Facho zombie : un jour il est mort, un jour il est vivant !

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Mardi 12 mars, l’annonce de la mort d’un militant de Troisième Voie, Anthony, 19 ans, poignardé par "une quinzaine d’antifascistes" à Argelès-Gazost, une petite ville près de Lourdes, commence à circuler sur les comptes Facebook d’extrême droite.Serge Ayoub, leader de troisième Voie, publie aussitôt un communiqué pour présenter ses condoléances à la famille, tandis que des menaces de représailles commencent à circuler, voire certains avaient déjà commencé à se lancer dans le business funèbre, en proposant des t-shirts et des autocollants pour récolter de l’argent tandis que d’autres appelaient à former des milices pour aller lyncher de l’antifa ce week-end. Dans la presse, seul le site "d’information libre" dtom.fr, animé par Alexandre Gitakos, actuellement militant à la Droite Libre, mais surtout connu pour avoir rapproché la LDJ et le GUD, rend compte de la nouvelle, accompagné d’une présentation du milieu antifasciste (financé, comme chacun sit, par des milliardaires pro-islamiques) qui en dit long sur les orientations politiques de l’auteur de l’article (aujourd’hui indisponible).

Outre les Identitaires, par le biais de son dirigeant Philippe Vardon et les Jeunesses nationalistes, le MAS, Mouvement d’Action Sociale (1) et la CLAN, Communauté de liaison et d’Aide Nationaliste (2), se fendent eux aussi d’un communiqué pour présenter leurs condoléances à la famille d’Anthony, tué "pour avoir gardé la tête haute face à la vermine rouge". Plus original, Christine Tasin, présidente de Résistance républicaine, groupuscule ultra-laïcard, se livre sur son blog à une envolée lyrique autour de cette "affaire", annonçant qu’"on le sentait venir"…

Seulement voilà, quand la presse cherche à en savoir plus, on apprend que le mort est en fait vivant, qu’il n’y a pas de témoin de l’affaire et qu’aucune plainte n’a été déposée… Ayoub a certes publié un rectificatif le jour même (mais ça met un peu de temps à arriver aux cerveaux de ses camarades qui continuent à s’exciter) et expliquera plus tard à Rue89 qu’il s’agissait en fait d’une "bagarre" dont les circonstances restent aujourd’hui inconnues…

L’article de Rue89 :

Le « militant nationaliste assassiné » retourne au boulot
Nolwenn Le Blevennec

Tout est parti d’un communiqué de Troisième voie, le mouvement national révolutionnaire de Serge Ayoub, ancien leader des skinheads. Dans ce texte, titré « Anthony n’aura jamais 20 ans », le chef du mouvement nationaliste dit au revoir à l’un de ses militants, poignardé dans le dos par une « horde » de jeunes antifascistes dimanche. L’hommage commence ainsi :

« Parce qu’il avait le malheur d’être là, parce qu’il aimait la vie, son amie, son pays [...]. »

L’information s’est répandue sur tous les sites d’extrême-droite (notamment sur le site François de souche) et sur les pages Facebook des militants du FN.

Paul-Alexandre Martin, jeune militant FN, écrivait par exemple sur sa page ce mardi martin :

« Paix à l’âme de ce jeune militant nationaliste, assassiné hier pour ses idées par la racaille d’extrême-gauche et lynché par une foule d’esclaves. »

Sous cette phrase, des dizaines de commentaires, et une militante réplique :

« Incroyable que les médias n’en parlent pas. En revanche s’il s’appelait Mohamed on nous ferait déjà un lavage de cerveau ! »

Quelques heures plus tard, mardi toujours, l’information est démentie. Le mouvement Troisième voie précise, dans un nouveau communiqué, que le militant est vivant, qu’il a seulement été blessé. Mais c’est difficilement rattrapable (l’information s’est propagée un peu partout).

Serge Ayoub : « C’était une bagarre »

Joint par Rue89, Serge Ayoub explique :

« Le militant a été attaqué dimanche dans la banlieue de Lourdes. Il était avec un autre militant qui a vu du sang et il a pensé qu’il était mort, il a appelé notre chef de section pour le prévenir, qui lui-même nous a appelés.

Quand on a essayé d’avoir des informations sur l’enterrement, on s’est rendus compte que c’était pas tout à fait ça, donc on a arrêté de communiquer. Sinon, on aurait fait un scandale.

En fait, c’était une bagarre avec des blessures pas mortelles. Le militant va bien. Il a été récupéré par sa famille, il va probablement reprendre le boulot demain. »

Mais dans la région, ni la police ni la justice ne confirment une telle agression. Si elle a eu lieu, elle est passée inaperçue.

Le capitaine Maleig, du groupement de gendarmerie des Hautes-Pyrénées (qui a également démenti l’information à l’AFP et Minute) :

« On a contacté les hôpitaux, rien. On a appelé toutes les familles qui ont un fils qui s’appelle Anthony dans ce créneau d’âge, ils se portent bien. Les militants d’extrême-droite que nous connaissons ne portent pas ce prénom. C’est une rumeur, c’est infondé. »

Au commissariat de Lourdes, on nous répond :

« On sait qu’il y a des bruits qui courent, une rumeur, mais nous n’avons aucune trace d’une agression avec un couteau. »

A la gendarmerie d’Argelès, où dans une première version des faits, le militant aurait été poignardé, même topo : l’information est « erronée » et « personne n’a été poignardé ». Au parquet de Tarbes, ce mercredi, le magistrat de permanence n’avait pas non plus entendu parler de cette histoire.

Notes :
1. Créé en 2010 et dirigé par Arnaud Derville, le MAS est un groupuscule nationaliste-révolutionnaire qui s’est développé dans l’ombre des mouvements nationalistes en mettant en place des structures comme l’émission Méridien Zéro. Inspiré par les néo-fascistes italiens de Casapound, le MAS a réussi à s’implanter dans quelques villes comme Toulouse ou Lille. [retour]

2. Créé en 2012 par Laura Lussaud, qui fait partie de la direction des Jeunesses nationalistes, la CLAN se veut une structure de soutien pour les militants d’extrême droite inquiétés par la justice, qu’il s’agisse d’implication dans des actes de violence ou dans la propagation des thèses négationnistes. [retour]