Espagne : petite histoire de la Cedade (1965-1993)

Cedade

Depuis 1965, date de sa création, le Cercle espagnol des amis de l’Europe ( Círculo Español de Amigos de Europa ), Cedade, s’est appliqué à faire la propagande des thèses nazies, devenant la plus grande centrale d’achat de matériel néo-nazi, ainsi que la plus grande maison d’édition négationniste ayant pignon sur rue avec sa librairie barcelonaise Europa. Parmi ses membres, on comptait ses membres, l’officier allemand Otto Skorzeny, Léon Degrelle, ou encore Jean Thiriart.
Les années 1980 ont vu en Espagne un recul des forces d’extrême droite nostalgiques du franquisme : l’échec du coup d’état du 23 février 1981 en marque le point de départ et l’année suivante, la victoire aux élections du PSOE et le score pitoyable de Fuerza Nueva, qui de dépit se dissoudra, viennent le confirmer. La crise touche aussi la frange NR et les nombreuses scissions survenues au sein du Cedade en 1985 ont provoqué la perte de nombreux de leurs militants. Mais ce qui est paradoxal, c’est qu’à partir des années 1980, au moment où le militantisme au sein du Cedade commence à décroître, son image extérieure prend de l’essor.
En France, une section est montée à Aix-en-Provence sans grand succès. Depuis son siège à Barcelone, le Cedade a édité en français une brochure négationniste et c’est Roland Hélié qui a organisé les déplacements en France de Pedro Varela, président jusqu’alors de la secte hitlérienne. Mais depuis la chute du mur de Berlin, la centrale NS de Barcelone a jeté tous ses efforts sans conteste dans la propagande outre-Rhin. Elle édite pour l’Allemagne deux revues en langue allemande Sieg et Halt, au détriment de l’activité sur son territoire. Ainsi, en même temps que son image croissait internationalement, elle subissait une crise militante au sein de l’État espagnol, parvenant au paradoxe suivant : avoir une influence majeure hors de ses frontières et une présence mineure dans le milieu néo-nazi national où des organisations portées par la vague bonehead ont vu le jour, comme Accion Radical ou encore Alternativa Europea. La fracture entre l’image externe et la réalité interne du Cedade est allée s’amplifiant, au point de représenter un strabisme divergeant. À mesure que le Cedade a développé son activité éditoriale vers les autres pays, publiant sa revue en de nombreuses langues, la périodicité de la revue espagnole est devenue flottante. Mensuelle jusqu’en 1989, elle n’est parue que 2 fois en 1990 et une seule fois en 1990 et en 1991.
Le 27 novembre 1993, réuni pour la dernière fois avant la fermeture de sa librairie, le Cedade a proclamé très officiellement sa dissolution, décidée par la direction nationale lors du congrès du 12 octobre. Cela faisait déjà un moment que des dissensions internes avaient éclaté et certains de ses anciens responsables réclamaient ouvertement la dissolution de ce qui n’était plus selon eux qu’une secte.
Source : CRIDA, rapport sur l’extrémisme de droite en Europe , 1994.