La Salvetat-sur-Agout : un week-end antifasciste réussi

Des antifascistes de la région avaient lancé il y a quelques jours un appel à se rassembler le 4 août à la Salvetat, pour d’une part rendre visible une résistance en acte à la présence de la communauté d’extrême droite des Brigandes dans la commune, et pour d’autre part permettre aux différents collectifs de se retrouver. Si nous laissons aux collectifs locaux le soin d’en tirer le bilan politique, voici quelques éléments factuels, recueillis auprès de gens présents, permettant de se faire une idée de ce qui s’est passé à La Salvetat-sur-Agout ce jour-là.

Samedi 4 août, après un rassemblement sur la plage du lac en matinée, où des antifacistes de Montpellier, de Bézier, de Sète, du Tarn, de Toulouse et d’ailleurs ont rejoint des antifascistes de la Salvetat, une petite manifestation a pris la route du village. Au total, entre 50 et 100 personnes ont répondu à l’appel de la journée. Une banderole et des affiches ont été placardées devant la mairie (les Brigandes bénéficient en effet du soutien du maire). Dans le même temps, des tracts étaient distribués aux passants et aux voitures.

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Juste à côté de la mairie se trouve le local des Brigandes. Bruce 
Bujosa, qui fait office de garde du corps de Labruyère, semblait en 
garder l’entrée, exhibant ses petits muscles poilus. Quelques antifascistes se sont approchés de lui pour
 discuter : deux ou trois autres membres de la communauté des Brigandes,
 dont leur porte-parole Antoine Duvivier, sont alors arrivés en
 voiture.

Signalons au passage que deux administrateurs de la page Facebook « les Amis des Brigandes »,
 Alain Mazué, dit « Thor », et son pote Gabriel Barbe, avaient fait plusieurs 
centaines de kilomètres depuis l’Est de la France pour venir jouer les gros bras à la Salvetat. La tension est un peu
 montée, et suite aux pleurnicheries de Duvivier, les gendarmes sont 
venus pour les mettre en sécurité à l’intérieur de leur local.

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En haut : Alain Mazué (avec le t-shirt orange) et ses amis Bujosa et Duvivier. Au milieu : Gabriel Barbe (t-shirt gris). En bas : Mazué et Barbe avec toute la petite bande.

Après 
quoi les antifascistes sont repartis en promenade avec la banderole à 
travers le village, jusqu’à la charcuterie Cabrol, un soutien affiché
 des Brigandes qui leur loue leur local : la banderole a été accrochée
 quelques instants sur son magasin.

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En ce qui concerne la réaction des habitant·e·s de la Salvetat, la plupart ont vu plutôt d’un bon œil la présence antifasciste. Mais d’autres ont vu dans cette dénonciation de la présence des Brigandes une atteinte à leur tranquillité : l’un des objectifs était justement de briser l’indifférence, et l’initiative de ce week-end a permis une certaine libération de la parole sur la question de la présence des Brigandes dans la population. Ainsi, le lendemain, le collectif M (qui, précisons-le, n’avait pas participé à l’organisation de l’action de la veille), a fait une distribution de tracts qui a été bien accueillie, et il a même fait de nouvelles adhésions. Le charcutier Cabrol, de son côté, probablement sous le coup de la colère (espérons que ses mots ont dépassé sa pensée), promettait de « mettre le feu » au restaurant La Petite Table tranquille, dont le patron, Fafi, avait refusé de servir à boire aux Soldats d’Odin le week-end précédent. Il a aussi menacé de "démonter" la pâtisserie Flipo, siège du collectif M : ce collectif antifasciste, qui a également reçu une lettre de menace de Barka production (qui produit les Brigandes), est en effet devenu la bête noire de la secte d’extrême droite, qui lui attribue systématiquement toute initiative menée à leur encontre.

La bande de Joël Labruyère s’est fendue de plusieurs communiqués dans lesquels elle tente maladroitement de minimiser la portée de l’action antifasciste, tout en l’attribuant bien entendu à des éléments « étrangers » (dont la Horde !) : une façon comme une autre de refuser d’affronter une réalité qui va de plus en plus s’imposer à elle, à savoir que la résistance antifasciste locale s’organise. D’ailleurs, dans la soirée du samedi, plusieurs antifascistes se sont retrouvé·e·s pour discuter des différentes situations locales, mais malheureusement sans avoir le temps d’approfondir la question, d’autant que plusieurs des participante·s devaient rentrer le soir. Ce n’est que partie remise, et d’autres occasions, dans le courant de l’automne, permettront de confronter les points de vue sur les stratégies à mettre en place contre l’implantation de l’extrême droite en milieu rural.

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En résumé, les actions prévues pour cette journée de mobilisation se sont bien passées, et ont donné un petit coup de pied dans la fourmilière des Brigandes : ces dernières et leurs amis savent désormais qu’une résistance organisée contre elle s’est mise en place, et qu’ils ne peuvent plus continuer à s’en prendre à des gens du village sans qu’il y ait une réaction en face. Ce rassemblement a de plus permis aux antifascistes de la région de commencer à mieux se connaître, et d’autres rendez-vous sont d’ores et déjà prévus. Antifas des villes et des campagnes doivent offrir un front uni aux fachos qui cherchent à s’implanter dans les villages, espérant ne devoir faire face qu’à des individus isolés.
La Horde