Le site Roads Magazine a publié le 28 avril dernier une interview de Jean-Claude Martinez, ancien vice-président du FN à l’époque où Jean-Marie Le Pen en était encore le président, et aujourd’hui tête de liste dans le Sud-Ouest de "Force Vie", le mouvement de Christine Boutin, créé en juillet dernier dans l’euphorie des "Manifs pour tous". Le bonhomme est connu pour son franc-parler, mais ses mots semblent avoir ici dépassé sa pensée, puisqu’il menace, par l’intermédiaire de son avocat, Jérôme Triomphe, le défenseur de Civitas et de La Manif Pour Tous, d’attaquer le journaliste…

MEMBER OF THE EUROPEAN PARLIAMENT, JEAN-CLAUDE MARTINEZ, WHO IS ACOLLEGUE OF JEAN-MARIE LE PEN ...
MEMBER OF THE EUROPEAN PARLIAMENT, JEAN-CLAUDE MARTINEZ, WHO IS A
COLLEGUE OF JEAN-MARIE LE PEN ADDRESSES REPORTERS IN BRUSSELS.
Member of the European Parliament, Jean-Claude Martinez, who is a
colleague of France’s far-right National presidential candidate
Jean-Marie Le Pen addresses reporters before a sign of the "League
against Nazis" at the European Parliament in Brussels April 24, 2002.
Martinez announced that Le Pen called off a news conference at the
European Parliament on Wednesday, citing "provocations" from his
political opponents in the European Parliament. Le Pen came in second
in the first round of the France’s Presidential election and will face
conservative President Jacques Chirac in the May 5, 2002 runoff.
REUTERS/Thierry Roge REUTERS

Martinez n’a pas sa langue dans sa poche, ça on le savait déjà. Ce fidèle de Jean-Marie Le Pen, député FN en 1986, directeur de la campagne du "Menhir" pour les élections européennes de 1999 (autour desquelles s’est cristallisée la scission du FN), avait déjà fait sensation en 2005 en publiant Lettre à mon président bien aimé , un livre dans lequel il tirait à boulets rouges sur l’atonie du Front national en terme de projet, et où il se moquait gentiment de l’âge de son président. En 2008, il a même annoncé se présenter à la présidence du FN lors du congrès de 2010 face à Marine Le Pen, puis sa candidature face à Louis Aliot pour les élections européennes de 2009, ce qui lui vaudra d’être suspendu. Dernière histoire en date, Les Le Pen père et fille l’ont attaqué pour avoir été un peu trop bavard auprès de Caroline Fourrest, qui le cite abondamment dans son livre sur Marine Le Pen, que Martinez avait jugée " paresseuse, fainéante, incapable " (il a été relaxé).

Dans l’interview, il enfonce le clou : " Elle est du même niveau que Nadine Morano ou Rachida Dati. [quand elle était étudiante] elle n’était pas si différente des autres jeunes ; elle écrit en phonétique, ses devoirs étaient dramatiques. Mais elle va devenir présidente, et le pire, c’est que ce n’est pas si grave ! Regardez ! Mitterrand, puis Chirac, puis Sarkozy, puis Hollande, et enfin Marine Le Pen : la décente est algébrique, logique, continue : avec elle, on passera sous le cap du zéro ." Philippot, n°2 du FN, en prend aussi pour son grade : " Regardez, Philippot est tout sauf brillant.(…) Je ne vois aucun éclair de génie en lui. (…) C’est un Juppé avec une surcharge pondérale… " N’en jetez plus, la coupe est pleine ! Mais les marinistes avaient déjà eu eux aussi l’occasion de lui renvoyer la politesse : dans un article de Nation Presse Info de janvier 2009, la biographie de Martinez, surnommé " le professeur Tournesol de l’alter-nationalisme ", était réécrite à l’acide, et on pouvait y lire : " Il faut bien reconnaître à notre professeur Tournesol une constante : la camaraderie n’est pas vraiment son fort, ni l’esprit d’équipe. ll fait cavalier seul, il reste cavalier seul. Depuis plus de vingt ans, il a multiplié les petites piques çà et la, les petites vacheries aux uns et aux autres, réservant toujours ses principales flèches au dénigrement de sa propre formation, ayant pour résultat, sinon pour but, d’affaiblir à chaque fois le FN. "

Martinez—Bourges_Lemoine

Ce jugement un peu dur est pourtant confirmé par l’interview de Roads Magazine : car plus que le FN, ce sont ses nouveaux amis que Martinez tacle avec allégresse. Représentant du mouvement Force Vie [1] dans le Sud-Ouest (une région où il est implanté depuis longtemps), il offre sa propre vision de la genèse de ce parti tout neuf dont il s’attribue tout le mérite : après avoir créé la liste Europe de la Vie en 2009, et suite au succès des Manifs pour Tous, il aurait rencontré tour à tour Christine Boutin, Béatrice Bourges, Frigide Barjot, Nicolas Dupont-Aignan, Xavier Lemoine, Philippe de Villiers pour leur proposer sa brillante idée, un parti politique organisé autour du " paradigme de « la vie » ". Idée géniale (forcément, elle est de lui !) qui séduit tout le monde, mais malheureusement " ce qui devait arriver arriva : tous les « petits », comme Barjot, Bourges, ou Lemoine se réunissent entre eux, papotent, pérorent, et se proclament à tour de rôles leader du mouvement. " Dupont-Aignan est décrit comme une "girouette", et la "mère Boutin" comme une espèce de crevarde obsédée par la religion avec qui il dit n’avoir " rien en commun " ! Tout le reste est à l’avenant… Il doit y avoir de l’ambiance à Force Vie !

Notes

[1Un nom étrange que les plus anciens d’entre nous associeront à une pub des années 1980 pour une boisson anisée sans alcool…