Finkielkraut, Nuit Debout et la sacrosainte « liberté d’expression »

Lu sur le site Lutte en Nord, la réaction de l’Action antifasciste NP2C à l’éviction de Finkielkraut à la Nuit debout de samedi dernier :

« Gnagnagnagnagnagna ! » : sur la sacrosainte « liberté d’expression »

Finkielkraut

Tout le monde a eu l’occasion de voir Alain Finkielkraut se faire expulser de la place de la République ce weekend. Cet épisode guignolesque a suscité de nombreuses réactions dénonçant les agissements d’une « minorité » ne respectant pas la liberté d’expression.
Premièrement, rappelons qui est Alain Finkielkraut. Vulgaire relais d’opinion, c’est dans ce cadre qu’il anime une émission hebdomadaire sur France Culture. Outre ses interventions radiophoniques, il fait partie de cette poignée d’intellectuels autoproclamés qui définissent la doxologie républicaine du moment. Depuis de trop nombreuses années, il se pavane dans les médias pour vendre sa soupe réactionnaire et raciste. Fustigeant sempiternellement la gauche et faisant de la traque des musulmans un sacerdoce.
Vendredi, il a décidé de se rendre au rassemblement Nuit Debout afin d’en prendre le pouls. Comme chacun le sait, hormis lui vraisemblablement, Nuit Debout est un mouvement de gauche. Il est né de la contestation de la Loi travail et a largement dépassé ce cadre. En effet, depuis quelques semaines, le mouvement s’intéresse à des thématiques variées, allant de la lutte dans les prisons, à une remise en question intégrale du système capitaliste. Nuit Debout aide les migrants face à la répression d’Etat et se prononce en faveur d’une explosion de la démocratie parlementaire telle qu’elle se pratique. Toutes les réponses apportées à ces questionnements sont invariablement de gauche. D’ailleurs, l’un de ses moteurs idéologiques est un marxiste et n’est autre que Frederic Lordon. Partant de cela, pouvons nous être étonné qu’un pitre comme Finkielkraut n’ait pas le droit de cité ? Les participants de Nuit Debout ont ils représenté une entrave à sa liberté ?
Poser la question de la liberté, c’est avant tout savoir se positionner par rapport à elle. Lorsqu’on l’évoque, beaucoup pensent qu’elle transcende les clivages inhérents à la société. Beaucoup pensent que tout le monde à une seule et même définition du mot liberté. Dans les faits, le corps social n’étant pas monolithique, chacun à sa propre définition de la liberté correspondant à sa position sur l’échiquier. Dans une entreprise, un patron défendra sa liberté d’entreprendre alors qu’un salarié défendra l’idée de s’affranchir du salariat. Il en va de même pour la liberté d’expression. Elle est intrinsèquement liée à la position que l’on occupe. Suivant cette dernière nous défendront une position plutôt qu’une autre. Dans une assemblée se voulant constructive, il est tout bonnement impensable que deux positions radicalement opposées puissent coexister. Si c’est le cas, les débats se transformeront invariablement en joutes verbales stériles. Si un mouvement politique désire être constructif il est nécessaire de neutraliser les tendances s’opposant radicalement à ses principes fondamentaux. Par conséquent, il va de soi qu’un mouvement de gauche comme Nuit Debout s’oppose à un nervis de droite comme Finkielkraut qui n’apporterait rien aux débats. Pire, sa participation ne serait que parasitisme.
Penser que nous sommes tous unis dans un même dessein est un leurre. La République n’est pas une et indivisible, elle est divisée entre ceux qui tiennent le pouvoir et les autres. Elle est divisée entre les héritiers des versaillais et les héritiers de la Commune. Elle est divisée entre différentes communautés d’intérêts antagonistes, cela à un nom : la lutte des classes. La réaction des personnes de Nuit Debout a été salvatrice pour le mouvement. Elle a permis de tracer une ligne de démarcation nette entre les progressistes, de toutes tendances confondues et la racaille réactionnaire et raciste dont Finkielkraut n’est qu’un avatar. Le mouvement contre la Loi travail et son prolongement préfigurent les grands changements à venir.

Prolongeons le combat, descendons dans la rue Mercredi, bloquons tout !
Ce n’est qu’un combat, continuons le début !
Action Antifasciste NP2C