Lu sur le site Veille Antifa Liège :

Les médias francophones n’en finissent plus de tourner en boucle à propos d’une succession d’émeutes à Bruxelles, laissant certains politiques se lâcher tant au niveau de sorties racistes que complotistes : « il existe un système derrière toutes ces émeutes » annonce le N-VA Jambon avant toute enquête, prétendant ainsi nier que des explosions de rage spontanées puissent – et vont sûrement encore – avoir lieu. Des lois toujours plus autoritaires et/ou ciblant une partie de la population en fonction d’une origine présumée ou du lieu de vie sont instaurées. Des contrôles au faciès sur un zone géographique déterminée ont déjà eu lieu à Bruxelles ces derniers jours.

Par contre, silence total au niveau francophone vis-à-vis des agressions perpétrées durant le rassemblement néo-nazi de ce dimanche 26 novembre à Gand…

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hooligans d’extrême droite à Gand le 26 novembre 2017

L’histoire commence le 3 novembre : un groupe de dizaines de fachos ont essayé d’attaquer un squat de Roms. Certaines personnes sont arrêtées et l’une d’elles (Xavier K., président d’un club de supporters du KAA Gent) passe plusieurs semaines en prison. Le rassemblement de ce dimanche, non autorisé, était organisé pour protester contre sa détention. À la base il s’appelait d’ailleurs “Je suis Xavier” , avant d’être changé en “Je suis Belgique” sur demande de la famille (par crainte de problèmes avec la justice).

250 néonazis et hooligans d’extrême-droite, dont certains venant d’Anvers, ont répondu à l’appel et ont pu tranquillement défiler plus de deux heures dans le centre ville gantois , aux cris de “dehors les Roms” , “dehors les squatteurs” (1), “dehors Termont” (bourgmestre [le maire] Sp.a de Gand, que la N-VA essaye d’évincer en faisant une campagne anti Roms).

Quand aux personnes présentes à cette manifestation, la presse flamande a relayé le fait qu’il s’agissait de supporters néo-nazis du “KAA Gent” et d’autres villes, mais comme le souligne le journal DewereldMorgen, cela n’est pas tout : Rob Verreycken du Vlaams Belang et Edouard Hermy du groupuscule N-SA ont ouvertement soutenu l’événement. Le cercle étudiant KVHV (qui travaille avec Francken [secrétaire d’Etat à l’asile et à la migration membre du parti nationaliste flamant le N-VA] et dont Jambon [ministre de l’intérieur en Belgique] est membre honoraire) a ouvertement soutenu la première agression du 3 novembre. L’article de presse explique également comment le discours anti-roms de la N-VA a légitimé ce genre d’agressions.

Les 250 personnes – chiffre donné par la presse – gueulant “We hate you Roma, we do” (“On vous hait les Roms, oui on vous hait”) dans les rues gantoises étaient donc un regroupement de hooligans d’extrême droite et militants néonazis confirmés, et la N-VA qui n’est plus jamais très loin désormais en arrière plan. Sans doute s’agit-il du même type de regroupement que celui à l’origine d’agressions au centre de Bruxelles après les attentats de mars 2016.

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Hooligans d’extrême droite dans les rues de Gand

Cette fois, démarrant de l’hôtel de ville, leur objectif était la rue Sleepstraat, dans laquelle se trouvent de nombreux commerces bulgares et turcs. Par deux fois les flics les ont empêché d’y entrer. Toujours d’après DewereldMorgen, l’objectif de la manifestation était non seulement d’attaquer ces commerces mais également une recherche de confrontation avec des personnes Roms (ou considérées comme telles). Leur parcours les a aussi amené à un centre d’accueil de nuit pour sans-abris dans lequel se trouvaient principalement des femmes et enfants, centre qu’ils ont essayé d’attaquer et dans lequel ils ont essayé de s’introduire.

Comme en Wallonie, ces néo-nazis vont dans le même sens que les politiciens auxquel ils prétendent « s’opposer ». Dans les faits, ils s’attaquent à des SDF, à des personnes migrantes ou même à des grévistes pour le bon plaisir du patronat. Bref, racisme et position de classe typiquement bourgeoise, des positions pas fort éloignée du gouvernement en place en somme.

“Le beau début d’une belle histoire” , annonce les organisateurs sur facebook.

On remarquera que lorsque des biens sont détruits par des personnes ethnicisées, les faits sont qualifiés d’émeutes (rajoutons “organisées” pour rassurer monsieur Jambon) et des communautés entières sont oppressées et ciblées par la répression, données en pâture à cette partie de la population qui tombe dans le piège de la délation en donnant ainsi l’impression d’un soutien massif au gouvernement.
Lorsque des personnes blanches aux slogans racistes tentent de s’en prendre à des personnes et à leurs biens en fonction de leur nationalité supposée, là le silence est de mise chez les politiques qui instrumentalisèrent les premiers événements. Il s’agit d’une tentative de pogrom.

Si les médias francophones finissent par en parler, parions que ce sera pour les définir comme “personnes en colère réagissant à des phénomènes problématiques” (sans avoir besoin d’aller aussi loin que Peter Dedecker de la N-VA qui avait jugé dans un tweet la première agression du 3 novembre comme “compréhensible” …).

Plus que jamais, l’antifascisme n’est pas à laisser entre les mains de l’État et des structures officielles, l’antifascisme est une autodéfense populaire nécessaire dont chacun.e peut se saisir , à travers des actes autonomes de toutes sortes, que ce soit de la veille informative, de la contre mobilisation, de l’autodéfense, des organisations et créations culturelles ou sportives qui rendent l’antifascisme vivant !

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