41 ans après l’attentat de Brescia le 28 mai 1974, qui avait fait 8 morts et plus d’une centaine de blessés, deux militants néofascistes ont été condamnés le 22 juillet 2015 pour avoir commis cette acte, qui s’inscrivait à l’époque dans ce qu’on a appeléla stratégie de la tension en Italie.

Un article du jour Le Monde revient sur cette épisode tragique de l’Italie des années 70

Deux Italiens reconnus coupables de l’attentat fasciste de Brescia, 41 ans après Le Monde.fr | Par Philippe Ridet (Rome, correspondant)

Carlo Maria Maggi, 81 ans, et Maurizio Tramonte, 63 ans, ont été reconnus coupables de l’attentat fasciste de la place de la Loggia, à Brescia, qui avait fait 8 morts et une centaine de blessés le 28 mai 1974. Le passé troublé de l’Italie s’éclaircit. La cour d’appel de Milan (Lombardie) a condamné à la perpétuité, mercredi 22 juillet, Carlo Maria Maggi, 81 ans, et Maurizio Tramonte, 63 ans, responsables de l’attentat fasciste de la place de la Loggia, à Brescia, qui avait fait 8 morts et une centaine de blessés le 28 mai 1974. « Avec cette décision, le moment de faire toute la vérité sur les “années de plomb” est arrivé », a commenté Manlio Milani, qui représente les associations des victimes et dont l’épouse a été tuée dans l’attentat.

Acquitté en première instance et en appel, renvoyé devant le tribunal par la Cour de cassation, Carlo Maria Maggi, médecin installé à Venise, dans le quartier de la Giudecca, était dirigeant de la section locale du groupuscule Ordre nouveau. Il est reconnu comme « instigateur de l’attentat ». En raison de son âge, et de son état de santé, il ne devrait pas connaître la prison. Il n’en va pas de même pour Maurizio Tramonte. Jeune militant du Mouvement social italien (MSI) au moment des faits, il était un « infiltré ». Chargé d’espionner Ordre nouveau, au service du SID (service d’information de la défense), il se tut lorsqu’il apprit la préparation de l’attentat. Des photos attestent de sa présence, place de la Loggia, le jour de l’explosion.

Mouvance fasciste et services secrets

Quarante et un ans pour rendre justice, c’est long, très long. Depuis que la bombe meurtrière a explosé lors d’une manifestation antifasciste convoquée par les syndicats, trois instructions ont été ouvertes et autant de procès ont eu lieu, en vain. Si la piste de l’extrême droite est vite identifiée, les présumés coupables avaient tous jusqu’à présent échappé à une sentence définitive, soit pour « insuffisance de preuves », soit parce qu’ils avaient bénéficié de la prescription ou d’un jugement favorable en appel ou devant la Cour de cassation.

D’autres ont connu une destinée plus radicale. C’est le cas d’Ermanno Buzzi, reconnu coupable, qui fut étranglé en 1981 en prison par deux militants d’Ordre nouveau alors qu’il attendait son procès en appel. Delfo Zorzi, lui, a préféré changer de continent. Citoyen japonais depuis son mariage en 1989, il coule des jours heureux dans l’archipel nippon sous le nom de Hagen Roy. Les charges qui pesaient contre Pino Rauti, secrétaire national de différents mouvements d’extrême droite, se sont éteintes avec son décès en 2012.

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