Front national : en recherche d’alliances ?

Lu sur le blog de la commission antifasciste du NPA :

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Beaucoup d’observateurs et observatrices ont été soulagé-e-s de voir le Front national (FN) buter, dimanche 13 décembre 2015, encore une fois sur l’obstacle du second tour. Autant de gens se sont montrés peu rassurés, au même moment, du nouveau niveau record atteint par le FN. 6,82 millions de voix obtenues au second tour, un peu moins de 28 pour cent... Le pire est ici, cependant : 43 % des ouvriers et ouvrières ayant participé au vote auraient voté FN, selon l’institut de sondage Ipsos ; chez l’institut de sondage du très droitier Patrick Buisson (ex-rédacteur en chef de Minute , ex-conseiller du président Nicolas Sarkozy), OpinionWay, ce serait 54 %. L’abstention dans ce groupe social atteindrait 51 % si on veut suivre OpinionWay, mais 61 % selon Ipsos.

Mais au FN aussi, on se pose des questions, en ce moment. Elles tournent surtout autour du sempiternel problème du « verrou » du second tour. En effet, si le FN a montré, au plus tard en 2002, qu’il est capable de marquer des coups importants au premier tour d’une élection - qui en compte deux comme les présidentielles, législatives, régionales... -, il a rarement réussi à s’imposer au second tour. Jean-Marie Le Pen marginalisé au second tour du scrutin présidentiel contre Jacques Chirac en 2002, le FN ne gagnant aucun département – contrairement aux pronostics - aux élections départementales de mars 2015, ni aucune région en décembre 2015, là aussi contrairement aux attentes initiales (même si les sondages s’étaient nettement retournés en sa défaveur au cours de la semaine qui suivait le le premier tour). Seuls contre-exemples dans des scrutins à deux tours, le FN a réussi à faire élire deux députéEs à l’Assemblée nationale en juin 2012, et onze maires lors des municipales de mars 2014 auxquels il fallait ajouter quatre autres maires d’extrême droite (Ligue du Sud).

Le problème stratégique du FN vient de son absence de forces alliées sur l’échiquier politique. Lorsqu’il faut obtenir la majorité absolue (dans les situations hors triangulaires donc), la barrière est ainsi placée très haut, pour lui. Il existe des régions en Europe qui sont gouvernées par des partis d’extrême droite : la Carinthie hier, le Burgenland aujourd’hui en Autriche, ou la Lombardie et la Vénétie en Italie. Or, les forces en question, respectivement le FPOe et la Ligue du Nord, ont obtenu des majorités relatives, mais jamais une majorité de 50 % et plus à eux tout seuls. Même le parti nazi allemand, dans un contexte de crise autrement plus exacerbé comme celui d’aujourd’hui, n’a d’ailleurs jamais franchi ce seuil des 50 % dans un scrutin libre (ni à l’échelle nationale ni à celui d’une grande région allemande, bien qu’il ait obtenu une majorité absolue dans une mini-région de l’époque, Oldenbourg, en mai 1932).
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