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Depuis fin 2009, le Bloc Identitaire (BI) est constitué en parti politique : ses comptes de campagne sont donc publiés depuis 2010 par la commission nationale des compte de campagne des partis politiques, et ce jusqu’en 2014 (la dernière publication date du 31 décembre 2015). À la lumière des éléments comptables fournis par cette publication, on peut évaluer l’évolution du BI depuis sa création jusqu’à fin 2014, à travers l’observation de plusieurs postes : d’une part le poste du budget total, d’autre part le poste des cotisations qui peut nous donner une idée du nombre d’adhérents réels du mouvement.

Après avoir connu un fort développement jusqu’en 2012, le Bloc a depuis cette période connu un net recul qui l’a remis au niveau de son année de création. La principale explication est certainement la scission de 2013, avec le départ de Philippe Millau et des Roudier, qui a entraîné une forte baisse du financement et une hémorragie de militants. En 2011 et 2012, le BI déclarait huit associations de financement : le BI Occitanie, la Ligue du Midi, le BI Auvergne, le BI Ile-de-France, Jeune Bretagne, le BI Normandie, le BI Provence et le BI Aquitaine. Mais en 2013, il n’en déclare plus que deux : le BI Occitanie et le BI Provence, et plus aucune en 2014.

cotisationsBI

Dans les comptes apparaît également le montant des cotisations des adhérents. On peut approximativement tabler sur une cotisation moyenne de 40 euros : en effet, de 2010 à 2014, la cotisation de base était de 50 euros (elle est aujourd’hui de 60 euros), mais il existe aussi une cotisation à 20 euros pour les jeunes, les chômeurs ou les personnes non assujetties à l’impôt. Ainsi, sur cette base, pour ce qui est du nombre de cotisants, le Bloc annoncerait officiellement 445 adhérents en 2010, 865 en 2011, 945 en 2012, 841 en 2013 et seulement 570 en 2014. On est bien loin des 1200 adhérents revendiqués par Fabrice Robert en 2015 ! On le savait déjà, le BI n’a jamais été un parti de masse, loin s’en faut, et aujourd’hui, il ne peut plus compter que sur deux ou trois groupes locaux un peu conséquents, à Paris, Lyon et Nice. Il apparaît ainsi clairement que le Bloc Identitaire n’a pu survivre que grâce aux dons des personnes physiques, plutôt important grâce à une stratégie de communication bien rôdée. Le reste des rentrées d’argent provient du produit des colloques ou des ventes en ligne, mais qui restent l’un et l’autre marginaux.

BudgetBI

Autre enseignement de l’étude des comptes de campagne : le Bloc identitaire n’existe que par sa communication : le poste « propagande » représente plus ou moins 50% des dépenses totales. Plus intéressant encore, ce poste se divise en deux : « congrès, manifestations, universités » d’une part, « presse, publication, télévision, espaces publicitaires. » d’autre part . Or, au Bloc, les publications représentent, selon les années, 95 à 100% du budget « propagande » ! Voilà qui écorne sérieusement l’image « activiste » que le BI aimerait bien se donner…

PropagandeBI

Pour ce qui est de la vie de l’organisation, là aussi, les choses n’ont pas été faciles. Si en septembre 2009, la tenue du congrès de création du Bloc Identitaire en tant que parti politique à Orange, facturée 5000 euros, a été remboursée par le produit des colloques. Mais la situation n’est plus la même les années suivantes. En 2011 (alors que le BI présente des candidats aux élections, pour un coût de 30 000 euros, dont 17500 versés directement aux candidats), en 2012 et en 2013, le poste « congrès » coûte beaucoup plus qu’il ne rapporte. En revanche, en 2014, les choses s’inverse : la tenue de congrès et manifs ne coûte plus que 407 euros, mais rapporte 4855 euros… Peut-être un effet de la Manif pour Tous, où le Bloc, après avoir pris le train en marche, a réussi à imposer sa présence. Signalons également que le BI n’a financé qu’un seul salarié, en 2013, pour un montant de 16624 euros, le poste passant en 2014 à 3434 euros.

BI Résultat

Pour conclure, on peut dire que le Bloc identitaire est actuellement en perte de vitesse. Ses principaux cadres quittent le navire, entraînant également une baisse de ses moyens financiers. Le développement local du Front national, en particulier depuis les dernières élections régionales, et son occupation de la scène médiatique ne laisse pas beaucoup de marge de manœuvre aux Identitaires, dont l’ambition, depuis leur apparition en 2002, était d’être le FN de demain. Il n’est plus aujourd’hui qu’une réserve de main d’œuvre pour le parti de Marine Le Pen, qui va y chercher les cadres et les spécialistes qui l’intéressent, en particulièrement dans la communication. Pour continuer à exister publiquement et surtout financièrement, Robert doit continuer à développer des actions de com’ pour faire parler de son mouvement. Or les dernières interventions du BI n’étaient que des copies de l’occupation de la mosquée en octobre 2012, preuve que sa stratégie s’essouffle et que les idées neuves viennent à manquer.

Cependant, le climat actuel, avec la crispation sécuritaire et identitaire qui se développe autour de la question des migrants à l’échelle européenne, pourrait lui permettre de rebondir, et il est à craindre que le BI, bien qu’affaibli, fasse encore parler de lui dans les mois à venir, y compris à travers une stratégie plus agressive.
La Horde