État espagnol : la déléguée du gouvernement en Catalogne rend hommage à la Division Azul

Librement traduit pour La Horde d’un article du journal espagnol El Pais , signé Angels Piñol et Rebeca Carranco

Division+Azul

La Hermandad de Combatientes de la Division Azul (amicale des anciens combattants de la Division Azul), qui lutta aux côtés d’Hitler durant la Seconde Guerre mondiale, a publié une photo sur sa page Facebook pour se rappeler du moment. En effet, la déléguée du gouvernement en Catalogne, Maria de los Llanos de Luna, a remis, samedi 11 mai, à un des membres de la Hermandad - vêtu d’une chemise bleue et d’un béret rouge - un diplôme pour avoir assisté à un hommage à la Guardia Civil1. Le commandement de la Guardia Civil à Barcelone accueillait pour la première fois l’acte de commémoration de son 169e anniversaire auquel participèrent une trentaine d’associations civiles et militaires, dont la Hermandad.
La Division Azul était l’unité espagnole de volontaires phalangistes qui lutta entre 1941 et 1943 au sein de l’armée allemande, exclusivement sur le front de l’est, contre l’Union soviétique. Le recrutement de près de 18 000 hommes se fit parmi des officiers volontaires de l’armée, des étudiants, des ouvriers et des jeunes désirant lutter contre le communisme.
L’information de l’intervention de Llanos de Luna fut publiée par le site internet Directa.cat et se diffusa rapidement par les réseaux sociaux. Tous les partis catalans, sauf le Parti Populaire (droite espagnole) et Ciutadans (droite anti-nationaliste catalane), demandèrent la destitution immédiate de la déléguée du gouvernement, dont la gestion a crée une polémique telle que le Parlement catalan a approuvé une motion, en mars dernier, proposée par Esquerra (gauche indépendantiste catalane), demandant au gouvernement Rajoy de la destituer de ses fonctions pour son attitude « ouvertement hostile et manquant de respect aux institutions catalanes ».
CiU (droite autonomiste catalane), déplora le manque de considération envers la mémoire des victimes de la barbarie nazie, pendant que les socialistes signifiaient leur stupeur quant au manque de réaction des participants à l’hommage face à cet « attirail phalangiste ».
La Délégation du Gouvernement a maintenu le silence et s’est retranchée derrière un communiqué de la Guardia Civil de Barcelone. Sous le titre de « Mise au point », l’institution armée soutenait que l’acte avait un double objectif : commémorer son 169ème anniversaire et l’hommage que voulaient lui faire la Conférence de Culture de la Défense et la Fédération des Associations Civico-Militaires.
Le communiqué soulignait que tous les groupes ayant défilé sont « légaux » et que leur présence se justifiait dans un « contexte historique, pas du tout idéologique, et composés des familles de personnes ayant participé aux forces armées ». Le texte disculpait De Luna en affirmant que le protocole de la remise des diplômes de remerciement pour la participation a été organisé par la direction de la Conférence et que cette dernière avait pour mission de donner le diplôme à toutes les personnes participantes, y compris la Hermandad. Le communiqué indiquait également que l’Association des Aviateurs de la République s’était vue remettre un diplôme par un garde civil.
Aux côtés de De Luna, participèrent à l’hommage le général-chef de la Guardia Civil en Catalogne, Angel Gozalo, et le colonel-chef du Commandement de Barcelone, Francisco Barreiro, ainsi que le maire de Sant Andreu de la Barca, le socialiste Enric Llorca.
Le Parti Socialiste de Catalogne excusa rapidement son militant qui « ne savait, ni ne pouvait éviter ce lamentable hommage ». Précisément, la présence du maire fut utilisée par le PP pour expliquer que la remise des diplômes était « aléatoire » : « Le maire aurait pu leur remettre [à la Hermandad]. » Ce n’est pas la première fois que ce type d’évènement se produit. En 2004, José Bono, alors ministre de la Défense, invita au défilé du 12 octobre2 la Hermandad de la Division Azul et se justifia ainsi : « Je continue d’être un socialiste ayant lutté contre Franco, qui mis en jeu sa liberté contre la dictature et, aujourd’hui, en tant que ministre, je ne pense avoir à demander à personne le droit d’aimer l’Espagne ».