Nation_Presse

Dans son dernier numéro daté de juillet 2013, le bulletin officiel du Front national Nation-Presse Magazine propose un festival des délires qui alimentent les fantasmes de l’extrême droite. On passera rapidement sur les articles qui expliquent sans rire que la plupart des jeunes français musulmans des banlieues n’ont qu’un rêve : partir faire la guerre en Syrie, ou sur un autre qui nous explique la "halalisation" de nos assiettes, leur islamophobie maladive n’est même plus drôle (si tant est qu’elle l’ait jamais été). En revanche, celui consacré au commissaire divisionnaire Boutonnet (nommé par Sarkozy, c’est utile de le rappeler) présenté comme un suppôt de l’antifascisme radical, lui, nous a bien fait rigoler. D’après Nation-Presse , ce triste individu " nʼhésite pas à afficher clairement ses opinions politiques : à gauche, voire à lʼextrême gauche la plus radicale, celle des redskins, des casseurs politisés, des autonomes (dont la filiation avec Action directe est historique), des voyous gauchistes qui agressent les gens dans la rue pour des cheveux trop courts ou des polos qui leur déplaisent. " Mais où ont-ils été chercher une idée pareille ? Sur M6.

Dans un reportage diffusé en mai dernier sur le hooliganisme sur cette chaîne de télé, on voit en effet le commissaire Boutonnet, qui accessoirement dirige la division nationale de lutte contre le hooliganisme, dans son bureau. Aux murs, des maillots de foot, et un drapeau de l’Action antifasciste allemande. Bigre ! Imaginez le nombre de terroristes islamistes qui hantent les bureaux du FBI si chaque portrait de Ben Laden punaisé dans le bureau d’un fonctionnaire du service de sécurité américain faisait de lui un djihadiste… Ça fait peur, quand même.

Mais, parti sur sa lancée, Nation-Presse ne s’arrête pas là. Car le pauvre Boutonnet, qui n’en demandait pas tant, aurait avoué " quʼil « travaille » en étroite relation avec SOS Racisme, autre groupuscule " et qu’ " une partie du service dʼordre de cette ligue de vertu était composé dʼéléments radicaux liés à la mouvance à laquelle appartient le pendant francilien de lʼAntifaschistische Aktion : lʼAction antifasciste Paris – Banlieue. Boutonnet « travaille »-t-il avec les amis de feu Clément Méric ? Cʼest tout à fait possible : en 2008 et 2010, cette mouvance, au travers du réseau No Pasaran - SCALP - Re- flexes, avait été accusée, notamment par la Fédération anarchiste, de collaborer activement avec la police... " N’en jetez plus, la coupe est pleine ! Même Soral n’a jamais fait aussi fort (et pourtant, dans le genre bouffon qui raconte n’importe quoi, on fait difficilement mieux).

Franchement, il fallait oser. C’est tellement énorme, qu’on ne sait même pas par où commencer… Sans même parler des innombrables accrochages entre les antifas radicaux et SOS Racisme, est-il vraiment utile de rappeler que rien ne peut rapprocher l’antiracisme moral, institutionnel et hypocrite d’une officine comme SOS Racisme, et l’antifascisme autonome, anti-étatique et sans concession de l’Action antifasciste Paris-Banlieue ? Quant à la collaboration des antifas avec la police, c’est une légende urbaine propagée par l’extrême droite : cela lui permet de se poser en seul véritable mouvement "anti-système" à moindre frais, et surtout de justifier ses carences en matière de sécurité. La réalité est tout autre : le cas de Serge Ayoub est symptomatique de l’attitude de la police à l’égard des mouvements nationalistes radicaux, qui préfère voir ses leaders en liberté, parfois au mépris de la justice, pour mieux contrôler tout ce petit monde. La répression sévère à l’égard des antifas est là pour prouver qu’il n’en est rien de leur côté…