Le Réseau Angevin Antifasciste est revenu dans un article sur les 3 ans d’apparence de l’Alvarium :
Nous avons récemment lu l’interview des membres de l’Alvarium sur le site d’extrême-droite Paris Vox, à l’occasion de la soirée censée fêter les 3 ans de cette « communauté enracinée » . Nous y avons découvert, mi-amusé.e.s par le ridicule de la situation, mi-attristé.e.s devant une telle bêtise, que nos fascistes locaux faisaient un bilan positif de leur petite aventure. Certes, la vanité et l’orgueil étant les ingrédients de base de leurs communications, cet article n’est que moyennement une surprise. Cependant, il nous semblait important de remettre les pendules à l’heure et de profiter de l’occasion pour nuancer leur discours qui, selon nous, a une influence négative sur la vie locale. Cet article vise donc à dénoncer les actions entreprises par l’Alvarium tout en déconstruisant la gloriole dont ses membres peuvent se parer.
Autant le dire d’emblée : le bilan de l’Alvarium est désastreux. Et comme nous allons le voir, parmi tout ce qui a été entrepris, on peine à trouver les domaines où on serait obligé de reconnaître que ce qu’ils font est véritablement utile aux angevins.
Soirée fléchettes, cours d’anglais, galette des rois, cours de catéchisme… on pourrait avoir l’impression que ça part dans tout les sens. Nous allons donc essayer de décortiquer la plupart de leurs activités pour tenter d’y voir plus clair. On commence avec quatre thématiques qui trônent sur la banderole de leur page Facebook : solidarité, politique, culture, sport.
« Solidarité » : la pauvreté augmente, l’activité de l’Alvarium non.
Alors que la crise du logement touche de plus en plus durement Angers (notamment ses étudiants), et que de manière générale les inégalités augmentent, l’activité de l’Alvarium n’explose pas. Bizarre, il y en a pourtant des occasions de se rendre utile ! Pire, au vu des photos qu’ils diffusent sur les réseaux sociaux, on a même l’impression qu’il y a de moins en moins de maraudes et que ce sont toujours un peu les même têtes que l’on retrouve lors de ce genre d’actions… Est-ce que cela voudrait dire que l’Alvarium n’arrive pas à développer son « travail social » ? Cette hypothèse est d’autant plus probable pour plusieurs raisons. Tout d’abord, nos militants nationalistes ne sont pas des sur-hommes et personne n’est à l’abri du découragement. De plus, en 3 ans, leur mouvement n’a su développer aucun partenariat avec les acteurs légitimes, au niveau local, impliqués dans l’action sociale. Qu’elle soit publique ou privée, aucune institution ne semble vouloir avoir affaire avec eux… Et en même temps, on peut le comprendre. Car c’est peu dire que leur vision de l’action sociale est complètement dépassée. Leur manière de nommer les personnes qu’ils souhaitent aider aurait de quoi faire froncer les sourcils de n’importe quel étudiant en première année de formation en travail social : « cas social », « pauvre hère », « malchanceux » … Le paternalisme dont ils font preuve trahit leur position sociale et affiche toute la condescendance qu’ils peuvent avoir pour ces personnes dont ils ne souhaitent au final qu’instrumentaliser la misère au profit de leur obsessions racistes et xénophobes.
L’utilisation de l’adjectif « malchanceux » (à l’occasion de leur « noël des malchanceux » ) est tout particulièrement révélatrice. En effet, il serait logique de penser qu’il existe des raisons objectives qui permettent d’expliquer les inégalités sociales. On pourrait par exemple s’intéresser aux déterminismes qui structurent la perpétuation de groupes sociaux antagonistes. Mais non, à l’Alvarium on préfère croire… au hasard ! En gros, si tu es né chez les riches (comme chez la famille Gannat par exemple), tant mieux pour toi, si tu es né chez les pauvres, tant pis pour ta gueule.
Mais comme souvent, cette violence symbolique ne peut pas perdurer à l’infini. Et un jour ou l’autre, on fini par se prendre, sans mauvais jeu de mot, le retour du bâton. C’est en tout cas ce que pouvait laisser croire ce fait divers à l’automne dernier.
« Politique » : aucun doute, on est bien à l’extrême-droite
Des conférences ont été organisées plus ou moins régulièrement au local, attirant au mieux quelques dizaines de personnes. Il est intéressant de remarquer que les thèmes ou les intervenants invités semblent trahir une évolution dans la stratégie mise en œuvre. Les thèmes abordés sont de plus en plus clair et il devient de plus en plus difficile de faire passer leur local pour un anodin « centre d’action culturel et social » . Entre la soirée « sangria » (au local de l’avenue pasteur) et la venue de Bruno Gollnisch en décembre dernier (au local rue du cornet), on voit qu’il y a quand même eu du chemin parcouru. Au vu de la programmation récente, il semblerait que l’Alvarium se concentre sur la formation politique (mais toujours nationaliste) et religieuse (à la sauce catho-tradi évidemment). On se demande quand même si la cave qui leur sert actuellement de local ne va pas finir par ressembler à l’arrière cuisine du FN/RN, tant elle semble accueillir régulièrement ses parias et ses dinosaures.
Ces événements sont autant d’occasions supplémentaires pour nos « nationalistes corsaires » de cultiver l’entre-soi. Leur local, qui est loin d’avoir pignon sur rue (ils n’ont même pas la moindre petite enseigne visible depuis la rue) ne risque pas d’attirer les fêtards à la recherche des bars du quartier. De généreux anonymes ont pourtant récemment essayé de marquer à la peinture rouge l’emplacement de leur local mais les militants semblent étonnamment tenir à leur discrétion et ont tendance à rapidement essayer de faire le ménage dans ce genre de situations.
En ce qui concerne le mouvements des gilets jaunes en 2018 et 2019, on vous avait déjà parlé des tentatives d’entrisme à répétition de la part du petit groupe, qui comme dans d’autres villes ont échouées. Leur principal fait d’arme aura peut-être été d’avoir déployé une banderole, le 15 décembre 2018, en prenant la tête d’une manifestation. Le message qu’ils avaient choisis illustre bien la manière dont ce genre de personne intègre les mouvements sociaux : en tentant d’y semer la division et en évacuant les questions sociales au profit de discours discriminants (ici vis à vis des musulmans, on l’aura compris).
Les raisons pour lesquelles ces fachos n’ont pas réussi à imposer leurs mots d’ordre chez les Gilets Jaunes sont sûrement multiples. Mais il est indéniable qu’elles sont au moins en partie le résultat d’un travail antifasciste mené quotidiennement et qui vise à garder un haut de niveau de vigilance vis à vis de ce genre d’initiatives. Par ailleurs, il ne faut pas non plus sous-estimer, de nouveau, la position sociale de la plupart des personnes impliquées dans l’Alvarium, les rendant de fait étrangers à un certain nombre de réalités ou préoccupations des classes laborieuses.
« Culture » : où comment passer de François Ruffin à l’occupation allemande de la France
Autant les personnalités invitées au local ne laissent pas de doute quant au positionnement des membres de l’Alvarium, autant leur rapport à la culture est un peu plus ambigu… enfin, à première vue seulement.
Pour ce qui est des séances ciné-débat, il y a seulement eu trois films programmés. Le premier était le documentaire « Merci patron ! » (peut-être une manière de critiquer un exemple de ce qu’ils nomment le « gauchisme culturel » ). Dommage pour eux, ils n’ont pas obtenu l’autorisation des distributeurs du film pour le diffuser. Ceci explique sans doute que la séance ait été transformée en pseudo « discussion » .
Pour le second et le troisième films, nos nationalistes ont été moins créatifs et se sont recentrés sur des œuvres pouvant évoquer des thématiques plus classiques pour l’extrême-droite. « Le crabe tambour » est un biopic sur Pierre Guillaume, un membre de l’OAS. Quand à « Orange mécanique », inutile de préciser que c’est un film culte pour des nombreux skinheads et hooligans, appréciant généralement la violence qui y est mise en scène.
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