Tout le paradoxe des adversaires de l’Europe, qui stigmatisent les dépenses et les directives de Strasbourg, se retrouve dans les tractations qui ont lieu depuis qu’est tombé le résultat des élections européennes dans tous les pays. Avec qui monter un groupe au Parlement européen ? Qui acceptera de s’afficher avec l’Aube dorée ou le Jobbik ? Le FN de Marine Le Pen est-il du même acabit que le UKIP (sachant que les deux partis ont obtenu le même nombre de députés), ou décidément plutôt son rival ? Qui va faire la cour le plus efficacement aux Lithuaniens du TT ?

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Tout ça pour quoi ? Officiellement pour pouvoir participer aux réunions de coordinateurs, pour pouvoir amender les textes en réunion plénière, mais en vérité, pour pouvoir toucher les sous de l’Europe… Pas moins de vingt-deux millions d’euros à se partager sur 5 ans et pour avoir son petit personnel, en lieu et place du personnel du Parlement européen, quel pactole pour celle qui fustige l’Europe !

Quelques chiffres

• 7 groupes pour l’instant, dont trois sont clairement de droite conservatrice et/ou réactionnaire (le groupe du parti populaire européen, les conservateurs et réformistes européens et l’Europe de la Liberté et de la Démocratie). Strasbourg a failli écoper d’un 4ème groupe, à l’extrême droite.
• Chaque groupe doit être constitué de 25 députés issus d’au moins 7 pays différents
• Le groupe du PPE et les CRE sont, en nombre de députés, respectivement les 1ère et 3ème forces du Parlement européen. L’ELD (EFD en anglais) est la 7ème.
• 3 partis d’extrême droite sont orphelins de groupe et le resteront a priori : Chrivsi Avgi (Grèce), avec 2 députés, le NPD (Allemagne), avec 1 député et le Jobbik (Hongrie), avec 3 députés.

Le jeu des passerelles… et des contradictions

Depuis les résultats des élections européennes, Marine Le Pen et son allié Geert Wilders se mettent en quatre pour trouver les deux députés des deux pays qui leur manquent pour constituer leur groupe. Après avoir récupéré la Lega Nord (volée à l’ELD), ils se sont faits coiffer au poteau par Nigel Farage, le chef de file de l’ELD, pour amadouer le parti lithuanien (TT, Ordre et Justice), et outrage suprême, ils se sont faits voler Bergeron, une députée FN (qui a perdu son étiquette mais pas son appartenance nationale). Ensuite, tour à tour, les négociations ont échoué auprès d’un député isolé du UKIP (une réponse du berger à la bergère, sans mauvais jeu de mot… ?), du député des Grecs indépendants, et de la coalition Bulgarie sans censure-VMRO. Avec le KNP polonais, violemment homophobe et misogyne au dernier degré, le mariage aurait pu se faire, mais là, c’est Wilders qui a traîné les pieds.

L’arbre qui cache la forêt

De son côté, l’ELD a eu quelques difficultés : le Danske Folkeparti (DF, 4 élus) et les Vrais Finnois (Perussuomalaiset, 2 élus) ont joué les transfuges vers le groupe des CRE (où ils voisineront avec les 7 élus allemands tout frais de l’AfD, voir ici, en dépit de toutes les contradictions intrinsèques de ce groupe).
Au bout du compte, difficile de s’y repérer, surtout avec les petits partis qui ont un ou deux élus et qui ont été courtisés de tous côtés, ou pour ce qu’aurait pu être le groupe créé autour du FN. Encore une bonne excuse pour les élus frontistes pour sécher les sessions à Strasbourg…
 La Horde