La jeunesse emmerde toujours le FN, mais pas que…

Lu sur le blog de Jean-Pierre Anselme, un petit billet qui rappelle que contrairement à la légende que le FN tente de s’inventer, la jeunesse ne lui est pas tombée dans les bras. Mais si neuf jeunes sur dix se sont détournés de lui, c’est également le cas pour la classe politique en général, dans laquelle la jeunesse ne se reconnait plus.

jeunesse

Dans les jours qui suivirent le 21 avril 2002, à Paris et en province, des milliers de jeunes lycéens et étudiants descendirent spontanément dans la rue pour protester contre la présence de Jean-Marie Le Pen au deuxième tour de l’élection présidentielle, prologue des immenses manifestations du 1er mai qui rassemblèrent environ 1,5 millions de personnes dans toutes les villes de France. Le 5 mai, 78 % des jeunes de 18 à 25 ans, inscrits sur les listes électorales, se déplacèrent dans leur bureau de vote pour « faire barrage au Front national ».

Treize ans et demi plus tard, au premier tour des élections régionales, 65% des jeunes de 18 - 24 ans et 66% des 24 - 35 ans ont boudé les urnes. Et, si l’on additionne les abstentionnistes à ceux qui ne sont pas inscrits sur les listes électorale, se sont neuf jeunes sur dix qui n’ont pas participé au scrutin.

Et contrairement à ce qui se dit dans les médias, les jeunes ne sont pas tombés dans les bras du Front national. « Non, un jeune sur trois n’a pas voté FN au premier tour des Régionales » , écrit Ouest-France (ICI). Selon le quotidien, seuls 11,8% des jeunes inscrits sur les listes électorales ont voté pour le parti d’extrême droite ( 15% des 18-24 ans ne sont pas inscrits).

1er décembre 2015 : lorsque cinq jeunes se baladent pacifiquement, au centre de Paris, avec une petite carriole décorée d’un drapeau blanc siglé écolo, en jouant de l’harmonica et du tambourin, se sont pas moins de 4O CRS armés, casqués, masqués pour certains, jaillis de sept cars, qui se jettent manu militari sur eux, leur ordonnent de s’accroupir, les mains sur la tête, et vérifient pendant une demi heure leurs identités. À des lycéens qui interpellent les CRS, l’un d’eux répond : « Parmi eux, il y a peut être des terroristes ! Circulez ! Vous voulez finir comme eux ? »

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Quand les flics jouent la provoc’ et se déguisent en "casseurs" : c’était le dimanche 29 novembre 2015, lors de la manifestation contre la COP 21…

Aujourd’hui, c’est l’état d’urgence, proclamé quasi unanimement par les représentants de la nation, droite et gauche confondue. Depuis le 14 novembre, des policiers de la république défoncent les portes de citoyens, violent et dévastent leur logement, humilient, terrorisent, insultent, menottent, brutalisent, mettent en joue avec des armes de guerre, des hommes, des femmes et des enfants. D’autres sont incarcérés 12h sur 24 à leur domicile, contraints, sous peine de prison ferme, de pointer trois ou quatre fois par jour à un commissariat parfois très éloignés de chez eux, interdits de vie sociale et familiale, interdits de travail. Des manifestants, réels ou présumés, sont pourchassés, matraqués, gazés, séquestrés, insultés, arrêtés, humiliés, emprisonnés, contrôlés, gardés à vue, condamnés, expulsés, emprisonnés. Plus que jamais, des milliers d’hommes, de femmes et d’enfants, parce qu’ils n’ont pas le bon faciès, parce qu’ils sont (supposés) musulmans, pour un foulard ou une barbe, doivent chaque jour affronter regards suspicieux, remarques haineuses, insultes xénophobes et racistes, contrôles policiers, agressions physiques.

L’État policier bat son plein et on a encore rien vu, l’état d’urgence s’annonce permanent, l’exception quotidienne. Et tout ça sous un gouvernement de gauche.

« En donnant confiance à la jeunesse nous mettrons notre pays en mouvement »  alors qu’ « aujourd’hui tout est brouillé, confus, obscur, triste » , lançait le candidat Hollande, en 2012, en réaffirmant son souhait d’incarner « le rêve français ».
Jean-Pierre Anselme