartier essentiellement composé de personnes retraitées) pour recruter des jeunes… Tout comme leurs autres affiches et autocollants, ceux de la place furent vite retirés par les antifascistes locaux. Si on peut en rire de ce genre de vicissitudes, d’autres événements viennent rappeler qu’il ne faut accorder aucun espace à l’extrême droite.

Dans la nuit du dimanche 3 au 4 janvier 2016, un pavillon du quartier d’Aplemont fut incendié. Les tags racistes et les croix gammée retrouvés sur les murs pointent vers une origine criminelle. Et ce, d’autant plus que de tags similaires furent aussi retrouvés le même jour, dans le même quartier, sur les murs d’une maison en construction.

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Par chance, le couple habitant le logement était absent cette nuit-là. Mais nous ne pouvons pas nous en contenter, encore moins dans le contexte actuel. Comme l’ont montré les assassinats de militants antifascistes, aussi bien en France (Clément Méric) qu’à l’étranger (Pavlos Fissas, Francisco Javier Romero, Carlos Palomino…), et la multiplication des actes xénophobes, l’extrême droite est prête à avoir recours à la violence pour imposer leur vision des choses.

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Un groupe Ras l’ Front a été récemment crée au Havre pour contribuer à la lutte antifasciste qui, hier comme aujourd’hui, est l’affaire de tout-e-s : « Ras l’ Front est une association dont l’objet est d’identifier, analyser et dénoncer les idées, les actions et l’impact des courants de pensée pouvant être qualifiés de fascistes ou d’extrémistes de droite, d’antisémites, d’islamophobes, de racistes, de xénophobes, de sexistes ou d’homophobes, ainsi que de mettre en place des actions destinées à promouvoir une réelle égalité de droits inclusive pour tout-e-s. »

RLFlehavre@riseup.net