Le Front national, un parti "anti-système", « contre l’oligarchie économique » ? Vous n’y pensez pas !

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Le FN voudrait apparaître comme "le" parti anti-système, mais, dans le même temps, sachant que son parti clive l’opinion publique, Marine Le Pen souhaite placer sa campagne pour 2017 sous le slogan de La France apaisée. Toujours est-il que la prétendue opposition à « la mondialisation sauvage » et à « l’oligarchie financière » joue un rôle clé dans le discours du FN.

Ce positionnement démagogique a été entamé, aux yeux du public, lorsque les révélations autour des « Panama papers » ont montré, courant avril 2016, que des dirigeants de l’extrême droite avaient largement participé à des opérations qui relèvent de la financiarisation de l’économie mondiale. C’est surtout Frédéric Chatillon qui est apparu en première ligne, comme celui qui avait placé plusieurs centaines de millions d’euro au Panama et dans les Caraïbes, en passant par des montages financiers à Hong Kong et à Singapour. Si son nom n’apparaît pas dans l’organigramme officiel du FN, l’homme en est un rouage essentiel. C’est lui qui a joué un rôle central dans le financement illégal du FN au détriment de l’Etat, lors des élections de 2012 – avec la mise en place d’un système de surfacturation du matériel électoral -, et qui est mis en examen dans cette affaire depuis janvier 2015.

Peu de temps après ces révélations sur ces cadres d’extrême droite qui utilisent les paradis fiscaux, les député-e-s du Front national au Parlement européen ont voté pour une directive qui résulte d’un intense lobbying patronal. Là encore, le FN, tout en faisant semblant de lutter contre les intérêts liés à mondialisation néolibérale, se range de façon visible, et bien qu’il prétende le contraire, du côté des multinationales.

Le 14 avril 2016, le Parlement européen a adopté, avec les voix de 77 % de ses membres présents, la directive sur le « secret des Affaires ». Celle-ci avait été vigoureusement dénoncée par des journalistes, des ONG, des associations de droits de l’Homme et une pétition signée par plus de 500 000 personnes en Europe. Cette directive risque, au nom de la préservation des intérêts économiques, de nuire gravement à la liberté d’informer des journalistes – à l’heure où Vincent Bolloré fait poursuivre en Justice des organes de presse osant aborder ses activités scandaleuses en Afrique – et aux ‘lanceurs d’alerte’ en entreprise. Avec la directive qui vient d’être adoptée, ni l’affaire ‘Panama papers’ ni le scandale autour des pesticides de Monsanto n’auraient, sans doute, été révélés.

Certes, la Commission européenne a fait croire qu’elle écoutait les critiques, en précisant dans le texte que les auteurs d’informations publiées par la presse ne pourront pas être poursuivis… si les agissements de l’entreprise concernée sont eux-mêmes considérés comme illégaux. Encore faudrait-il qu’une décision de Justice le constate ! Or, moins d’informations sortiront, et moins la Justice sera amenée à se prononcer… Sans oublier que certaines lois, en matière fiscale par exemple, autorisent et encouragent des activités qui sont - du coup - conformes à la législation, mais, dans le même temps, parfaitement criminelles parce qu’elles nuisent à la société.

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Parmi les eurodéputé-e-s français et françaises, les parlementaires du PS et de LR ont voté pour l’adoption de la directive. Sur les 23 représentant-e-s du FN, aucun ni aucun élu-e à Strasbourg ne s’est opposé à ce texte. Tous les présents ont voté pour (vingt élu-e-s dont Bruno Gollnisch, Louis Aliot, Steeve Briois et Nicolas Bay), trois étant opportunément absents (Jean-Marie Le Pen, par ailleurs exclu du parti, Florian Philippot et Marie-Christine Arnautu).

Le FN a justifié son vote en expliquant qu’il était toujours contre « le pouvoir de la grande Finance » (pour preuve, il serait pour la sortie de l’Union européenne et pour le « patriotisme économique »), mais que là, il s’agissait de « protéger les secrets d’affaires des entreprises européennes, y compris des PME-PMI, contre l’espionnage économique ».

Le FN évoque beaucoup les petites entreprises, présentées comme vulnérables. Or, étrangement, ce ne sont guère des PME qui ont fait un lobbying intense, depuis 2010, pour obtenir l’adoption de cette directive… mais des multinationales telles qu’Air Liquide, Alstom, General Electric, Intel, Michelin, Nestlé ou encore Safran.
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