Droit de réponse de Pavé brûlant à Sud Ouest, au monde.fr et à monsieur Claude Askolovitch

Communiqué du collectif antifasciste Pavé brûlant :

pavé-brulant

Les éléments mensongers et diffamatoires contenus dans les articles du journal Sud Ouest des 9 et 23 octobre [1] et complaisamment relayés par monsieur Askolovitch lors de sa revue de presse du 24 octobre sur France Inter [voir ici] ainsi que par le monde.fr [voir ici], arguments qui nous visent directement (nous accusant entre autres, sans aucune preuve, d’avoir dégradé des façades), appellent de notre part une mise au point.

Nous ne nous étonnerons jamais de la partialité et du manque de déontologie journalistique d’une certaine presse bourgeoise (absence de prise en compte du principe du contradictoire dans les enquêtes [2], allégations non fondées), cependant nous tenons à rappeler ces quelques points :

1) le Pavé Brûlant n’est pas un collectif anti-« bobo » (nous n’utilisons pas ce terme) mais un collectif antifasciste créé il y a plus de 3 ans (et non pas récemment, pour l’occasion de la lutte contre la gentrification, comme l’affirme Sud Ouest).

2) Notre antifascisme implique une lutte déterminée contre toutes les formes de domination (capitalisme, nationalisme, racisme, sexisme).

3) En conséquence, notre opposition aux processus de gentrification des quartiers populaires n’a aucune motivation « identitaire » ni « xénophobe » (contrairement à ce qu’affirment honteusement les deux articles de Sud Ouest et monsieur Askolovitch). Notre combat s’inscrit dans ce qui doit paraître aujourd’hui incongru à certain.e.s journalistes : la lutte des classes.

4) C’est pourquoi nous n’abordons pas de la même manière que ces journalistes le problème de la gentrification : quand ces dernier.es jugent passionnant et central de disserter sur le folklore linguistique (dit-on chocolatine ou pain au chocolat ?), nous préférons pour notre part analyser et dénoncer un processus consistant en une véritable chasse aux pauvres, organisée par les pouvoirs publics et les classes sociales dominantes ; processus inhérent à une gestion capitaliste des centres urbains, au terme duquel les classes populaires, dont les salaires et les conditions de vie se dégradent aujourd’hui dramatiquement, sont contraintes de déserter les centre-villes, n’ayant plus les moyens d’y vivre. C’est exactement ce qui se produit actuellement dans le quartier Saint-Michel à Bordeaux, où comme nous l’avions montré dans notre article [voir ici], les prix au mètre carré explosent, alors qu’y règne encore un taux de pauvreté de 34% ; où certains commerces de luxe ouvrent actuellement leurs portes, proposant des produits à prix indécents pour une clientèle fortunée (par exemple le magasin « Yvonne », ouvert en septembre à Saint-Michel, et dont nous avions justement parlé dans notre article).

5) Nous ne sommes pas « anti-parisien.e.s », le processus de gentrification que nous dénonçons intervient déjà depuis longtemps à Paris comme d’ailleurs dans toutes les grandes villes du monde. Notre vision de la situation est internationaliste et certainement pas cantonnée à Bordeaux, de même qu’elle n’est pas nourrie d’un quelconque chauvinisme folklorique. Nous sommes ainsi du côté des classes populaires, qu’elles soient de San Francisco, Nairobi, Bogota, Tokyo ou bien londoniennes, bordelaises, marseillaises ou parisiennes… Ce ne sont du reste pas les parisien.ne.s modestes qui pourront se permettre de se payer un aller-retour en LGV afin d’aller faire leur shopping chez « Yvonne », ni même d’acheter une résidence secondaire dans Saint Michel à 7000 euros le mètre carré.

6) Nous notons également avec regret que si de nombreux organes de presse nous contactent aujourd’hui sur ce sujet, aucun d’entre eux n’en avait pris la peine quand nous avions alerté sur la présence d’un local néonazi à Bordeaux [voir ici]. Nous nous tenons toujours à leur disposition à ce propos.

Pour finir, nous n’attendons pas grand-chose des journalistes de Sud Ouest, du Monde.fr ni de monsieur Askolovitch. A défaut de pouvoir leur offrir un stage de remise à niveau dans une école de journalisme, nous leur conseillons néanmoins de relire leur Charte de déontologie qui « tient l’accusation sans preuve, l’intention de nuire […], la déformation des faits, […], le mensonge […], la non vérification des faits, pour les plus graves dérives professionnelles » [3]

Le collectif Pavé Brûlant

[1] Voir ici et ici

[2] Suite à la parution de notre article sur la gentrification de Saint-Michel, à aucun moment le Pavé Brûlant n’a été contacté par Sud Ouest sur le sujet.

[3] Disponible sur le site du SNJ, ici

MODIFICATION AU 27/10/2017 : Nous prenons acte des excuses publiques formulées par Le Monde.fr et Monsieur Askolovitch. Nous conseillons à Sud-ouest de prendre exemple sur les pratiques de leurs confrères plutôt que de modifier leur publication sans le mentionner, ce qui constitue pourtant une des règles de leur métier.

Articles de Rue 89 et de l’Obs qui, de leur côté, font encore du journalisme.